La légende "Thriller" : incognito, Eddie Van Halen pose le solo ultime de "Beat It"

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Album Story – A l’occasion des 40 ans de la sortie de "Thriller" de Michael Jackson, Nostalgie vous fait revivre l’histoire de ce phénomène pop depuis l’entrée en studio du chanteur. Aujourd’hui, le quatrième épisode de notre dossier vous raconte l’improbable histoire du solo le plus connu du monde, celui de "Beat It", signé du grand Eddie Van Halen.

Dans le projet Thriller, "Beat It" tient une place centrale. Pour obtenir le succès escompté, le producteur Quincy Jones sait que le nouveau disque de Michael Jackson doit explorer différents styles de musique. Et en ce début des années 1980, cela passe par le rock, si ce n'est le hard rock.

Quincy Jones a une idée assez précise de ce qu’il veut : un tube du niveau de "My Sharona", cette bombe ultra balancée du groupe The Knack qui cartonne depuis l’été 1979. L’idée est de plaire aux jeunes amateurs de guitares saturées, or Michael Jackson a justement un morceau qui pourrait faire l’affaire. Histoire de muscler un peu plus la composition, Quincy Jones a l’idée d’appeler un jeune surdoué de la guitare électrique : Eddie Van Halen.

"Quincy ? Quel Quincy ? J’connais aucun Quincy"

Le guitariste de 26 ans s’est fait un prénom avec son groupe Van Halen, fondé avec son frère Alex à la batterie. Dès la sortie du premier album éponyme du groupe en 1978, le succès est au rendez-vous et célèbre le talent d’Eddie, dont la technique de tapping révolutionne l’approche de la guitare électrique.

© Nostalgie

Quincy Jones tente donc de  joindre le jeune prodige pour l’inviter à venir mettre sa patte sur le morceau le plus pêchu de "Thriller". Il devra s’y reprendre à cinq fois. Pensant que c’est un canular, Eddie Van Halen raccroche au nez du producteur et pas toujours de la manière la plus élégante. "Quincy ? Quel Quincy ? J’connais aucun Quincy", lui lâche notamment le guitariste.


Un pack de bière pour toute rétribution

Si l’idée de participer à un album de Michael Jackson plait à Eddie, le contrat moral qui sévit au sein de son groupe l’empêche de mener d'autres collaborations en dehors de Van Halen. Seul en ville à ce moment-là, comme il l’expliquera plus tard, le guitariste entrevoit une fenêtre pour mener à bien cette infidélité incognito. Ce qui implique ni paiement, ni contrat, ni même d’être crédité sur ce morceau destiné à devenir un tube planétaire. Pour tout dédommagement, Eddie Van Halen demande un pack de bières et quelques conseils de danse de la part de Michael Jackson.

© Nostalgie

Le jeune virtuose enregistre sa partie rapidement mais modifie la chanson pour placer son solo sur un passage comprenant des changements d’accords et non sur le couplet, comme prévu initialement. Question : comment Michael Jackson, absent lors de la session, va-t-il le prendre ? Plutôt bien d’après les souvenirs d’Eddie ! Ce dernier, cité par NME, se rappelle de la réaction du roi de la pop :  "Wow, merci beaucoup d’avoir la passion, pas juste de venir et jouer un solo, mais de prendre vraiment soin de la chanson et de l’améliorer", lui aurait-il lâché.

Si Michael adore, Steve Lukather  et Jeff Porcaro, les musiciens de Toto qui assurent les parties instrumentales de "Thriller", un peu moins. En effet, le guitariste rythmique et le batteur ont dû reprendre l’intégralité du morceau pour qu’il colle au solo de Van Halen et à la voix de Michael déjà enregistrés sur bande. Steve Lukather avouera même qu’il ne croyait pas vraiment au résultat final. Et pourtant. "Beat It", troisième single de l’album "Thriller", rencontre à sa sortie un succès phénoménal grâce notamment au mythique solo d’Eddie Van Halen qui réalise un pont inédit entre hard rock et pop.