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JudaĂŻca #3 David et Salomon - 6/6 et fin

mercredi 09 juillet - 13 min

David et Salomon. Deux noms qui font rĂȘver et qui ont fait couler beaucoup d’encre, depuis l’époque de la rĂ©daction des rĂ©cits bibliques jusqu’à nos jours. Les Livres des Rois et des Chroniques ont dressĂ© deux tableaux fabuleux, trop merveilleux pour ĂȘtre vrais. David est dĂ©crit comme un homme beau, courageux et charismatique, nĂ© simple berger et devenu le roi d’IsraĂ«l. Les CananĂ©ens, les Elamite et les Philistins ont anĂ©anti les espoirs de crĂ©er une nation indĂ©pendante qui animaient les fils d’IsraĂ«l. Le premier roi israĂ©lite, SaĂŒl, vaincu, s’est donnĂ© la mort. Tout semble perdu. Mais David, Ă  peine montĂ© sur le trĂŽne, se lance dans une vĂ©ritable campagne de conquĂȘte. Il venge l’affront qui a Ă©tĂ© fait aux IsraĂ©lites, et terrasse tous les peuples autochtones, les uns aprĂšs les autres. Il s’empare de toutes les principales villes de Canaan, et impose les fils d’IsraĂ«l comme les seuls possesseurs de ce pays. Canaan n’existe plus, IsraĂ«l vient de naĂźtre.A la mort de glorieux roi, c’est son fils Salomon qui monte sur le trĂŽne. Le rĂ©cit de son histoire est rempli de passages fabuleux et panĂ©gyriques. Le fils de David apparaĂźt plus comme le hĂ©ros d’un conte des Mille et Une Nuits que comme un personnage historique. Pourtant, l’archĂ©ologie prouve que lui et son pĂšre ont bel et bien existĂ©. Mais elle rĂ©vĂšle une autre vision des Ă©vĂšnements qui ont jalonnĂ© leurs rĂšgnes. Point de constructions monumentales, point de richesses qui coulent Ă  flots, ni mĂȘme d’écuries servant d’abri Ă  d’innombrables Ă©quidĂ©s. Durant l’ñge du Fer, Ă©poque Ă  laquelle ces deux souverains pourraient avoir vĂ©cu, IsraĂ«l est un pays Ă  deux visages, partagĂ© entre la plaine, oĂč les habitants se rĂ©unissent en villes, Ă©laborent une sociĂ©tĂ© trĂšs hiĂ©rarchisĂ©e, dominĂ©e par l’élite, et connectĂ©es au reste du monde oriental, et les rĂ©gions montagneuses, oĂč s’éparpillent quelques villages, habitĂ©s par de modestes fermiers, qui entretiennent de bonnes relations avec les nombreux pasteurs nomades, qui circulent entre le dĂ©sert du SinaĂŻ et les hauteurs de Canaan. IsraĂ«l n’est nullement un pays unifiĂ© sous un mĂȘme sceptre, mais un territoire hĂ©tĂ©rogĂšne, habitĂ© par des groupes d’individus qui se distinguent les uns des autres. Ils n’ont pas les moyens humains et matĂ©riels pour entreprendre une guerre de conquĂȘte comme celle dĂ©crite dans le Livre des Rois. Si David et Salomon ont vraiment existĂ©, ils n’ont pas rĂ©gnĂ© sur un nation unie et puissante, qui se serait Ă©levĂ©e au mĂȘme niveau que les grands empires proche-orientaux de l’époque.La lĂ©gende de David et de Salomon, Ă©levĂ©s au rang de hĂ©ros et de modĂšles de rois, s’est conservĂ©e de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. Elle garde le souvenir d’un temps oĂč la monarchie Ă©tait unifiĂ©e. Cette mĂ©moire est encore vive et largement rĂ©pandue sur une bonne partie du pays de Canaan. Elle contraste avec ce que la Bible nous apprend de leurs successeurs, dĂ©peints comme des rois violents, querelleurs, injustes et qui se dĂ©tournent des commandements de Dieu, pour remettre Ă  l’honneur les dieux des peuples ennemis. Seuls quelques individus restent fidĂšles Ă  YHWH. La rupture entre les deux groupes est inĂ©vitable. Le pays d’IsraĂ«l, unifiĂ© par David et organisĂ© par Salomon, est ainsi divisĂ© en deux parties, deux royaumes, qui vont connaĂźtre des destins diffĂ©rents et tragiques.

JudaĂŻca #3 David et Salomon - 5/6

mardi 08 juillet - 12 min

David et Salomon. Deux noms qui font rĂȘver et qui ont fait couler beaucoup d’encre, depuis l’époque de la rĂ©daction des rĂ©cits bibliques jusqu’à nos jours. Les Livres des Rois et des Chroniques ont dressĂ© deux tableaux fabuleux, trop merveilleux pour ĂȘtre vrais. David est dĂ©crit comme un homme beau, courageux et charismatique, nĂ© simple berger et devenu le roi d’IsraĂ«l. Les CananĂ©ens, les Elamite et les Philistins ont anĂ©anti les espoirs de crĂ©er une nation indĂ©pendante qui animaient les fils d’IsraĂ«l. Le premier roi israĂ©lite, SaĂŒl, vaincu, s’est donnĂ© la mort. Tout semble perdu. Mais David, Ă  peine montĂ© sur le trĂŽne, se lance dans une vĂ©ritable campagne de conquĂȘte. Il venge l’affront qui a Ă©tĂ© fait aux IsraĂ©lites, et terrasse tous les peuples autochtones, les uns aprĂšs les autres. Il s’empare de toutes les principales villes de Canaan, et impose les fils d’IsraĂ«l comme les seuls possesseurs de ce pays. Canaan n’existe plus, IsraĂ«l vient de naĂźtre.A la mort de glorieux roi, c’est son fils Salomon qui monte sur le trĂŽne. Le rĂ©cit de son histoire est rempli de passages fabuleux et panĂ©gyriques. Le fils de David apparaĂźt plus comme le hĂ©ros d’un conte des Mille et Une Nuits que comme un personnage historique. Pourtant, l’archĂ©ologie prouve que lui et son pĂšre ont bel et bien existĂ©. Mais elle rĂ©vĂšle une autre vision des Ă©vĂšnements qui ont jalonnĂ© leurs rĂšgnes. Point de constructions monumentales, point de richesses qui coulent Ă  flots, ni mĂȘme d’écuries servant d’abri Ă  d’innombrables Ă©quidĂ©s. Durant l’ñge du Fer, Ă©poque Ă  laquelle ces deux souverains pourraient avoir vĂ©cu, IsraĂ«l est un pays Ă  deux visages, partagĂ© entre la plaine, oĂč les habitants se rĂ©unissent en villes, Ă©laborent une sociĂ©tĂ© trĂšs hiĂ©rarchisĂ©e, dominĂ©e par l’élite, et connectĂ©es au reste du monde oriental, et les rĂ©gions montagneuses, oĂč s’éparpillent quelques villages, habitĂ©s par de modestes fermiers, qui entretiennent de bonnes relations avec les nombreux pasteurs nomades, qui circulent entre le dĂ©sert du SinaĂŻ et les hauteurs de Canaan. IsraĂ«l n’est nullement un pays unifiĂ© sous un mĂȘme sceptre, mais un territoire hĂ©tĂ©rogĂšne, habitĂ© par des groupes d’individus qui se distinguent les uns des autres. Ils n’ont pas les moyens humains et matĂ©riels pour entreprendre une guerre de conquĂȘte comme celle dĂ©crite dans le Livre des Rois. Si David et Salomon ont vraiment existĂ©, ils n’ont pas rĂ©gnĂ© sur un nation unie et puissante, qui se serait Ă©levĂ©e au mĂȘme niveau que les grands empires proche-orientaux de l’époque.La lĂ©gende de David et de Salomon, Ă©levĂ©s au rang de hĂ©ros et de modĂšles de rois, s’est conservĂ©e de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. Elle garde le souvenir d’un temps oĂč la monarchie Ă©tait unifiĂ©e. Cette mĂ©moire est encore vive et largement rĂ©pandue sur une bonne partie du pays de Canaan. Elle contraste avec ce que la Bible nous apprend de leurs successeurs, dĂ©peints comme des rois violents, querelleurs, injustes et qui se dĂ©tournent des commandements de Dieu, pour remettre Ă  l’honneur les dieux des peuples ennemis. Seuls quelques individus restent fidĂšles Ă  YHWH. La rupture entre les deux groupes est inĂ©vitable. Le pays d’IsraĂ«l, unifiĂ© par David et organisĂ© par Salomon, est ainsi divisĂ© en deux parties, deux royaumes, qui vont connaĂźtre des destins diffĂ©rents et tragiques.

