"Memento Mori" revient de loin. A 60 ans, dont plus de 40 consacrés à Depeche Mode, Dave Gahan a eu envie de raccrocher le micro, notamment lors de la pandémie. "J'avais 18 ans quand Depeche Mode a commencé. J'ai pensé : ça suffit. J'ai bien profité", expliquait récemment le chanteur au Guardian.
Puis le drame de la perte du troisième membre du groupe, Andrew Fletcher, décédé en mai dernier, aurait définitivement pu mettre un terme à l’aventure tant le claviériste constituait le ciment d’une formation à plusieurs reprises malmenée par les difficultés personnelles de ses membres.
"Nous concentrer sur l'album"
Mais la musique semble bien avoir été la plus forte et les compositions de Martin Gore ont convaincu Dave Gahan de repartir pour un nouveau voyage ; une exploration intérieure, sombre, marquée incontestablement par le thème de la mort qui prendra naturellement le titre de "Memento Mori", littéralement : "Souviens-toi que tu vas mourir". Un exutoire aussi.
Alors que l’enregistrement devait débuter six semaines seulement après la disparition brutale de Fletcher, le groupe a finalement jugé bon de retourner en studio, comme l’explique Martin Gore : "Nous avons décidé qu'il était probablement préférable pour nous de nous concentrer sur l'album, sur la musique". Et le contexte a finalement rapproché les deux rescapés, à leur grande surprise, créant les conditions d’un enregistrement particulièrement "fluide", porté par l’urgence de profiter d’une vie décidément trop courte.
Alors Depeche Mode n’a pas vraiment fait de concessions dans ce 15e disque, comme s’il signait là son testament. L’inspiration, profonde, surgissant des deux premiers singles, notamment le cryptique "My Cosmos is Mine", irradie l’ensemble de "Memento Mori", à l’image de l’envoutant "Never Let Me Go", de la splendide déclaration d’amour "Always You" ou encore des ballades inspirées "Don’t Say Love Me" ou "Soul With Me" et des implacables "Before We Drown" et "My Favorite Stranger". Des compositions ténébreuses, d’où jaillit une magnifique lumière, qui font d’ores et déjà de "Memento Mori" une référence dans la discographie de Depeche Mode.