La reine Elizabeth a fêté cette année ses 70 ans de règne. Une longévité qui la lie nécessairement à l’évolution de la société britannique et notamment à l’émergence des grands courants musicaux de ces dernières décennies, dont les Anglais et plus globalement le Commonwealth - on pense au reggae jamaïcain -, ont été les précurseurs.
Le rayonnement de l’Angleterre post Seconde Guerre Mondiale doit énormément aux artistes de la scène rock, pop, punk et new wave, depuis les Beatles jusqu’à Adèle, plus récemment. Un patrimoine inestimable tant les Stones, Queen et autres Elton John ont porté la créativité et la liberté britannique partout à travers le monde.
Aux prises avec la contestation
Plus amatrice des comédies musicales de Broadway que fan de rock, Elizabeth II a dû composer, parfois difficilement, avec la fougue d’une jeunesse en partie hostile à la couronne. Si Elizabeth II monte sur le trône en 1952, cette date marque également l’avènement du classement des singles en Grande-Bretagne, qui verra bientôt s’accrocher à sa tête quatre garçons dans le vent dont la popularité va rapidement dépasser celle de la famille royale.
Pas simple en effet, au milieu des années 1960, d’exister à côté des Beatles. En Angleterre et partout dans le monde la "beatlemania" est une véritable déferlante qui rompt avec les codes de l’institution en général et la bienséance de Buckingham Palace en particulier.
"Faites claquer vos bijoux"
Tout, cependant, est affaire d’équilibre et de composition pour la couronne britannique. Un art qu’elle maitrise parfaitement. A cet égard, la venue des Fab Four au Royal Variety Show, le 4 novembre 1964, illustre bien la cohabitation entre la monarchie britannique et la société civile et artistique. Enceinte, Elisabeth II ne participe pas à la soirée mais la Reine Mère, ainsi que la princesse Margaret, accueillent les Beatles composés entre autres du poli Paul McCartney et de l’irrévérencieux John Lennon. Face aux représentants de la royauté, ce dernier n’hésite pas à titiller l’assistance à l'aide d'une phrase devenue célèbre : "les gens assis dans les places moins chères, tapez dans vos mains. Et le reste, vous pouvez faire claquer vos bijoux". Le ton est donné et il s’annonce grinçant.
De là naitront d’autres contestations, d’autres formes de rébellion, à l’image du célèbre "God Save The Queen" des Sex Pistols. Une attaque frontale de la royauté qui compare la monarchie à un "régime fasciste" et chante que la reine "n'est pas un être humain". Bien que banni des ondes publiques, le titre atteint la seconde place des charts britanniques… Toujours eux.
Anoblissement et concert géant
Qu’importe la popularité, les attaques et l’agitation de la jeunesse, Elizabeth II conserve son flegme so british. Dès 1965, elle accède à la demande du Premier ministre d’alors, Harold Wilson, de décorer les Beatles de la médaille de membre de l’Empire britannique. La première d’une longue série de reconnaissances qui verra, trente ans plus tard, des personnalités comme Paul McCartney, Ringo Starr, mais aussi Bono, Elton John ou encore Mick Jagger être anoblis par la Reine.
Au fil du temps, Elizabeth II a su mettre les locomotives de la scène britannique dans sa poche. Elle comptera ainsi sur Paul McCartney, Brian May, Annie Lennox ou encore Elton John pour célébrer ses 50 ans de règne lors d’un concert exceptionnel en 2002, puis sur Madness, Kylie Minogue ou encore Robbie Williams, dix ans plus tard, pour son jubilé de diamants.
Cette année encore et sans doute plus que jamais, de nombreux artistes lui ont souhaité, samedi 4 juin, un joyeux anniversaire dans le cadre d’un évènement devenu un incontestable moment festif et populaire outre-Manche. Et si Elizabeth II ne figurera jamais au sommet des charts britanniques, sa célébrité n’a rien à envier à celle d’une rock star.