Les sociétés secrÚtes - Des Rose-Croix aux Anonymous

mardi 08 juillet - 45 min

L’histoire des sociĂ©tĂ©s secrĂštes modernes commence dans l’Allemagne du dĂ©but du XVIIe siĂšcle avec la circulation de manifestes mystĂ©rieux qui annoncent l’existence d’une confrĂ©rie invisible aux pouvoirs prodigieux. Ses membres affirment ĂȘtre en mesure de sauver l’Europe d’une destruction imminente. Cette rĂ©vĂ©lation se rĂ©pand comme une traĂźnĂ©e de poudre : c’est la « rĂ©volution Rose-Croix » qui embrase en quelques annĂ©es le continent tout entier. Depuis quatre siĂšcles, l’intĂ©rĂȘt pour ces confrĂ©ries n’a jamais faibli et l’emblĂ©matique phĂ©nix renaĂźt sans cesse de ses cendres.Des premiers Rose-Croix aux actuels Anonymous, en passant par les Francs-maçons, les Illuminati, les Carbonari, les sinistres membres du Ku Klux Klan, la Loge P2 ou QAnon, tous se revendiquent maĂźtres des secrets. Pierre-Yves Beaurepaire, spĂ©cialiste de l’histoire de la franc-maçonnerie, nous raconte ce monde oĂč les limites entre rĂ©alitĂ© et fiction s’estompent en une source intarissable d’intrigues, de scĂ©narios improbables ou de fake news.L’auteur, l'historien Pierre-Yves Beaurepaire, est avec nous en studio

JudaĂŻca #3 David et Salomon - 4/6

lundi 07 juillet - 12 min

David et Salomon. Deux noms qui font rĂȘver et qui ont fait couler beaucoup d’encre, depuis l’époque de la rĂ©daction des rĂ©cits bibliques jusqu’à nos jours. Les Livres des Rois et des Chroniques ont dressĂ© deux tableaux fabuleux, trop merveilleux pour ĂȘtre vrais. David est dĂ©crit comme un homme beau, courageux et charismatique, nĂ© simple berger et devenu le roi d’IsraĂ«l. Les CananĂ©ens, les Elamite et les Philistins ont anĂ©anti les espoirs de crĂ©er une nation indĂ©pendante qui animaient les fils d’IsraĂ«l. Le premier roi israĂ©lite, SaĂŒl, vaincu, s’est donnĂ© la mort. Tout semble perdu. Mais David, Ă  peine montĂ© sur le trĂŽne, se lance dans une vĂ©ritable campagne de conquĂȘte. Il venge l’affront qui a Ă©tĂ© fait aux IsraĂ©lites, et terrasse tous les peuples autochtones, les uns aprĂšs les autres. Il s’empare de toutes les principales villes de Canaan, et impose les fils d’IsraĂ«l comme les seuls possesseurs de ce pays. Canaan n’existe plus, IsraĂ«l vient de naĂźtre.A la mort de glorieux roi, c’est son fils Salomon qui monte sur le trĂŽne. Le rĂ©cit de son histoire est rempli de passages fabuleux et panĂ©gyriques. Le fils de David apparaĂźt plus comme le hĂ©ros d’un conte des Mille et Une Nuits que comme un personnage historique. Pourtant, l’archĂ©ologie prouve que lui et son pĂšre ont bel et bien existĂ©. Mais elle rĂ©vĂšle une autre vision des Ă©vĂšnements qui ont jalonnĂ© leurs rĂšgnes. Point de constructions monumentales, point de richesses qui coulent Ă  flots, ni mĂȘme d’écuries servant d’abri Ă  d’innombrables Ă©quidĂ©s. Durant l’ñge du Fer, Ă©poque Ă  laquelle ces deux souverains pourraient avoir vĂ©cu, IsraĂ«l est un pays Ă  deux visages, partagĂ© entre la plaine, oĂč les habitants se rĂ©unissent en villes, Ă©laborent une sociĂ©tĂ© trĂšs hiĂ©rarchisĂ©e, dominĂ©e par l’élite, et connectĂ©es au reste du monde oriental, et les rĂ©gions montagneuses, oĂč s’éparpillent quelques villages, habitĂ©s par de modestes fermiers, qui entretiennent de bonnes relations avec les nombreux pasteurs nomades, qui circulent entre le dĂ©sert du SinaĂŻ et les hauteurs de Canaan. IsraĂ«l n’est nullement un pays unifiĂ© sous un mĂȘme sceptre, mais un territoire hĂ©tĂ©rogĂšne, habitĂ© par des groupes d’individus qui se distinguent les uns des autres. Ils n’ont pas les moyens humains et matĂ©riels pour entreprendre une guerre de conquĂȘte comme celle dĂ©crite dans le Livre des Rois. Si David et Salomon ont vraiment existĂ©, ils n’ont pas rĂ©gnĂ© sur un nation unie et puissante, qui se serait Ă©levĂ©e au mĂȘme niveau que les grands empires proche-orientaux de l’époque.La lĂ©gende de David et de Salomon, Ă©levĂ©s au rang de hĂ©ros et de modĂšles de rois, s’est conservĂ©e de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. Elle garde le souvenir d’un temps oĂč la monarchie Ă©tait unifiĂ©e. Cette mĂ©moire est encore vive et largement rĂ©pandue sur une bonne partie du pays de Canaan. Elle contraste avec ce que la Bible nous apprend de leurs successeurs, dĂ©peints comme des rois violents, querelleurs, injustes et qui se dĂ©tournent des commandements de Dieu, pour remettre Ă  l’honneur les dieux des peuples ennemis. Seuls quelques individus restent fidĂšles Ă  YHWH. La rupture entre les deux groupes est inĂ©vitable. Le pays d’IsraĂ«l, unifiĂ© par David et organisĂ© par Salomon, est ainsi divisĂ© en deux parties, deux royaumes, qui vont connaĂźtre des destins diffĂ©rents et tragiques.

