Comment Julien Clerc s'est retrouvé dans cette aventure ?
En mars 1969, Julien Clerc fait la première partie du spectacle de Gilbert Bécaud à l'Olympia. Julien Clerc est alors un petit nouveau dans le monde de la musique. Son premier 45 tours, "La Cavalerie" (1968), passe en boucle sur les radios et trouve écho chez une jeunesse en pleine révolution. Sa partie à l'Olympia est un véritable succès, il impressionne notamment deux personnes : Bertrand Castelli et Annie Fargue. Ces deux personnes détiennent les droits français de la comédie américaine Hair et cherchent un jeune premier pour le rôle principal. Julien Clerc commence par refuser l'offre, mais finira par accepter après avoir vu la version anglaise à Londres. Conquis par de nouvelles convictions, il se lance dans l'aventure.
Hair : ça raconte quoi ?
Guerre, paix et cheveux longs, voilà qui pourrait bien résumer la comédie musicale américaine Hair. L'histoire est celle de Claude Bukowski, un jeune fermier de l'Oklahoma obligé de partir en guerre au Vietnam. A New York, il rencontre une bande de hippies chevelus qui proclament leur amour pour la paix et les substances illicites. Rassurez-vous, la morale américaine est sauve puisque, à la fin, le héros part tout de même au combat pour défendre son pays. Julien Clerc interprète le rôle principal, celui de Claude. Pendant neuf mois, il se glisse dans la peau du héros au théâtre de la Porte-Saint-Martin avant d’être remplacé par Gérard Lenorman.
Casser l'image de rebelle
Déjà à l'époque, Julien Clerc avait une image de rebelle. Image qui ne lui correspondait pas vraiment. Ces fans le découvrent sous un nouveau jour avec notamment une chanson qui restera dans les annales : "Laissons entrer le soleil". Le nom de la chanson originale est "Let the Sunshine in", mais les deux versions parlent de la même chose : d'un rêve de paix et de fraternité pour l'humanité. Voir Julien Clerc dans ce rôle intemporel, voilà qui en surprend plus d'un. Mais "Laissons entrer le soleil" est surtout LA chanson qui permettra au jeune chanteur de se faire connaître du grand public. Le chemin vers la renommée s'ouvre devant ce jeune talent.
Un immense succès
Malgré la nudité, l'antipatriotisme et les drogues, Hair eut un immense succès aux Etats-Unis et de l'autre côté de l'Atlantique. En Europe, la comédie musicale est distribuée dans toutes les capitales, mais c'est celle de Paris qui a reçu le plus de succès. Le New York Times qualifie même cette version de "la meilleure, la plus hippie et la plus festive". Une immense distinction de la part d'un pays qui abrite Broadway. Malgré les scènes dénudées (l'armée du salut essaiera même d’interrompre le spectacle), le succès est immense. La fin des années 1960 et le début des années 1970 rompent avec les codes moraux et religieux alors en vigueur un peu partout dans le monde. "Hair" n'est pas seulement un miroir de ce changement, mais met le feu aux poudres. Et cela a permis en plus à la carrière d'un futur grand artiste français de décoller.