Bernard Lavilliers : qui est cet écrivain qu'il apprécie particulièrement ?

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Parmi les passions de Bernard Lavilliers figurent Aragon comme Jean D'Ormesson, dont les idées sont pourtant aux antipodes de celles du chanteur engagé dans le soutien aux ouvriers.

Bernard Lavilliers, le poète

Boxeur, gangster ou poète : ce sont les choix de vie qui se sont présentés à Bernard Lavilliers. Il comprend toutefois assez vite qu'il est un poète dans l'âme. Boris Vian, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, Léo Ferré, Guillaume Apollinaire, Jean-Roger Caussimon… Autant de poètes que Bernard Lavilliers admire et qu'il a repris et interprété au cours de sa carrière. Mais c'est un autre auteur qu'il place au panthéon des écrivains : Louis Aragon. Du romancier communiste français, il reprend "Est-ce ainsi que les hommes vivent ?", "La Rose et le Réséda", "Je chante pour passer le temps", "L'Affiche rouge" ou encore "L'Étrangère". Et cette passion pour Aragon sera à l'origine d'une amitié que l'on peut qualifier de contre nature au regard du parcours opposé des deux hommes.

Bernard Lavilliers et Jean d'Ormesson : la rencontre

C'est au Parti communiste que Bernard Lavilliers fait la rencontre de l'homme de droite Jean d'Ormesson en 2012, à la faveur d'une conférence sur Louis Aragon menée avec le rédacteur en chef de l'Humanité, Roland Leroy. Bernard Lavilliers comprend alors qu'il partage la même passion pour l'auteur et même si Jean D'Ormesson est ancien directeur du Figaro et a soutenu Nicolas Sarkozy lors des récentes élections présidentielles, il dit apprécier son côté distingué et élégant ainsi que sa façon de s'exprimer, son éloquence. Devenus amis, les deux hommes échangent sur les oeuvres de leurs poètes favoris.

Retour sur la vie de Jean d'Ormesson

Si Bernard Lavilliers ne pensait pas nouer ce genre de liens avec l'auteur, c'est parce qu'en dépit de son oeuvre, les idées qu'il exprime ne correspondent pas aux siennes. Déjà, dans les années 1970, Jean Ferrat le critique dans "Un air de liberté" après des propos sur la guerre du Vietnam. Jean d'Ormesson demandera même à ce que cette chanson soit sortie d'une émission de télévision. Jean Ferrat affirme alors cibler la presse de la grande bourgeoisie. Une bourgeoisie très éloignée de l'engagement de Bernard Lavilliers, notamment auprès des sidérurgistes ou par le biais des messages de ses chansons comme "Melody Tempo Harmony" en duo avec Jimmy Cliff. Gaulliste, Jean d'Ormesson relativise son appartenance à l'intelligentsia de la droite française. Il se qualifie comme un homme de droite qui a beaucoup d'idées de gauche.

Jean D'Ormesson sort de scène

L'amitié et le respect entre Jean D'Ormesson et Bernard Lavilliers naissent alors que le journaliste et philosophe a déjà 87 ans. Celui qu'on appelle Jean d'O décèdera le 5 décembre 2017, une date que les amateurs de musique connaissent bien, puisqu'il meurt le même jour que Johnny Hallyday. Ironiquement, il avait dit, en référence aux décès simultanés de Jean Cocteau et d'Édith Piaf, qu'en tant qu'écrivain, il était préférable d'éviter de partir en même temps qu'une vedette de la chanson si on ne voulait pas voir sa disparition éclipsée.