JudaĂŻca #3 David et Salomon - 3/6

dimanche 06 juillet - 12 min

David et Salomon. Deux noms qui font rĂȘver et qui ont fait couler beaucoup d’encre, depuis l’époque de la rĂ©daction des rĂ©cits bibliques jusqu’à nos jours. Les Livres des Rois et des Chroniques ont dressĂ© deux tableaux fabuleux, trop merveilleux pour ĂȘtre vrais. David est dĂ©crit comme un homme beau, courageux et charismatique, nĂ© simple berger et devenu le roi d’IsraĂ«l. Les CananĂ©ens, les Elamite et les Philistins ont anĂ©anti les espoirs de crĂ©er une nation indĂ©pendante qui animaient les fils d’IsraĂ«l. Le premier roi israĂ©lite, SaĂŒl, vaincu, s’est donnĂ© la mort. Tout semble perdu. Mais David, Ă  peine montĂ© sur le trĂŽne, se lance dans une vĂ©ritable campagne de conquĂȘte. Il venge l’affront qui a Ă©tĂ© fait aux IsraĂ©lites, et terrasse tous les peuples autochtones, les uns aprĂšs les autres. Il s’empare de toutes les principales villes de Canaan, et impose les fils d’IsraĂ«l comme les seuls possesseurs de ce pays. Canaan n’existe plus, IsraĂ«l vient de naĂźtre.A la mort de glorieux roi, c’est son fils Salomon qui monte sur le trĂŽne. Le rĂ©cit de son histoire est rempli de passages fabuleux et panĂ©gyriques. Le fils de David apparaĂźt plus comme le hĂ©ros d’un conte des Mille et Une Nuits que comme un personnage historique. Pourtant, l’archĂ©ologie prouve que lui et son pĂšre ont bel et bien existĂ©. Mais elle rĂ©vĂšle une autre vision des Ă©vĂšnements qui ont jalonnĂ© leurs rĂšgnes. Point de constructions monumentales, point de richesses qui coulent Ă  flots, ni mĂȘme d’écuries servant d’abri Ă  d’innombrables Ă©quidĂ©s. Durant l’ñge du Fer, Ă©poque Ă  laquelle ces deux souverains pourraient avoir vĂ©cu, IsraĂ«l est un pays Ă  deux visages, partagĂ© entre la plaine, oĂč les habitants se rĂ©unissent en villes, Ă©laborent une sociĂ©tĂ© trĂšs hiĂ©rarchisĂ©e, dominĂ©e par l’élite, et connectĂ©es au reste du monde oriental, et les rĂ©gions montagneuses, oĂč s’éparpillent quelques villages, habitĂ©s par de modestes fermiers, qui entretiennent de bonnes relations avec les nombreux pasteurs nomades, qui circulent entre le dĂ©sert du SinaĂŻ et les hauteurs de Canaan. IsraĂ«l n’est nullement un pays unifiĂ© sous un mĂȘme sceptre, mais un territoire hĂ©tĂ©rogĂšne, habitĂ© par des groupes d’individus qui se distinguent les uns des autres. Ils n’ont pas les moyens humains et matĂ©riels pour entreprendre une guerre de conquĂȘte comme celle dĂ©crite dans le Livre des Rois. Si David et Salomon ont vraiment existĂ©, ils n’ont pas rĂ©gnĂ© sur un nation unie et puissante, qui se serait Ă©levĂ©e au mĂȘme niveau que les grands empires proche-orientaux de l’époque.La lĂ©gende de David et de Salomon, Ă©levĂ©s au rang de hĂ©ros et de modĂšles de rois, s’est conservĂ©e de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. Elle garde le souvenir d’un temps oĂč la monarchie Ă©tait unifiĂ©e. Cette mĂ©moire est encore vive et largement rĂ©pandue sur une bonne partie du pays de Canaan. Elle contraste avec ce que la Bible nous apprend de leurs successeurs, dĂ©peints comme des rois violents, querelleurs, injustes et qui se dĂ©tournent des commandements de Dieu, pour remettre Ă  l’honneur les dieux des peuples ennemis. Seuls quelques individus restent fidĂšles Ă  YHWH. La rupture entre les deux groupes est inĂ©vitable. Le pays d’IsraĂ«l, unifiĂ© par David et organisĂ© par Salomon, est ainsi divisĂ© en deux parties, deux royaumes, qui vont connaĂźtre des destins diffĂ©rents et tragiques.

JudaĂŻca #3 David et Salomon - 2/6

samedi 05 juillet - 11 min

David et Salomon. Deux noms qui font rĂȘver et qui ont fait couler beaucoup d’encre, depuis l’époque de la rĂ©daction des rĂ©cits bibliques jusqu’à nos jours. Les Livres des Rois et des Chroniques ont dressĂ© deux tableaux fabuleux, trop merveilleux pour ĂȘtre vrais. David est dĂ©crit comme un homme beau, courageux et charismatique, nĂ© simple berger et devenu le roi d’IsraĂ«l. Les CananĂ©ens, les Elamite et les Philistins ont anĂ©anti les espoirs de crĂ©er une nation indĂ©pendante qui animaient les fils d’IsraĂ«l. Le premier roi israĂ©lite, SaĂŒl, vaincu, s’est donnĂ© la mort. Tout semble perdu. Mais David, Ă  peine montĂ© sur le trĂŽne, se lance dans une vĂ©ritable campagne de conquĂȘte. Il venge l’affront qui a Ă©tĂ© fait aux IsraĂ©lites, et terrasse tous les peuples autochtones, les uns aprĂšs les autres. Il s’empare de toutes les principales villes de Canaan, et impose les fils d’IsraĂ«l comme les seuls possesseurs de ce pays. Canaan n’existe plus, IsraĂ«l vient de naĂźtre.A la mort de glorieux roi, c’est son fils Salomon qui monte sur le trĂŽne. Le rĂ©cit de son histoire est rempli de passages fabuleux et panĂ©gyriques. Le fils de David apparaĂźt plus comme le hĂ©ros d’un conte des Mille et Une Nuits que comme un personnage historique. Pourtant, l’archĂ©ologie prouve que lui et son pĂšre ont bel et bien existĂ©. Mais elle rĂ©vĂšle une autre vision des Ă©vĂšnements qui ont jalonnĂ© leurs rĂšgnes. Point de constructions monumentales, point de richesses qui coulent Ă  flots, ni mĂȘme d’écuries servant d’abri Ă  d’innombrables Ă©quidĂ©s. Durant l’ñge du Fer, Ă©poque Ă  laquelle ces deux souverains pourraient avoir vĂ©cu, IsraĂ«l est un pays Ă  deux visages, partagĂ© entre la plaine, oĂč les habitants se rĂ©unissent en villes, Ă©laborent une sociĂ©tĂ© trĂšs hiĂ©rarchisĂ©e, dominĂ©e par l’élite, et connectĂ©es au reste du monde oriental, et les rĂ©gions montagneuses, oĂč s’éparpillent quelques villages, habitĂ©s par de modestes fermiers, qui entretiennent de bonnes relations avec les nombreux pasteurs nomades, qui circulent entre le dĂ©sert du SinaĂŻ et les hauteurs de Canaan. IsraĂ«l n’est nullement un pays unifiĂ© sous un mĂȘme sceptre, mais un territoire hĂ©tĂ©rogĂšne, habitĂ© par des groupes d’individus qui se distinguent les uns des autres. Ils n’ont pas les moyens humains et matĂ©riels pour entreprendre une guerre de conquĂȘte comme celle dĂ©crite dans le Livre des Rois. Si David et Salomon ont vraiment existĂ©, ils n’ont pas rĂ©gnĂ© sur un nation unie et puissante, qui se serait Ă©levĂ©e au mĂȘme niveau que les grands empires proche-orientaux de l’époque.La lĂ©gende de David et de Salomon, Ă©levĂ©s au rang de hĂ©ros et de modĂšles de rois, s’est conservĂ©e de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. Elle garde le souvenir d’un temps oĂč la monarchie Ă©tait unifiĂ©e. Cette mĂ©moire est encore vive et largement rĂ©pandue sur une bonne partie du pays de Canaan. Elle contraste avec ce que la Bible nous apprend de leurs successeurs, dĂ©peints comme des rois violents, querelleurs, injustes et qui se dĂ©tournent des commandements de Dieu, pour remettre Ă  l’honneur les dieux des peuples ennemis. Seuls quelques individus restent fidĂšles Ă  YHWH. La rupture entre les deux groupes est inĂ©vitable. Le pays d’IsraĂ«l, unifiĂ© par David et organisĂ© par Salomon, est ainsi divisĂ© en deux parties, deux royaumes, qui vont connaĂźtre des destins diffĂ©rents et tragiques.

