Marizibill – Guillaume Apollinaire
Peu de chanteurs ont, avec autant d'assiduité, puisé dans le répertoire poétique classique pour composer leur univers musical que Bernard Lavilliers. Pour ce dernier, ce n'est rien d'autre qu'une manière d'honorer le goût commun des mots que partagent poètes et musiciens, comme il l'expliquait en 2013 au "Figaro" : "Le chanteur a un rôle déterminant de passeur. Hugo le disait déjà. Il se doit de faire connaître les grands textes. Nous sommes les derniers passeurs". Cette démarche trouve sa source dès les premiers pas de la carrière de Bernard Lavilliers, qui a même mis en mots son amour de la poésie dans son deuxième album, "Les poètes" en 1972. Si l'ensemble des morceaux de l'album est composé de compositions originales, l'avant-dernière piste du disque est une mise en musique de "Marizibill", un poème de Guillaume Apollinaire qui sera également chanté, des années plus tard, par Léo Ferré. Apollinaire fait partie des grandes inspirations de l'univers de Bernard Lavilliers, aux côtés de François Villon, Paul Verlaine ou encore Louis Aragon.
Promesses d'un Visage – Charles Baudelaire
"If" fait probablement partie des albums les plus emblématiques de la riche discographie de Bernard Lavilliers, notamment parce qu'il comporte l'un de ses plus grands hits, "On the Road Again", éternel hymne à l'évasion et à la liberté. Mais c'est aussi l'un de ses albums les plus marqués par son héritage poétique, comportant pas moins de trois interprétations en musiques de poèmes du répertoire mondial. Aux côtés de "Tu es plus belle que le ciel et le mer" de Blaise Cendrars, on retrouve "Promesses d'un visage", extrait du recueil "Les Épaves" de Charles Baudelaire, publié en 1866. Sur des accents de cette bossa-nova qu'il adore, le titre revêt aussi une importance particulière pour le chanteur. Car son amour de la poésie lui vient principalement de sa mère institutrice, qui l'initie très tôt à la poésie classique, et notamment à celle de Baudelaire, son poète préféré. Autant dire qu'il semblait inconcevable que l'auteur des "Fleurs du Mal" ne se retrouve pas un jour honoré par la musique de Bernard Lavilliers...
If – Rudyard Kipling
La troisième adaptation d'un poème en musique de l'album est bien évidemment "If..." qui donne son nom à l'album. Signé de la plume de Rudyard Kipling, il est surtout connu en France dans la traduction qu'en a fait le romancier et biographe André Maurois, celle-là même que chante Lavilliers sur l'album. Car si tout le monde ne connaît pas sur le bout des doigts les paroles du poème écrit par l'auteur du "Livre de la Jungle" pour son fils, son dernier vers, "Tu seras un homme, mon fils", est, lui, resté dans toutes les mémoires. Écrit en hommage au raid Jameson, une bataille de la guerre des Boërs dans l'actuelle Afrique du Sud en 1895, "If..." ne sera publié que quinze ans plus tard, en 1910. Sur la version minimaliste et poignante de Lavilliers, le chanteur est accompagné par l'un de ses fidèles musiciens, le pianiste helvético-chilien Sebastian Santa Maria.