Gilbert Montagné, son premier voyage très inspirant aux États-Unis
Enfant musicalement très précoce ayant démarré le piano à l’âge de 5 ans, Gilbert Montagné a néanmoins tout de suite préféré le jazz et le blues à la musique classique. À 16 ans, il se rend aux États-Unis pour voir une partie de sa famille qui y vit, et tombe amoureux de l’ambiance musicale qui y règne. Des chansons écoutées dans la voiture de son oncle aux concours de jeunes talents auxquels il participe à Atlantic City dans le New Jersey (parfois devant plusieurs milliers de personnes), l’adolescent se sert de ce voyage inespéré pour trouver un peu plus sa voie. Il est même repéré par un groupe de musique qui lui demande de l’accompagner en tournée mais sa tante refuse et le renvoie en France, où il se met à contacter les maisons de disques pour passer des auditions.
Un deuxième départ comme échappatoire
Gilbert Montagné n’a toujours que 16 ans lorsque sort durant l’été 1968 son premier 45 tours comprenant les chansons "Le Phénomène" et "Quand on ferme les yeux", la deuxième ayant été écrite par Pierre Delanoë ("La Ballade des gens heureux", "L'Été indien", etc.). Ayant signé aux côtés de Christophe et Alain Bashung chez Disc AZ, le jeune chanteur n’est pas content du traitement que lui offre le label : on l’affuble du pseudonyme Lor Thomas et la promotion de son premier disque se résume à un seul passage télé, à midi en plein 15 août. Le 45 tours est un échec commercial qui touche forcément le jeune homme. Alors qu'il avait réussi à intégrer un lycée de voyants, Gilbert Montagné quitte l’enseignement secondaire pour retourner aux États-Unis, mais cette fois il se lance seul à l’assaut des clubs de musique et des pianos-bars de la Floride. Au même moment, Salvatore Adamo veut le produire en France. Alors qu’il ne veut pas rentrer, il enregistre finalement à Londres en 1971 son premier album studio "The Fool", dont la chanson éponyme, chantée en… anglais, sera son succès inaugural en France.
Un rêve américain transformé en travail acharné
Après avoir sorti un autre album moins bien reçu par le public, Gilbert Montagné repart aux États-Unis en 1974 pour profiter de l’anonymat et se réfugier totalement dans la musique. Il rejoint ensuite le Canada francophone à l'invitation de Catherine Lara et écumera lui aussi les clubs et les scènes de Montréal et Québec ville. Si l’Amérique du Nord a en quelque sorte été un refuge dans la carrière de Gilbert Montagné, ce dernier y a aussi connu des moments très difficiles. S’étant retrouvé ruiné à Miami, il a dû y faire la manche, en chantant et en se servant d’une boîte de café pour faire les percussions. Homme pugnace qui s’est notamment accroché à la vie dès sa naissance prématurée, il s’est vite ressaisi pour y travailler comme musicien dans des productions signées par les Bee Gees. Son retour en grâce en France, Gilbert Montagné le doit paradoxalement au plus américain des rockeurs français puisqu’en 1979, c’est Johnny Hallyday qui l’engage à son arrivée dans l’Hexagone pour l’accompagner sur scène au piano.