JudaĂŻca #3 David et Salomon - 1/6

vendredi 04 juillet - 12 min

David et Salomon. Deux noms qui font rĂȘver et qui ont fait couler beaucoup d’encre, depuis l’époque de la rĂ©daction des rĂ©cits bibliques jusqu’à nos jours. Les Livres des Rois et des Chroniques ont dressĂ© deux tableaux fabuleux, trop merveilleux pour ĂȘtre vrais. David est dĂ©crit comme un homme beau, courageux et charismatique, nĂ© simple berger et devenu le roi d’IsraĂ«l. Les CananĂ©ens, les Elamite et les Philistins ont anĂ©anti les espoirs de crĂ©er une nation indĂ©pendante qui animaient les fils d’IsraĂ«l. Le premier roi israĂ©lite, SaĂŒl, vaincu, s’est donnĂ© la mort. Tout semble perdu. Mais David, Ă  peine montĂ© sur le trĂŽne, se lance dans une vĂ©ritable campagne de conquĂȘte. Il venge l’affront qui a Ă©tĂ© fait aux IsraĂ©lites, et terrasse tous les peuples autochtones, les uns aprĂšs les autres. Il s’empare de toutes les principales villes de Canaan, et impose les fils d’IsraĂ«l comme les seuls possesseurs de ce pays. Canaan n’existe plus, IsraĂ«l vient de naĂźtre.A la mort de glorieux roi, c’est son fils Salomon qui monte sur le trĂŽne. Le rĂ©cit de son histoire est rempli de passages fabuleux et panĂ©gyriques. Le fils de David apparaĂźt plus comme le hĂ©ros d’un conte des Mille et Une Nuits que comme un personnage historique. Pourtant, l’archĂ©ologie prouve que lui et son pĂšre ont bel et bien existĂ©. Mais elle rĂ©vĂšle une autre vision des Ă©vĂšnements qui ont jalonnĂ© leurs rĂšgnes. Point de constructions monumentales, point de richesses qui coulent Ă  flots, ni mĂȘme d’écuries servant d’abri Ă  d’innombrables Ă©quidĂ©s. Durant l’ñge du Fer, Ă©poque Ă  laquelle ces deux souverains pourraient avoir vĂ©cu, IsraĂ«l est un pays Ă  deux visages, partagĂ© entre la plaine, oĂč les habitants se rĂ©unissent en villes, Ă©laborent une sociĂ©tĂ© trĂšs hiĂ©rarchisĂ©e, dominĂ©e par l’élite, et connectĂ©es au reste du monde oriental, et les rĂ©gions montagneuses, oĂč s’éparpillent quelques villages, habitĂ©s par de modestes fermiers, qui entretiennent de bonnes relations avec les nombreux pasteurs nomades, qui circulent entre le dĂ©sert du SinaĂŻ et les hauteurs de Canaan. IsraĂ«l n’est nullement un pays unifiĂ© sous un mĂȘme sceptre, mais un territoire hĂ©tĂ©rogĂšne, habitĂ© par des groupes d’individus qui se distinguent les uns des autres. Ils n’ont pas les moyens humains et matĂ©riels pour entreprendre une guerre de conquĂȘte comme celle dĂ©crite dans le Livre des Rois. Si David et Salomon ont vraiment existĂ©, ils n’ont pas rĂ©gnĂ© sur un nation unie et puissante, qui se serait Ă©levĂ©e au mĂȘme niveau que les grands empires proche-orientaux de l’époque.La lĂ©gende de David et de Salomon, Ă©levĂ©s au rang de hĂ©ros et de modĂšles de rois, s’est conservĂ©e de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. Elle garde le souvenir d’un temps oĂč la monarchie Ă©tait unifiĂ©e. Cette mĂ©moire est encore vive et largement rĂ©pandue sur une bonne partie du pays de Canaan. Elle contraste avec ce que la Bible nous apprend de leurs successeurs, dĂ©peints comme des rois violents, querelleurs, injustes et qui se dĂ©tournent des commandements de Dieu, pour remettre Ă  l’honneur les dieux des peuples ennemis. Seuls quelques individus restent fidĂšles Ă  YHWH. La rupture entre les deux groupes est inĂ©vitable. Le pays d’IsraĂ«l, unifiĂ© par David et organisĂ© par Salomon, est ainsi divisĂ© en deux parties, deux royaumes, qui vont connaĂźtre des destins diffĂ©rents et tragiques.

