La grande vie
Michel Polnareff, en 1972, starifié, sur le point de faire son premier Olympia, réside alors dans un hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine, en banlieue parisienne, et ne regarde pas à la dépense. Pour s’épargner une fastidieuse gestion financière, le chanteur a engagé un homme de confiance auquel il a laissé le soin de manager sa fortune. À cette époque où tout lui sourit, l’artiste décide de provoquer en posant fesses nues sur l’affiche de son concert à l’Olympia. Pari perdant : au lieu de simplement choquer, Polnareff est taxé d’attentat à la pudeur, chef d’accusation qui lui vaut un procès au terme duquel il est condamné à payer une amende de 6 millions d’anciens francs, soit environ 9 000 euros.
Une arnaque bien ficelée
Michel Polnareff s’acquitte de l’amende, tout en la déclarant injuste. Simultanément, il reçoit une lettre d’une agence immobilière lui réclamant six mois de loyers impayés, alors même qu’il se pensait propriétaire. Le monde s’écroule pour le chanteur qui découvre que son homme d’affaires s’est joué de lui, qu’il n’est ni propriétaire de sa luxueuse maison, ni de sa Rolls. En fuite, son homme de confiance lui a tout volé, le laissant ruiné et avec une note de plus d’un million de francs à régler au fisc. Michel Polnareff a beau plaider la bonne foi, il risque la prison pour ses arriérés d’impôts et se retrouve face à une opinion publique qui le condamne, loin de croire à ses dénégations.
Michel Polnareff : son exil aux États-Unis
Michel Polnareff, en banqueroute et menacé d’emprisonnement, décide de fuir. Il s’envole pour la Californie, déterminé à refaire sa vie aux États-Unis. Il sort sur place un premier album, « Fame à la mode » (1975), dont le morceau « Jesus for Tonight » se classe dans le Top 100 américain, une première pour un compositeur français. Si le succès est au rendez-vous, le chanteur a le mal du pays. Alors qu’il est à New York, tout le lui rappelle, du vin qu’il a bu à table à une chanson qui passait à la radio. Pris d’un énorme accès de nostalgie, il griffonne sur un coin de nappe les notes d’une déclaration d’amour, qu’il enregistre et envoie à son parolier Jean-Loup Dabadie.
« Lettre à France » (1977) : un succès retentissant
Michel Polnareff reçoit de son auteur une chanson qui correspond parfaitement à son état d’esprit, une déclaration que l’on peut lire comme celle à une femme ou celle à son pays. Sorti en 1977, quelques mois avant l’album « Coucou me revoilou » (1978), le single baptisé « Lettre à France » devient un tube dans l’Hexagone, s’écoulant à 840 000 exemplaires. Considérée aujourd’hui comme l’une de ses plus belles ballades, cette chanson le réconcilie avec son public et lui donne l’envie de rentrer. Michel Polnareff revient en 1978 pour assister à son procès, au terme duquel son innocence est reconnue, bien qu’il reste encore redevable à l’administration fiscale française.