Bob Marley, le chanteur aux 200 millions de disques vendus
En 2021, nous célébrerons les 40 ans de la mort de Bob Marley, de son vrai nom Robert Nesta Marley. Celui qui fut une icône de son vivant demeure un véritable mythe, l’emblème du reggae jamaïcain et du mouvement rastafari. Un chanteur définitivement entré dans la légende. Celui qui a été surnommé "le prophète du reggae" et qui a permis à son pays extrêmement pauvre, la Jamaïque, et à sa culture musicale d’être connus sur le plan mondial, n’a pas connu le succès du jour au lendemain. Si on compte à ce jour plus de 200 millions d’albums vendus pour le chanteur-compositeur-interprète, il lui aura fallu plus de dix ans pour se faire connaître du grand public sur la scène internationale. Si vous connaissez certainement les plus grands succès de Bob Marley, comme "One Love", "I Shot The Sheriff", "No Woman No Cry", "Is This Love" ou encore "Could You Be Loved" pour ne citer que ces titres, savez-vous comment il a commencé dans la musique ? Connaissez-vous le groupe The Wailers, qui a révélé le roi du reggae ? Nostalgie vous propose de voyager en musique dans le temps, aux débuts de Bob Marley dans la musique. Retour sur le parcours d'une légende.
De la soudure à la musique
Bob Marley ne se destinait pas initialement à la musique, mais à la soudure ! Rien à voir avec le reggae, me direz-vous. Alors qu’il effectuait son stage de soudeur à l’âge de 17 ans, il se blesse et manque de perdre la vue. Un accident qu’un autre stagiaire a connu juste avant lui, lequel a alors utilisé son temps de convalescence pour tenter de percer dans la musique en enregistrant un disque. Il suggère à Bob Marley d’en faire autant. Une idée qui séduit Bob Marley, d’autant qu’il a été élevé par son grand-père musicien et qu’il prend plaisir à chanter du gospel à l’église chaque dimanche depuis tout petit avec sa maman. Après que cette dernière a refait sa vie avec Thaddeus Livingston, père de Neville Livingston, Bob a trouvé en Neville (qui sera connu plus tard sous le pseudo de Bunny Wailer) un compagnon de chant. Avec une guitare fabriquée de bric et de broc par Bunny (une boîte de sardines en guise de caisse de résonance, un manche en bambou et des cordes en fils électriques), les deux adolescents s’entraînent à chanter en chœur des cantiques. Depuis quelques années déjà, Bob Marley caresse l’envie de devenir chanteur. Alors, quand le destin lui en offre l’opportunité, il décide de saisir sa chance. Il enregistre deux 45 tours sous le label de disque Beverley’s : "One Cup of Coffee" et "Judge Not". Ces deux titres ne rencontrent pas le succès espéré. Bob Marley retourne à la soudure, mais garde son rêve dans un coin de sa tête.
La formation du groupe The Wailers
En 1963, Bob Marley et Bunny Wailer font la connaissance de Winston McIntosh (qui sera ensuite connu sous le pseudo de Peter Tosh), qui, contrairement à eux, est l’heureux propriétaire d’une authentique guitare dont il va leur enseigner la pratique. Rejoints par un quatrième membre, Franklin "Junior" Braithwaite, ils décident de former un quatuor aux accents de musique soul, quatuor qu’ils baptisent dans un premier temps "The Teenagers", avant de le rebaptiser "The Wailing Rude Boys", puis encore "The Wailing Wailers" et enfin "The Wailers". Le groupe décide alors de passer une audition au studio de Clement Coxsone Dodd, baptisé "Studio One". Ce dernier est séduit par "The Wailers" et les fait travailler pour améliorer leur chant, les harmonies entre leurs voix. Il leur demande par ailleurs de cesser les reprises de titres connus ou de chants d’église et de composer et écrire leurs propres chansons. Après un travail acharné du groupe, Clement Coxsone Dodd accepte de les produire. Leur premier titre "Simmer One" sort en 1963 et rencontre un franc succès en Jamaïque où il se classera en tête des meilleures ventes en février 1964. Cette chanson est un appel aux émeutiers des ghettos à se calmer. À Kingston en Jamaïque, lieu emblématique pour Bob Marley, les tensions et la violence sont en effet le quotidien. La criminalité très forte. Avec cet appel à calmer les esprits, "The Wailers" se distinguent des autres groupes contemporains et rendent hommage au ska, cette musique jamaïcaine si particulière, aux basses très marquées et au rythme de guitare plus rapide. Peu rémunérés pour leurs chansons, ils enregistrent encore et encore, plus de trente titres en peu de temps. Parmi ces chansons, d’autres succès voient le jour comme "It Hurts To Be Alone", "Lonesome Feeling", "Rude Boy" ou encore "I'm Still Waiting".