La Prohibition - 6/6 et fin

mercredi 02 juillet - 15 min

Ça dĂ©marre toujours comme ça Par une bonne intention.Alors, on veut sauver les hommes de l’alcool, protĂ©ger les familles, ramener l’ordre moral.On veut guĂ©rir l’AmĂ©rique.Mais ce que les États-Unis vont vivre, Ă  partir de 1920, n’a rien d’une convalescence. C’est une descente. Une dĂ©cennie de violence, de double discours, d’hypocrisie politique et de criminalitĂ© organisĂ©e Ă  une Ă©chelle jamais vue.Pendant treize ans, la fabrication, la vente et le transport d’alcool deviennent illĂ©gaux sur l’ensemble du territoire amĂ©ricain. Officiellement, l’alcool est banni pour prĂ©server la nation, encourager la tempĂ©rance, rendre les citoyens meilleurs. En rĂ©alitĂ©, il ne disparaĂźt jamais. Il change de visage. Il entre en clandestinitĂ©. Et l’AmĂ©rique avec lui.DerriĂšre les façades closes des speakeasies (les bars clandestins), on danse sur du jazz, on trinque en cachette, on nĂ©gocie des pots-de-vin. La police dĂ©tourne les yeux, parfois la loi aussi. La boisson coule Ă  flot dans les villes, les caves, les arriĂšre-salles. Et dans les veines du pays.L’État croyait contrĂŽler une habitude. Il dĂ©couvre qu’il a rĂ©veillĂ© un monstre.Car interdire, ce n’est pas empĂȘcher.Et ce que la Prohibition interdit, elle va surtout le rendre rentable.Elle consacre des figures nouvelles.Des avocats devenus millionnaires, dont certains dissimulent leurs distilleries derriĂšre des pharmacies.Des criminels qui deviennent des icĂŽnes, comme Al Capone, qui transforme Chicago en capitale du crime, finance des soupes populaires avec l’argent du trafic, tout en faisant exĂ©cuter ses rivaux Ă  la mitraillette.Mais la Prohibition, ce n’est pas seulement l’histoire des gangsters. C’est aussi celle des Ă©checs du pouvoir, des contradictions d’une sociĂ©tĂ©, et du poids des idĂ©aux mal appliquĂ©s.C’est l’histoire d’une croisade morale dĂ©tournĂ©e par l’argent. D’un État qui perd la main.D’un peuple qui se rit des lois
 et qui en meurt parfois.Car Ă  force de distiller dans l’illĂ©galitĂ©, on fabrique des alcools frelatĂ©s, toxiques, dangereux. On mĂ©lange, on coupe, on triche. Et on enterre.Et puis il y a l’autre scĂšne : celle des bureaux, des couloirs du CongrĂšs, des caves du SĂ©nat pleines de bouteilles, pendant que les rues se remplissent de cadavres.La Prohibition devait moraliser l’AmĂ©rique. Elle l’a fracturĂ©e. Elle a sapĂ© la confiance dans les institutions. Elle a lĂ©gitimĂ© la corruption comme mode de gouvernement. Elle a semĂ© les bases du crime organisĂ© moderne.Et pourtant, cette pĂ©riode est aussi fascinante que trouble. Car elle interroge :Pourquoi une sociĂ©tĂ© dĂ©cide-t-elle de bannir quelque chose d’aussi ancrĂ© que l’alcool ?Pourquoi une loi, votĂ©e Ă  une Ă©crasante majoritĂ©, devient-elle si vite une mascarade ?Et pourquoi, malgrĂ© ses effets dĂ©sastreux, certains rĂȘvent-ils encore, aujourd’hui, de moraliser la sociĂ©tĂ© par la contrainte ?Ce que nous allons explorer, ce n’est pas seulement une pĂ©riode de l’histoire amĂ©ricaine.C’est un miroir tendu Ă  notre Ă©poque.Car derriĂšre les barils de whisky cachĂ©s dans les caves, derriĂšre les gangsters en costume et les descentes de police, il y a une question essentielle : que se passe-t-il quand la loi s’attaque Ă  la culture ? Et que reste-t-il, une fois la tempĂ©rance oubliĂ©e, mais que la violence, elle, est restĂ©e ?Mon invitĂ©e, l'historienne et spĂ©cialiste des Etats-Unis, Annick Foucrier, qui vient de sortir son dernier ouvrage, excellent, au nom Ă©vident "La Prohibition", chez Armand Colin

Le roi: Une autre histoire de la droite - Baptiste Roger-Lacan

mardi 01 juillet - 48 min

Les Français ne se seraient pas remis de la mort de Louis XVI. En 2015, Emmanuel Macron expliquait que le roi Ă©tait «l'absent» du «processus dĂ©mocratique». Cette absence justifierait le renforcement de l'exĂ©cutif sous la Ve RĂ©publique. Paradoxalement, la monarchie n'a jamais Ă©tĂ© en position d'ĂȘtre restaurĂ©e depuis les annĂ©es 1870, et pourtant le roi n'a pas disparu. Alors comment ce spleen a-t-il Ă©tĂ© entretenu?? Il se diffuse sous la IIIe RĂ©publique, lorsque les droites doivent composer avec la fin des espoirs de Restauration. Face Ă  ce vide, elles entretiennent des rĂ©cits et des thĂ©ories contre-rĂ©volutionnaires. Au coeur de ce dispositif, on trouve la figure du roi, alternative Ă  une rĂ©publique libĂ©rale. Jusqu'Ă  la Seconde Guerre mondiale, cet imaginaire est mobilisĂ© dans le dĂ©bat public. Il survit dans des lieux aussi diffĂ©rents que le chĂąteau de Versailles, devenu un musĂ©e Ă  la gloire de l'Ancien RĂ©gime, mais aussi des institutions comme l'AcadĂ©mie française. Il se diffuse grĂące Ă  d'immenses succĂšs de librairie, qui nourrissent la nostalgie. Bref, la France ne se comprend pas sans son roi.L’auteur, Baptiste Roger-Lacan, est avec nous en studio

La Prohibition - 5/6

mardi 01 juillet - 11 min

Ça dĂ©marre toujours comme ça Par une bonne intention.Alors, on veut sauver les hommes de l’alcool, protĂ©ger les familles, ramener l’ordre moral.On veut guĂ©rir l’AmĂ©rique.Mais ce que les États-Unis vont vivre, Ă  partir de 1920, n’a rien d’une convalescence. C’est une descente. Une dĂ©cennie de violence, de double discours, d’hypocrisie politique et de criminalitĂ© organisĂ©e Ă  une Ă©chelle jamais vue.Pendant treize ans, la fabrication, la vente et le transport d’alcool deviennent illĂ©gaux sur l’ensemble du territoire amĂ©ricain. Officiellement, l’alcool est banni pour prĂ©server la nation, encourager la tempĂ©rance, rendre les citoyens meilleurs. En rĂ©alitĂ©, il ne disparaĂźt jamais. Il change de visage. Il entre en clandestinitĂ©. Et l’AmĂ©rique avec lui.DerriĂšre les façades closes des speakeasies (les bars clandestins), on danse sur du jazz, on trinque en cachette, on nĂ©gocie des pots-de-vin. La police dĂ©tourne les yeux, parfois la loi aussi. La boisson coule Ă  flot dans les villes, les caves, les arriĂšre-salles. Et dans les veines du pays.L’État croyait contrĂŽler une habitude. Il dĂ©couvre qu’il a rĂ©veillĂ© un monstre.Car interdire, ce n’est pas empĂȘcher.Et ce que la Prohibition interdit, elle va surtout le rendre rentable.Elle consacre des figures nouvelles.Des avocats devenus millionnaires, dont certains dissimulent leurs distilleries derriĂšre des pharmacies.Des criminels qui deviennent des icĂŽnes, comme Al Capone, qui transforme Chicago en capitale du crime, finance des soupes populaires avec l’argent du trafic, tout en faisant exĂ©cuter ses rivaux Ă  la mitraillette.Mais la Prohibition, ce n’est pas seulement l’histoire des gangsters. C’est aussi celle des Ă©checs du pouvoir, des contradictions d’une sociĂ©tĂ©, et du poids des idĂ©aux mal appliquĂ©s.C’est l’histoire d’une croisade morale dĂ©tournĂ©e par l’argent. D’un État qui perd la main.D’un peuple qui se rit des lois
 et qui en meurt parfois.Car Ă  force de distiller dans l’illĂ©galitĂ©, on fabrique des alcools frelatĂ©s, toxiques, dangereux. On mĂ©lange, on coupe, on triche. Et on enterre.Et puis il y a l’autre scĂšne : celle des bureaux, des couloirs du CongrĂšs, des caves du SĂ©nat pleines de bouteilles, pendant que les rues se remplissent de cadavres.La Prohibition devait moraliser l’AmĂ©rique. Elle l’a fracturĂ©e. Elle a sapĂ© la confiance dans les institutions. Elle a lĂ©gitimĂ© la corruption comme mode de gouvernement. Elle a semĂ© les bases du crime organisĂ© moderne.Et pourtant, cette pĂ©riode est aussi fascinante que trouble. Car elle interroge :Pourquoi une sociĂ©tĂ© dĂ©cide-t-elle de bannir quelque chose d’aussi ancrĂ© que l’alcool ?Pourquoi une loi, votĂ©e Ă  une Ă©crasante majoritĂ©, devient-elle si vite une mascarade ?Et pourquoi, malgrĂ© ses effets dĂ©sastreux, certains rĂȘvent-ils encore, aujourd’hui, de moraliser la sociĂ©tĂ© par la contrainte ?Ce que nous allons explorer, ce n’est pas seulement une pĂ©riode de l’histoire amĂ©ricaine.C’est un miroir tendu Ă  notre Ă©poque.Car derriĂšre les barils de whisky cachĂ©s dans les caves, derriĂšre les gangsters en costume et les descentes de police, il y a une question essentielle : que se passe-t-il quand la loi s’attaque Ă  la culture ? Et que reste-t-il, une fois la tempĂ©rance oubliĂ©e, mais que la violence, elle, est restĂ©e ?Mon invitĂ©e, l'historienne et spĂ©cialiste des Etats-Unis, Annick Foucrier, qui vient de sortir son dernier ouvrage, excellent, au nom Ă©vident "La Prohibition", chez Armand Colin

