On ne présente plus le mythique John Lennon. Dans le désordre : frontman charismatique d’un des tout meilleurs groupes de l’histoire, des albums solos écoulés à des millions d’exemplaires, une vie privée hors normes, un certain engagement spirituel et politique et sa disparition tragique. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a de la matière pour parler de Mr Lennon, et pourtant, une anecdote assez surprenante n’est pas très connue du grand public. Elle concerne son apparition dans ce qui aurait pu être le plus grand supergroupe de l’histoire.
A l’été 1968, les Rolling Stones sortent l'un des albums les plus importants de leur discographie : "Beggars Banquet". Premier tome de la série dorée des Stones qui établira la légende du groupe, Mick Jagger souhaite s’assurer d’une promo de qualité pour le projet. Le chanteur voit les choses en grand, et conçoit une émission de télévision, dans laquelle tout le gratin musical de Londres fera parler sa célébrité dans un décor de cirque. The Who, le guitariste de Black Sabbath : Tony Iommi, l’affiche vendait du rêve.
Mais ce ne sont pas ces prestigieux invités qui généraient le plus d’attente, mais bien le supergroupe formé pour l’occasion : The Dirty Mac. Tombé presque dans l’oubli, The Dirty Mac aurait bien pu, s’il ne s’était pas limité à un piètre enregistrement occasionnel, devenir le plus grand groupe de rock au monde. Sa composition n’a jamais été égalé en termes de célébrité et de talent.
C’est derrière la caisse claire que le membre le moins connu du grand public se situait, Mitch Mitchell. Référence parmi les batteurs, Mitchell a contribué à la session rythmique de The Jimi Hendrix Experience. Il était accompagné par un bassiste original, Keith Richards des Rolling Stones. D’habitude, le britannique préfère s’exprimer sur six cordes et non quatre, mais celui qui a postulé pour ce rôle n’est pas du genre à faire des concessions. En 1968, Cream vient de se séparer, Eric Clapton n’a plus d’emploi fixe, il accepte l’intérim The Dirty Mac à condition de voir le bluesman Taj Mahal, autre invité de l’émission. Condition acceptée.
La section instrumentale est bouclée, composée des égos les plus capricieux de l'époque. Qui a les épaules pour se placer devant ces monstres ? Mick Jagger ? Trop occupé à organiser la débâcle à venir pour chanter. Moins d’un mois avant l’émission, les Beatles signent l'un de leur coup de maitre, le "white album". Un homme se présente donc comme une évidence, John Lennon.
L’émission n’aura finalement pas été diffusée. Un an avant le décès de Brian Jones, le fondateur du groupe, les Stones traversent une période compliquée en interne. L’ambiance est catastrophique, l’émission n’est pas diffusable, Mick Jagger annule tout.
Malgré cette déconfiture, deux morceaux ont été enregistrés. Le premier, une reprise de "Yer Blues" des Beatles, sur lequel John arrive à surplomber par son interprétation vocale les musiciens de classe mondiale qui se trouvent derrière lui. Le deuxième titre : "Whole Lotta Yoko" est une jam de blues, malheureusement sabotée par les interventions vocales de Yoko Ono et celles du violoniste Ivry Gitlis.
Si le DVD a finalement été mis en vente, ce projet restera celui d’un rendez-vous manqué avec l’histoire. John Lennon déjà confortablement installé dans la légende aurait pu redorer encore son image, celle d’un musicien polyvalent et hors du commun. Cette légende est encore d’actualité, car les Beatles dévoileront, jeudi 2 novembre, un nouveau titre inédit : « Now and Then » sur lequel figurera la voix de John Lennon, extraite grâce à l’intelligence artificielle.