Un sacré coup de pub. Quand U2 se présente le 27 mars 1982 devant le magasin d’alcool de la 7th et de Main street, au centre-ville de Los Angeles, pour tourner le clip du titre "Where the Streets Have no Name", un mélange d’excitation et de grande anxiété s’empare de l’équipe.
Il faut dire, comme le révélera le réalisateur irlandais Meiert Avis, qu’il fallait une certaine dose d’inconscience pour tourner cette vidéo en prise directe, à la manière d’un concert sauvage, sur le toit d’un immeuble d’un des quartiers les moins sûrs de la mégalopole californienne.
Conquérir l’Amérique
A l’instar de l’album "The Joshua Tree", dont est extrait le single "Where the Streets Have no Name", qui va porter U2 au sommet de la planète pop-rock, le clip de Los Angeles doit frapper les esprits et séduire le public américain auquel l’album est destiné. Quoi de mieux alors qu’un clin d’œil au dernier concert public des Beatles donné sur le toit de l'immeuble londonien d'Apple Corps, en 1969. "Ce n'est pas la première fois que nous copions les Beatles", s’en amusera d’ailleurs Bono un peu plus tard.
Le concert sauvage du groupe est annoncé à la radio. Quelque trente mille personnes sont attendues devant le magasin de la 7th, expliquent alors les animateurs qui ne manquent pas d’insister sur l’insécurité du quartier du centre-ville afin d’éviter toute responsabilité en cas de débordements, respectant ainsi les directives de leur direction.
Générateur de secours et toit renforcé
De son côté, la police prévient l’équipe de tournage des potentiels dangers et s’occupe de la foule qui se masse pour profiter du spectacle. Un travail de sécurité grandement facilité par le fait qu’un millier de personnes assistera finalement au show du quatuor irlandais.
Si beaucoup de choses sont improvisées, l’équipe de tournage a tout de même préparé son coup. En premier lieu, elle a renforcé le toit du bâtiment chancelant sur lequel le groupe doit se produire au cas où des fans parviendraient à monter rejoindre le groupe.
Un générateur de secours a également été transporté sur les lieux pour palier à une coupure de courant de la police. Au final, il ne sera pas utilisé. En effet, si la police est bel et bien intervenue pour mettre fin au tournage, celle-ci a largement temporisé, laissant le groupe mettre dans la boîte l’un de ses plus fameux clips, aidé en cela par une foule bonne enfant manifestement ravie de ce spectacle improvisé.
La vidéo remportera d’ailleurs le Grammy Awards de la meilleure performance vidéo et U2 gagnera son pari : marquer les esprits.