La Prohibition - 4/6

lundi 30 juin - 13 min

Ça dĂ©marre toujours comme ça Par une bonne intention.Alors, on veut sauver les hommes de l’alcool, protĂ©ger les familles, ramener l’ordre moral.On veut guĂ©rir l’AmĂ©rique.Mais ce que les États-Unis vont vivre, Ă  partir de 1920, n’a rien d’une convalescence. C’est une descente. Une dĂ©cennie de violence, de double discours, d’hypocrisie politique et de criminalitĂ© organisĂ©e Ă  une Ă©chelle jamais vue.Pendant treize ans, la fabrication, la vente et le transport d’alcool deviennent illĂ©gaux sur l’ensemble du territoire amĂ©ricain. Officiellement, l’alcool est banni pour prĂ©server la nation, encourager la tempĂ©rance, rendre les citoyens meilleurs. En rĂ©alitĂ©, il ne disparaĂźt jamais. Il change de visage. Il entre en clandestinitĂ©. Et l’AmĂ©rique avec lui.DerriĂšre les façades closes des speakeasies (les bars clandestins), on danse sur du jazz, on trinque en cachette, on nĂ©gocie des pots-de-vin. La police dĂ©tourne les yeux, parfois la loi aussi. La boisson coule Ă  flot dans les villes, les caves, les arriĂšre-salles. Et dans les veines du pays.L’État croyait contrĂŽler une habitude. Il dĂ©couvre qu’il a rĂ©veillĂ© un monstre.Car interdire, ce n’est pas empĂȘcher.Et ce que la Prohibition interdit, elle va surtout le rendre rentable.Elle consacre des figures nouvelles.Des avocats devenus millionnaires, dont certains dissimulent leurs distilleries derriĂšre des pharmacies.Des criminels qui deviennent des icĂŽnes, comme Al Capone, qui transforme Chicago en capitale du crime, finance des soupes populaires avec l’argent du trafic, tout en faisant exĂ©cuter ses rivaux Ă  la mitraillette.Mais la Prohibition, ce n’est pas seulement l’histoire des gangsters. C’est aussi celle des Ă©checs du pouvoir, des contradictions d’une sociĂ©tĂ©, et du poids des idĂ©aux mal appliquĂ©s.C’est l’histoire d’une croisade morale dĂ©tournĂ©e par l’argent. D’un État qui perd la main.D’un peuple qui se rit des lois
 et qui en meurt parfois.Car Ă  force de distiller dans l’illĂ©galitĂ©, on fabrique des alcools frelatĂ©s, toxiques, dangereux. On mĂ©lange, on coupe, on triche. Et on enterre.Et puis il y a l’autre scĂšne : celle des bureaux, des couloirs du CongrĂšs, des caves du SĂ©nat pleines de bouteilles, pendant que les rues se remplissent de cadavres.La Prohibition devait moraliser l’AmĂ©rique. Elle l’a fracturĂ©e. Elle a sapĂ© la confiance dans les institutions. Elle a lĂ©gitimĂ© la corruption comme mode de gouvernement. Elle a semĂ© les bases du crime organisĂ© moderne.Et pourtant, cette pĂ©riode est aussi fascinante que trouble. Car elle interroge :Pourquoi une sociĂ©tĂ© dĂ©cide-t-elle de bannir quelque chose d’aussi ancrĂ© que l’alcool ?Pourquoi une loi, votĂ©e Ă  une Ă©crasante majoritĂ©, devient-elle si vite une mascarade ?Et pourquoi, malgrĂ© ses effets dĂ©sastreux, certains rĂȘvent-ils encore, aujourd’hui, de moraliser la sociĂ©tĂ© par la contrainte ?Ce que nous allons explorer, ce n’est pas seulement une pĂ©riode de l’histoire amĂ©ricaine.C’est un miroir tendu Ă  notre Ă©poque.Car derriĂšre les barils de whisky cachĂ©s dans les caves, derriĂšre les gangsters en costume et les descentes de police, il y a une question essentielle : que se passe-t-il quand la loi s’attaque Ă  la culture ? Et que reste-t-il, une fois la tempĂ©rance oubliĂ©e, mais que la violence, elle, est restĂ©e ?Mon invitĂ©e, l'historienne et spĂ©cialiste des Etats-Unis, Annick Foucrier, qui vient de sortir son dernier ouvrage, excellent, au nom Ă©vident "La Prohibition", chez Armand Colin

