Johnny Hallyday et son inspiration américaine

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Marié à cinq femmes différentes au cours de sa vie, Johnny Hallyday a toujours aimé les États-Unis. Retour sur l’amour fou de Johnny pour l’Amérique.

Un rêve américain né dès l’enfance

Rapidement confié après sa naissance à sa tante Hélène Mar, qui est déjà maman de deux grandes filles nommées Desta et Menen, Jean-Philippe Smet part s’installer à Londres à l’âge de 3 ans avec ses deux cousines danseuses. C’est là que Desta rencontre puis épouse Lee Lemoine Ketcham, un Américain qui forme avec les deux sœurs le trio acrobatique Les Halliday's, tiré du nom de scène pris par Lee Halliday. Cousin par alliance du petit Jean-Philippe, Lee Halliday devient son papa de cœur et le surnomme "Johnny". En admiration devant cette figure artistique venue combler l’absence d’un père l’ayant abandonné dès la naissance, Jean-Philippe Smet a déjà en tête le rêve américain, lui permettant de croire à un succès futur malgré les difficultés de son enfance. Dès le début de sa carrière, il choisit comme nom de scène "Johnny Halliday", qui deviendra "Johnny Hallyday" à la suite d’une erreur de frappe effectuée sur la pochette du premier 45 tours du chanteur, "T'aimer follement", sorti en 1960. Producteur de Johnny à ses débuts, Lee Halliday lui permet de faire sa première scène l’année d’après à l’Alhambra (salle mythique de l’époque), et restera son directeur artistique jusqu’à la fin des années 1960.

Des envies de rock’n’roll envers et contre tous

Ultrapopulaire aux États-Unis, le rock'n'roll est alors peu apprécié en France, autant par le public que par la critique. Tombé amoureux de cette musique et jouant de la guitare depuis son plus jeune âge, Johnny se fait envoyer directement d’Amérique, par les parents de Lee Halliday, des disques rock (notamment les premiers titres de Gene Vincent comme "Be-Bop-A-Lula" et ceux d’Elvis Presley). Il fait ainsi découvrir les tubes rock du milieu des années 1950 à ses copains du Calypso Bar du square de La Trinité, Claude Moine (alias Eddy Mitchell), Christian Blondieau (alias Chris Long) et Jacques Dutronc. Alors que toutes les autres discothèques refusent cette musique, le Golf-Drouot invite les quatre jeunes à chanter, devenant le "temple du rock" parisien. Lorsque sa carrière démarre, Johnny l’Américain choque certains Français, notamment avec l’enregistrement vidéo de "Souvenirs, Souvenirs" dans lequel il ondule des jambes et des hanches avant de jouer de la guitare en se mettant à genoux. La chanson est néanmoins un tube en 1960, devenant le titre phare de la jeune génération à la recherche d’une idole rebelle. Leader de cette musique controversée, Johnny fait souffler un vent de liberté chez les jeunes Français en apportant le rock dans l’Hexagone.

Johnny Hallyday, le Elvis français

Interprète de plus d’un millier de chansons, Johnny Hallyday en a chanté environ un quart qui étaient adaptées de titres étrangers, la plupart du temps originaires des États-Unis. Sur quelque 230 chansons reprises par Johnny, pas moins de 29 sont des adaptations de chansons originales d’Elvis Presley. Chanteur le plus repris par l’artiste franco-belge tout au long sa carrière (bien loin devant les 10 reprises de Chuck Berry et les 6 reprises d'Eddie Cochran, deux autres modèles de Johnny), le King devient l’inspiration n°1 de Jean-Philippe Smet lorsque ce dernier découvre en 1957 le film "Amour frénétique". Deuxième film dans lequel joue Elvis Presley, "Loving You" (en version originale) inclut le célèbre tube éponyme qui sera repris à la fois en français et en anglais par Johnny Hallyday. Si "Love Me Tender" est également interprété plusieurs fois par l'idole des jeunes (en français en 1967, en anglais en 1996, et en duo avec Sandrine Kiberlain en 2000 sur la bande originale du film "Love Me"), ce dernier aura eu une histoire toute particulière avec le titre "Heartbreak Hotel". Sorti en 1974 sous le nom de "À l’hôtel des cœurs brisés", ce tube a été aussi l’un des plus anciens enregistrements connus du chanteur, réalisé alors qu’il n’a que 15 ans dans une version nommée "Je me sens si seul". Au décès de Johnny Hallyday, la plupart des médias outre-Atlantique salueront ainsi le départ du Elvis Presley français.

Une légende installée aux États-Unis

Le 9 juin 1961, sur le plateau de "Discorama", Johnny affirme déjà à Jean-Pierre Darras qu’Hallyday est son vrai nom et que son père est américain. Alors qu’il n’a pas encore 18 ans, Jean-Philippe Smet rêve de vivre aux États-Unis. Dès sa majorité célébrée, il s’envole pour la première fois au pays de l’Oncle Sam afin d’enregistrer, à Nashville, son troisième album studio "Sings America's Rockin' Hits". Si sa carrière américaine ne décollera jamais vraiment, le Patron n’aura jamais cessé d’aimer ce grand pays qui symbolise pour lui la liberté. Il s’installe une première fois sur la côte ouest en 1974 avec Sylvie Vartan et leur fils David, avant de résider de façon presque permanente, à partir de 2013, à Los Angeles avec Laeticia. Habitant dans le quartier tranquille de Pacific Palisades, il y bénéficie d’un certain anonymat et de l’agréable climat californien. Inventeur du rock made in France, Johnny Hallyday aura également révolutionné la scène française, en étant le précurseur de shows "à l'américaine". Français toute sa vie et Américain de cœur, Johnny Hallyday aura "fait entrer une part d'Amérique dans notre panthéon national", comme l’a souligné le message de condoléances du président Emmanuel Macron qui lui a ensuite offert un hommage national.