Le mouvement rastafari
Après avoir quitté "Studio One" et avoir marqué une pause auprès de sa mère aux États-Unis, où il survivait de petits boulots de nettoyage et de ménage dans un hôtel, Bob Marley revient en Jamaïque en 1966. Quand, au printemps de cette même année, Haïlé Sélassié Ier, empereur éthiopien noir dans une Afrique dominée par les puissances coloniales, vient en visite en Jamaïque, Bob Marley a une forme de révélation. À l’image de Haïlé Sélassié Ier, considéré comme un dieu venu mettre un terme à la domination de l’homme blanc sur l’homme noir et figure de proue du mouvement rastafari, Bob Marley se décrète rastafari, terme tiré du nom porté par l’empereur Haïlé Sélassié Ier avant son couronnement : Ras Tafari Makonnen. Ils décident alors de monter avec "The Wailers" leur propre maison de disques, qu’ils baptisent "Wail'n Soul'm", terme né de la contraction de "Wailers and Soulettes Music", les "Soulettes" étant un groupe avec lequel le groupe "The Wailers" collabore. Le premier titre du groupe sous ce nouveau label, intitulé "Freedom Time", symbolise à la fois la fin du joug de "Studio One" et la fin de la domination de l’homme blanc sur l’homme noir, autrement dit la fin de l’esclavage. Mais réussir en tant qu’indépendant est difficile. Les médias ne leur ouvrent pas leurs portes et les distributeurs non plus. Ils ne peuvent écouler leurs disques que dans une petite boutique qu’ils ont ouverte, voire lors de virées à vélo. Malgré les nombreux enregistrements de qualité qu’ils effectuent sous ce label, le succès n’est pas au rendez-vous. C’en est terminé de l’aventure "Wail'n Soul'm", mais pas de la musique !
La persévérance paie
Après l’aventure indépendante, le groupe "The Wailers" fait des tentatives diverses auprès de nouveaux producteurs, dont Ted Pouder, puis crée le label "Tuff Gong" sous lequel sont enregistrées plusieurs chansons de reggae, sans grand succès. Mais ils persévèrent. En 1970, ils font une rencontre déterminante en la personne de Rainford Hugh Perry, un producteur jamaïcain de talent qui a autrefois travaillé pour "Studio One". Sous sa houlette, les membres du groupe vont travailler des accords plus reggae, enregistrer plus de trente titres avec des musiciens de renom (Jackie Jackson, Paul Douglas, Winston Wright, Rad Bryan, entre autres) dont certains seront de francs succès comme "Small Axe", "Duppy Conqueror" ou encore "My Cup". Puis le groupe cesse sa collaboration avec Perry et reprend son label "Tuff Gong" sous lequel il enregistre notamment "Trenchtown Rock" dont le succès va permettre au groupe d’orienter librement ses choix musicaux. Cependant, en 1973, à l’issue d’une tournée relativement longue et éprouvante en Europe et aux États-Unis, les chanteurs du groupe se séparent. Seuls les musiciens du groupe "The Wailers" continueront tandis que Bob Marley décide de poursuivre une carrière solo.
L’héritage
En mai 2021, ce sera le quarantième anniversaire de la mort de Bob Marley. Si le succès fut long à venir, il s’est installé durablement. Et bien au-delà du décès du "prophète du reggae". Celui qui a multiplié les genres musicaux, du ska au reggae, en passant par la soul, le gospel et le blues, a imposé sa musique jamaïcaine dans le monde entier.