La Prohibition - 3/6

dimanche 29 juin - 12 min

Ça dĂ©marre toujours comme ça Par une bonne intention.Alors, on veut sauver les hommes de l’alcool, protĂ©ger les familles, ramener l’ordre moral.On veut guĂ©rir l’AmĂ©rique.Mais ce que les États-Unis vont vivre, Ă  partir de 1920, n’a rien d’une convalescence. C’est une descente. Une dĂ©cennie de violence, de double discours, d’hypocrisie politique et de criminalitĂ© organisĂ©e Ă  une Ă©chelle jamais vue.Pendant treize ans, la fabrication, la vente et le transport d’alcool deviennent illĂ©gaux sur l’ensemble du territoire amĂ©ricain. Officiellement, l’alcool est banni pour prĂ©server la nation, encourager la tempĂ©rance, rendre les citoyens meilleurs. En rĂ©alitĂ©, il ne disparaĂźt jamais. Il change de visage. Il entre en clandestinitĂ©. Et l’AmĂ©rique avec lui.DerriĂšre les façades closes des speakeasies (les bars clandestins), on danse sur du jazz, on trinque en cachette, on nĂ©gocie des pots-de-vin. La police dĂ©tourne les yeux, parfois la loi aussi. La boisson coule Ă  flot dans les villes, les caves, les arriĂšre-salles. Et dans les veines du pays.L’État croyait contrĂŽler une habitude. Il dĂ©couvre qu’il a rĂ©veillĂ© un monstre.Car interdire, ce n’est pas empĂȘcher.Et ce que la Prohibition interdit, elle va surtout le rendre rentable.Elle consacre des figures nouvelles.Des avocats devenus millionnaires, dont certains dissimulent leurs distilleries derriĂšre des pharmacies.Des criminels qui deviennent des icĂŽnes, comme Al Capone, qui transforme Chicago en capitale du crime, finance des soupes populaires avec l’argent du trafic, tout en faisant exĂ©cuter ses rivaux Ă  la mitraillette.Mais la Prohibition, ce n’est pas seulement l’histoire des gangsters. C’est aussi celle des Ă©checs du pouvoir, des contradictions d’une sociĂ©tĂ©, et du poids des idĂ©aux mal appliquĂ©s.C’est l’histoire d’une croisade morale dĂ©tournĂ©e par l’argent. D’un État qui perd la main.D’un peuple qui se rit des lois
 et qui en meurt parfois.Car Ă  force de distiller dans l’illĂ©galitĂ©, on fabrique des alcools frelatĂ©s, toxiques, dangereux. On mĂ©lange, on coupe, on triche. Et on enterre.Et puis il y a l’autre scĂšne : celle des bureaux, des couloirs du CongrĂšs, des caves du SĂ©nat pleines de bouteilles, pendant que les rues se remplissent de cadavres.La Prohibition devait moraliser l’AmĂ©rique. Elle l’a fracturĂ©e. Elle a sapĂ© la confiance dans les institutions. Elle a lĂ©gitimĂ© la corruption comme mode de gouvernement. Elle a semĂ© les bases du crime organisĂ© moderne.Et pourtant, cette pĂ©riode est aussi fascinante que trouble. Car elle interroge :Pourquoi une sociĂ©tĂ© dĂ©cide-t-elle de bannir quelque chose d’aussi ancrĂ© que l’alcool ?Pourquoi une loi, votĂ©e Ă  une Ă©crasante majoritĂ©, devient-elle si vite une mascarade ?Et pourquoi, malgrĂ© ses effets dĂ©sastreux, certains rĂȘvent-ils encore, aujourd’hui, de moraliser la sociĂ©tĂ© par la contrainte ?Ce que nous allons explorer, ce n’est pas seulement une pĂ©riode de l’histoire amĂ©ricaine.C’est un miroir tendu Ă  notre Ă©poque.Car derriĂšre les barils de whisky cachĂ©s dans les caves, derriĂšre les gangsters en costume et les descentes de police, il y a une question essentielle : que se passe-t-il quand la loi s’attaque Ă  la culture ? Et que reste-t-il, une fois la tempĂ©rance oubliĂ©e, mais que la violence, elle, est restĂ©e ?Mon invitĂ©e, l'historienne et spĂ©cialiste des Etats-Unis, Annick Foucrier, qui vient de sortir son dernier ouvrage, excellent, au nom Ă©vident "La Prohibition", chez Armand Colin

La Prohibition - 2/6

samedi 28 juin - 14 min

Ça dĂ©marre toujours comme ça Par une bonne intention.Alors, on veut sauver les hommes de l’alcool, protĂ©ger les familles, ramener l’ordre moral.On veut guĂ©rir l’AmĂ©rique.Mais ce que les États-Unis vont vivre, Ă  partir de 1920, n’a rien d’une convalescence. C’est une descente. Une dĂ©cennie de violence, de double discours, d’hypocrisie politique et de criminalitĂ© organisĂ©e Ă  une Ă©chelle jamais vue.Pendant treize ans, la fabrication, la vente et le transport d’alcool deviennent illĂ©gaux sur l’ensemble du territoire amĂ©ricain. Officiellement, l’alcool est banni pour prĂ©server la nation, encourager la tempĂ©rance, rendre les citoyens meilleurs. En rĂ©alitĂ©, il ne disparaĂźt jamais. Il change de visage. Il entre en clandestinitĂ©. Et l’AmĂ©rique avec lui.DerriĂšre les façades closes des speakeasies (les bars clandestins), on danse sur du jazz, on trinque en cachette, on nĂ©gocie des pots-de-vin. La police dĂ©tourne les yeux, parfois la loi aussi. La boisson coule Ă  flot dans les villes, les caves, les arriĂšre-salles. Et dans les veines du pays.L’État croyait contrĂŽler une habitude. Il dĂ©couvre qu’il a rĂ©veillĂ© un monstre.Car interdire, ce n’est pas empĂȘcher.Et ce que la Prohibition interdit, elle va surtout le rendre rentable.Elle consacre des figures nouvelles.Des avocats devenus millionnaires, dont certains dissimulent leurs distilleries derriĂšre des pharmacies.Des criminels qui deviennent des icĂŽnes, comme Al Capone, qui transforme Chicago en capitale du crime, finance des soupes populaires avec l’argent du trafic, tout en faisant exĂ©cuter ses rivaux Ă  la mitraillette.Mais la Prohibition, ce n’est pas seulement l’histoire des gangsters. C’est aussi celle des Ă©checs du pouvoir, des contradictions d’une sociĂ©tĂ©, et du poids des idĂ©aux mal appliquĂ©s.C’est l’histoire d’une croisade morale dĂ©tournĂ©e par l’argent. D’un État qui perd la main.D’un peuple qui se rit des lois
 et qui en meurt parfois.Car Ă  force de distiller dans l’illĂ©galitĂ©, on fabrique des alcools frelatĂ©s, toxiques, dangereux. On mĂ©lange, on coupe, on triche. Et on enterre.Et puis il y a l’autre scĂšne : celle des bureaux, des couloirs du CongrĂšs, des caves du SĂ©nat pleines de bouteilles, pendant que les rues se remplissent de cadavres.La Prohibition devait moraliser l’AmĂ©rique. Elle l’a fracturĂ©e. Elle a sapĂ© la confiance dans les institutions. Elle a lĂ©gitimĂ© la corruption comme mode de gouvernement. Elle a semĂ© les bases du crime organisĂ© moderne.Et pourtant, cette pĂ©riode est aussi fascinante que trouble. Car elle interroge :Pourquoi une sociĂ©tĂ© dĂ©cide-t-elle de bannir quelque chose d’aussi ancrĂ© que l’alcool ?Pourquoi une loi, votĂ©e Ă  une Ă©crasante majoritĂ©, devient-elle si vite une mascarade ?Et pourquoi, malgrĂ© ses effets dĂ©sastreux, certains rĂȘvent-ils encore, aujourd’hui, de moraliser la sociĂ©tĂ© par la contrainte ?Ce que nous allons explorer, ce n’est pas seulement une pĂ©riode de l’histoire amĂ©ricaine.C’est un miroir tendu Ă  notre Ă©poque.Car derriĂšre les barils de whisky cachĂ©s dans les caves, derriĂšre les gangsters en costume et les descentes de police, il y a une question essentielle : que se passe-t-il quand la loi s’attaque Ă  la culture ? Et que reste-t-il, une fois la tempĂ©rance oubliĂ©e, mais que la violence, elle, est restĂ©e ?Mon invitĂ©e, l'historienne et spĂ©cialiste des Etats-Unis, Annick Foucrier, qui vient de sortir son dernier ouvrage, excellent, au nom Ă©vident "La Prohibition", chez Armand Colin

