Le 14 avril 1982, Michael Jackson entre en studio pour enregistrer le sixième album de sa jeune et déjà longue carrière et le plus grand album de tous les temps. Un bijou pop de 42 minutes et 24 secondes haletantes, à la production étincelante, qui se vendra comme aucun autre, sauvera l’industrie musicale du marasme et positionnera un artiste noir au centre du paysage musical américain.
Quand s’ouvre le printemps 1982, dans l’Amérique conservatrice de Ronald Reagan, le plus jeune des Jackson Five est loin d’être un inconnu. A 23 ans, il a déjà largement confirmé son talent en solo, grâce notamment au succès commercial de l’album "Off the Wall", sorti en 1979. Mais la frustration de ne pas avoir été sacré album de l’année affecte le futur roi de la pop. Pas question, cette fois, de rater la première marche du podium, il en donne consigne aux musiciens, notamment ceux du groupe Toto, qui participent au projet. Prenant exemple sur "Casse-Noisette" de Tchaïkovski, Michael Jackson veut que chaque piste de l’album soit un tube en puissance.
La crème de la crème
Son producteur, le génial Quincy Jones n’est pas moins ambitieux : "Avec Thriller, nous allons sauver l'industrie du disque", déclare-t-il au lancement du projet, convaincu que son poulain est la future star de la pop. Conscient que l’album doit explorer différents styles musicaux, les deux hommes s’entourent d’artistes talentueux aux sensibilités variées. Après avoir signé les tubes "Rock with You", "Off the Wall" et "Burn This Disco Out" du précédent album, le faiseur de tube Rod Temperton est de retour en studio. Il y côtoie quelques orfèvres nommés Paul McCartney, James Ingram ou l’ingénieur du son Bruce Swedien.
Exigeants, Michael et Quincy passent en revue quelque 300 chansons pour n’en conserver que neuf, dont quatre sont l’œuvre du chanteur : "Wanna Be Startin' Somethin'", "The Girl Is Mine", "Beat It" et "Billie Jean". Micheal Jackson voulait autant de chansons que de tubes potentiels sur son album, il y parviendra. Sept des neuf titres de son "Thriller" sortent en single et figureront dans le top 10 du Billboard Hot 100, le classement américain des singles.
Et Billie Jean explosa
Pourtant, l’enthousiasme du lancement est douché par l’accueil certes positif mais pas euphorique du premier single. Pas assez percutant, "The Girl Is Mine" en duo avec Paul McCartney n’enflamme pas la critique. Il faudra attendre "Billie Jean", second single de l’album pour que le raz-de-marée "Thriller" entame son inexorable progression. Chanson la plus vendue de l’œuvre de Michael, elle déverrouille les portes de la chaîne musicale MTV jusqu’à lors fermées aux artistes afro-américain et accède au statut de légende quand son auteur la présente sur la scène du show "Motown 25: Yesterday, Today, Forever". Ce soir de mars 1983, le public électrisé assiste à l’avènement du futur roi et de son premier Moonwalk.
Certifié 30 fois disque mutli-platine, un record, "Thriller" s’est probablement vendu depuis son lancement à hauteur de 100 millions d’exemplaires à travers le monde. Il a surtout été la consécration que Michael Jackson attendait, remportant huit Grammy Awards, là encore, un record, dont celui d’album de l’année. Pari tenu et bien plus encore.