Salvatore Adamo sur Nostalgie : Si vous saviez...

Le - modifié le

A l'occasion de la sortie de son 25e album studio "Si vous saviez...", un écrin musical aux textes ciselés, Salvatore Adamo était l'invité de Nostalgie. Un moment délicieux avec un Grand Monsieur de la chanson française. Interview !


Si vous saviez... est votre 25e album. L'envie est toujours intacte ?

L'envie est plus forte que jamais. Je ne sais pas si vous imaginez le privilège que cela constitue de pouvoir faire un album dans des conditions optimales avec un orchestre symphoniques, avec des arrangeurs talentueux. C'est un cadeau du ciel, c'est plus qu'une envie, c'est une nécessité de m'exprimer, simplement pour faire "coucou", pour dire à quoi j'ai pensé ces derniers temps

Vous voulez montrez une autre facette de votre personnalité ?

Ce qui me réjouit dans cet album, c'est qu'il y a toutes les facettes de mon caractère qui est peut-être un peu moins lisse qu'on le croit.
J'ai depuis mon enfance, une espèce d'espièglerie en moi. J'étais premier de la classe mais avec zéro en discipline et là j'ai voulu mettre quelques chansons dans lesquelles je me mettais un peu en boite.

D'où le titre "si vous saviez..."

Absolument, c'est une façon de dire, ne vous fiez pas aux apparences, si vous saviez ce que je suis vraiment mais rassurez-vous, il n'y a rien de répréhensible dans mon attitude.

Vous avez travaillé avec un orchestre symphonique

Oui, c'est un privilège ! Je suis revenu à la façon d'enregistrer de mes tous débuts, techniquement on était beaucoup plus limité. J'ai fait mon premier disque sur deux pistes. La voix d'un côté et l'orchestre de l'autre puis on est passé à quatre piste et il y avait des orchestres qui étaient presque symphoniques mais il fallait que la voix soit faite simultanément et ça vous forçait à donner le meilleur de vous-même. Parfois même, je pouvais parfois être enrhumé mais je n'avais pas l'autorité de demander de remettre l'enregistrement à un autre jour... Et j'ai fait tout un album en étant enrhumé et parmi ces chansons, il y avait "Tombe la neige", "Sans toi , ma mie", mon premier succès, il y avait "la nuit"... ça m'avait porté chance ! Et c'est à l'époque où on disait, on le dit moins aujourd'hui, on ne savait pas si c'était une fille ou un garçon qui chantait.

Salvatore Adamo - Juste un Je t'aime


Vous avez collaboré avec Clément Ducol et Maxime Le Guil

Ceux sont des rencontres qui ont été suggérées et provoquées par Stéphane Espinosa, le nouveau patron de Polydor et aussi du directeur artistique, Jean-Christophe Thiéfine. Quand ils ont entendu les chansons, ils m'ont parlé de Clément Ducol et Maxime Le Guil et bien sûr je connaissais l'album de Christophe, qui est magnifique. J'ai aussi écouté l'album de Vincent Delerme, de Mélodie Gardot et j'ai vu l'élégance d'écriture des cordes de Clément. J'ai découvert qu'en plus d'être un immense musicien, il avait beaucoup d'humilité et de respect pour les choses simples. Moi je fais des Mélodies simples. Il y a parfois chez certains musiciens classiques, une espèce de condescendance par rapport à la variété. Lui, non, il a cette sensibilité qui lui fait capter la sincérité, l'authenticité et il la sublime !

Vous chantez un duo avec Camille "Juste un je t'aime"

Elle chante avec une voix d'une pureté céleste... J'ose l'adjectif qualificatif ! En fait, ça s'est fait petit à petit, pas à pas. Je ne trahirai pas la vie privée de Camille et de Clément Ducol, en disant qu'ils vivent ensemble. Quand j'ai remis mes maquettes à Clément. Quelques jours après, il m'a appelé pour me dire "Tiens, j'écoutais "Juste un je t'aime" et Camille passait juste à ce moment là. Elle aime bien cette chanson", sans rien me dire d'autre." Trois semaines plus tard, quand il était en train d'écrire des arrangements, il me dit "Camille a de nouveau entendu la chanson et elle aime cette chanson". J'ai considéré que c'était comme un perche, jamais je n'aurai osé demander moi-même "Veut-elle faire un duo avec moi ?". J'ai trop peur du refus. Donc je lui dis, "si ça lui dit, ça serait un immense honneur de faire le duo avec elle". Jusqu'à la veille de l'enregistrement, c'était en suspens. On n'avait pas de réponse précise. Et le jour de l'enregistrement, elle est arrivée... Et le soleil est entré dans le studio.

L'amour est toujours au coeur de vos textes

Bien sûr, l'amour c'est que j'ai chanté le plus, même si aujourd'hui, je me rends compte que c'est de plus en plus difficile d'écrire une chanson d'amour sans passer par les ficelles et qui reste authentique et sincère. Quand j'ai la chance d'en écrire une. je suis très heureux.J'en ai mis pas mal de côté, en me disant, je me répète, je dois les retravailler. Et justement pour que le mot ne soit pas trop galvaudé, il faut qu'à chaque fois que je chante, il y ait quelque chose de plus, une émotion en plus.

Salvatore Adamo - Souvenirs


Vous préférez l'écriture, le studio ou la scène ?

La plus belle émotion arrive quand l'idée de la chanson me vient, quand je l'écris, quand j'estime qu'elle est terminée. Ensuite, vient le moment de la partager avec le public. C'est une immense émotion parce que ceux sont eux, les premiers juges, souvent j'essaie mes chansons en public avant de les enregistrer. Avec internet, c'est plus difficile, dès que vous la chantez, le lendemain, elle est sur internet.
Le studio, j'avoue, que cette fois-ci, c'était une exception à la règle, je m'y suis senti très bien, très à l'aise. J'avais Clément et Maxime qui veillait à tout. Le studio m'impressionne et m'intimide. Je sais que c'est le jour, où on doit fournir l'interprétation définitive. Est-ce qu'on est dans la juste humeur... Des fois non...

Un de vos plus grands souvenirs

Mon premier passage à l'Olympia, c'était comme une date de naissance, c'était le 12 janvier 1965. En fait, le premier passage en vedette, parce-que j'étais déjà passé en première partie de Cliff Richard et les Shadows. Je devais chanter trois chansons et cinq ou six de mes collègues avant moi, s'étaient fait sortir parce que le public n'était là que pour Cliff Richard et moi j'ai juste pu chanter mes trois chansons. C'est Jacques Martin qui présentait et j'avais limité la casse. Ensuite deux ans plus tard, je me retrouve en vedette. J'étais un peu inconscient. je n'imaginais pas que j'étais prêt à assumer la responsabilité d'un spectacle. C'était mon père, c'était Bruno Coquatrix et Lucien Morisse qui avaient décidé de me faire passer en vedette. Je croyais qu'ils ne connaissaient que deux chansons "Tombe la neige" et "vous permettez Monsieur" mais Ils connaissaient déjà par la Belgique la quinzaine de chansons que j'avais proposé.

Interview Eloïse Buhk