Stephan Eicher : son aventure cold wave méconnue avec Grauzone

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Avant d'embrasser la carrière qu'on lui connaît, Stephan Eicher avait navigué dans sa jeunesse entre le punk et la new wave. Retour sur l'une de ces premières expériences, au sein du groupe Grauzone.

Stephan Eicher, des débuts très audiovisuels

Si Stephan Eicher est découvert en 1983 par une partie de la France avec son premier véritable album solo "Les Chansons bleues", l'artiste suisse connaît auparavant plusieurs expériences musicales. Ayant fondé à l'âge de 17 ans un groupe punk avec ses amis de l'école d'art de Zurich F+F, le jeune Suisse rejoint ensuite le groupe Grauzone. Monté par son petit frère Martin Eicher début 1980, Grauzone (littéralement "zone grise" en français) est un groupe s'inspirant notamment beaucoup des Allemands de Kraftwerk, précurseurs de la musique électronique. Né d'un père yéniche à la fois réparateur en radiotélévision et violoniste de jazz, Stephan Eicher bidouille depuis l'enfance des boîtes à rythmes et des magnétophones, et se confectionne même un petit studio d'enregistrement artisanal dans la maison familiale. Quand il rejoint Martin Eicher (guitare, chant, synthétiseur), Marco Repetto (batterie) et G.T. (basse) au sein de Grauzone, Stephan Eicher, qui se passionne aussi beaucoup pour la vidéo, commence seulement par mettre la musique du groupe en images pendant leurs concerts.

"Eisbär", le premier grand succès de Stephan Eicher

Capable aussi de composer de la MAO (Musique assistée par ordinateur) et de jouer du synthétiseur ou de la guitare, Stephan Eicher va se faire petit à petit sa place au sein de Grauzone. À la demande de son frère, il prend la direction à l'automne 1980 des sessions d'enregistrement du groupe pour la compilation "Swiss Wave - The Album" rassemblant des formations musicales du pays partageant les mêmes influences new wave et punk. Pas satisfait du travail effectué par Grauzone sur la musique du titre cold wave "Eisbär", Stephan Eicher y ajoute une boucle de batterie et s'occupe de l'arrangement du morceau. Diffusé à la radio en Suisse, mais aussi en Autriche et en Allemagne, "Eisbär" sort en single en 1981. Sixième des ventes en Autriche et neuvième en Allemagne, le 45 tours se vend à plus de 500 000 exemplaires et signe le premier succès de la carrière musicale de Stephan Eicher.

La fin de Grauzone, le début d'une carrière solo

Alors que le groupe est fortement inspiré par le punk berlinois, entre refus des exigences commerciales et son saturé mélangeant électronique et punk rock, le succès d'"Eisbär" effraie un Stephan Eicher qui préfèrera toujours se tenir à l'écart des médias au long de sa carrière. Souhaitant s'éloigner de la Suisse, il part pour Bologne en Italie où il devient programmateur à Radio Città, une radio féministe. Marquée par cette expérience, l'artiste se met à collaborer à son retour en Suisse, en 1982, avec un groupe de post-punk composé entièrement de femmes, Liliput. C'est le manager de ce groupe, Martin Hess, qui aidera ensuite Stephan Eicher à démarrer sa carrière solo alors que l'aventure Grauzone n'a pas survécu au départ du génial auteur-compositeur-interprète. Délaissant alors le punk et la new wave de sa jeunesse pour des mélodies plus pop, Stephan Eicher deviendra l'un des plus grands chanteurs suisses grâce à ses chansons inoubliables.