La légende "Thriller" : après la pop, Michael Jackson révolutionne les clips

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Album Story – A l’occasion des 40 ans de la sortie de "Thriller" de Michael Jackson, Nostalgie vous fait revivre l’histoire de ce phénomène pop depuis l’entrée en studio du chanteur. Aujourd’hui, le cinquième épisode de notre dossier se penche sur les clips qui, à leur tour, ont révolutionné l’industrie musicale.

Au début des années 1980, le vidéo clip s’impose peu à peu comme le support indispensable à la promotion d’un nouveau single et de l’album qui l’accompagne. La chaine MTV, consacrée à ce format, voit d’ailleurs le jour en 1981. "Thriller", qui se destine à devenir l’album le plus vendu au monde, ne peut faire l’impasse sur la mise en images des tubes qu’il renferme d’autant que Michael Jackson nourrit une ambition cinématographique pour ses vidéos.

Problème, MTV ne diffuse qu’une infime partie de clips d’artistes noirs et refuse de programmer la nouvelle vidéo de Michael Jackson, "Billie Jean", réalisée par Steve Barron. Furieux, le bouillonnant patron de CBS, Walter Yetnikoff, menace la chaîne de retirer l’autorisation de diffusion de ses artistes, parmi lesquels Pink Floyd ou Peter Gabriel.

La jeune chaine branchée cède et le public découvre le clip de "Billie Jean" renforçant le succès du titre en élargissant son audience. Il brise par la même occasion la politique de la chaîne en ouvrant son accès à des artistes afro-américains.  

Quelques semaines plus tard, le clip du nouveau single "Beat It", sorte de "West Side Story" moderne destiné à séduire les amateurs de rock, est à son tour diffusé sur la chaine. Là encore, la réalisation signée Bob Giraldi est soignée et le casting intègre de véritable membres de gangs de rue occasionnant des modifications d’organisation du tournage afin d'éviter tout débordement. Une nouvelle fois, le succès est au rendez-vous et le clip de "Beat It" rafle de nombreux prix.

Sur sa lancée, Michael voit grand. L’ambitieux artiste veut créer un véritable court-métrage en guise de vidéo pour son single "Thriller" avec, comme réalisateur, le talentueux John Landis. L’encre du synopsis est à peine sèche que le montant du projet atteint déjà un niveau inégalé pour ce format. Cette fois, c’est Walter Yetnikoff qui ne veut pas d’une vidéo au coût exorbitant pour assurer la promotion d’un album qui est déjà en tête des charts.

En conséquence, Michael Jackson doit mettre la main à la poche à hauteur de 150.000 dollars, mais le compte n’y est pas. De son côté, le producteur de John Landis, George Folsey Jr, a l’idée de faire réaliser un making-of du clip qui serait vendu aux chaines. Bingo ! Les droits sont acquis pour plus d’un demi-million de dollars et le clip le plus ambitieux de l’histoire se tourne enfin à Los Angeles.

Le résultat sera à la hauteur des attentes de Michael Jackson. Après une avant-première qui réunit un parterre de stars à Los Angeles, le clip est diffusé au cinéma dans sa version longue de 14 minutes durant un mois, avant de passer sur MTV. Non content d’atteindre l’objectif fixé par le chanteur de relancer les ventes de l’album sorti un an plus tôt, la vidéo de "Thriller" révolutionne la manière de penser et réaliser les clips.  La danse macabre de "Thriller" donne ses lettres de noblesse à ce format vidéo musical et booste le marché de la cassette VHS en plein essor. Il couronne surtout le talent et le caractère novateur de celui qu’on nommera bientôt : the King of Pop.