La Prohibition - 1/6

vendredi 27 juin - 12 min

Ça dĂ©marre toujours comme ça Par une bonne intention.Alors, on veut sauver les hommes de l’alcool, protĂ©ger les familles, ramener l’ordre moral.On veut guĂ©rir l’AmĂ©rique.Mais ce que les États-Unis vont vivre, Ă  partir de 1920, n’a rien d’une convalescence. C’est une descente. Une dĂ©cennie de violence, de double discours, d’hypocrisie politique et de criminalitĂ© organisĂ©e Ă  une Ă©chelle jamais vue.Pendant treize ans, la fabrication, la vente et le transport d’alcool deviennent illĂ©gaux sur l’ensemble du territoire amĂ©ricain. Officiellement, l’alcool est banni pour prĂ©server la nation, encourager la tempĂ©rance, rendre les citoyens meilleurs. En rĂ©alitĂ©, il ne disparaĂźt jamais. Il change de visage. Il entre en clandestinitĂ©. Et l’AmĂ©rique avec lui.DerriĂšre les façades closes des speakeasies (les bars clandestins), on danse sur du jazz, on trinque en cachette, on nĂ©gocie des pots-de-vin. La police dĂ©tourne les yeux, parfois la loi aussi. La boisson coule Ă  flot dans les villes, les caves, les arriĂšre-salles. Et dans les veines du pays.L’État croyait contrĂŽler une habitude. Il dĂ©couvre qu’il a rĂ©veillĂ© un monstre.Car interdire, ce n’est pas empĂȘcher.Et ce que la Prohibition interdit, elle va surtout le rendre rentable.Elle consacre des figures nouvelles.Des avocats devenus millionnaires, dont certains dissimulent leurs distilleries derriĂšre des pharmacies.Des criminels qui deviennent des icĂŽnes, comme Al Capone, qui transforme Chicago en capitale du crime, finance des soupes populaires avec l’argent du trafic, tout en faisant exĂ©cuter ses rivaux Ă  la mitraillette.Mais la Prohibition, ce n’est pas seulement l’histoire des gangsters. C’est aussi celle des Ă©checs du pouvoir, des contradictions d’une sociĂ©tĂ©, et du poids des idĂ©aux mal appliquĂ©s.C’est l’histoire d’une croisade morale dĂ©tournĂ©e par l’argent. D’un État qui perd la main.D’un peuple qui se rit des lois
 et qui en meurt parfois.Car Ă  force de distiller dans l’illĂ©galitĂ©, on fabrique des alcools frelatĂ©s, toxiques, dangereux. On mĂ©lange, on coupe, on triche. Et on enterre.Et puis il y a l’autre scĂšne : celle des bureaux, des couloirs du CongrĂšs, des caves du SĂ©nat pleines de bouteilles, pendant que les rues se remplissent de cadavres.La Prohibition devait moraliser l’AmĂ©rique. Elle l’a fracturĂ©e. Elle a sapĂ© la confiance dans les institutions. Elle a lĂ©gitimĂ© la corruption comme mode de gouvernement. Elle a semĂ© les bases du crime organisĂ© moderne.Et pourtant, cette pĂ©riode est aussi fascinante que trouble. Car elle interroge :Pourquoi une sociĂ©tĂ© dĂ©cide-t-elle de bannir quelque chose d’aussi ancrĂ© que l’alcool ?Pourquoi une loi, votĂ©e Ă  une Ă©crasante majoritĂ©, devient-elle si vite une mascarade ?Et pourquoi, malgrĂ© ses effets dĂ©sastreux, certains rĂȘvent-ils encore, aujourd’hui, de moraliser la sociĂ©tĂ© par la contrainte ?Ce que nous allons explorer, ce n’est pas seulement une pĂ©riode de l’histoire amĂ©ricaine.C’est un miroir tendu Ă  notre Ă©poque.Car derriĂšre les barils de whisky cachĂ©s dans les caves, derriĂšre les gangsters en costume et les descentes de police, il y a une question essentielle : que se passe-t-il quand la loi s’attaque Ă  la culture ? Et que reste-t-il, une fois la tempĂ©rance oubliĂ©e, mais que la violence, elle, est restĂ©e ?Mon invitĂ©e, l'historienne et spĂ©cialiste des Etats-Unis, Annick Foucrier, qui vient de sortir son dernier ouvrage, excellent, au nom Ă©vident "La Prohibition", chez Armand Colin

Histoire de l'Algérie #2 - 5/5

mardi 24 juin - 7 min

Cette Ă©mission - comme la prĂ©cĂ©dente - est dĂ©diĂ©e Ă  Boualem Sansal, toujours emprisonnĂ© par un Ă©tat barbare et inculte. Timeline, Ă  son petit niveau, luttera toujours contre la bĂȘtise, l'inculture, la barbarie, et l'injustice.Richard Fremder1830 ... L’Europe industrielle dĂ©barque Ă  Sidi Ferruch sous les plis du drapeau tricolore. DerriĂšre les canons, les promesses : pacifier, civiliser, moderniser. Mais dĂšs les premiĂšres heures, la conquĂȘte se mue en guerre totale, en rĂ©pression massive, en anĂ©antissement systĂ©matique des rĂ©sistances, Ă  commencer par celle d’Abdelkader. Ce n’est pas une colonie qui naĂźt, c’est une sociĂ©tĂ© fracturĂ©e, hiĂ©rarchisĂ©e, dominĂ©e.De 1830 Ă  1870, la violence fonde le droit. L’AlgĂ©rie est conquise « par le glaive et la charrue » : les troupes massacrent, les colons dĂ©frichent, les tribus sont dĂ©placĂ©es, affamĂ©es, regroupĂ©es. Les textes se succĂšdent, les RĂ©publiques changent, NapolĂ©on III parle d’un « royaume arabe », mais la logique reste : dominer, soumettre, exploiter. DerriĂšre les mots de progrĂšs, une tempĂȘte dĂ©mographique, un pillage organisĂ©, une rĂ©sistance enfouie.Puis vient le temps des certitudes. 1871 : la derniĂšre grande insurrection kabyle est matĂ©e. Le dĂ©cret CrĂ©mieux octroie la citoyennetĂ© aux Juifs mais la refuse aux musulmans. On parle d’« AlgĂ©rie française », mais il s’agit d’une colonie peuplĂ©e de citoyens et de sujets. Les EuropĂ©ens contrĂŽlent les terres, les banques, les tribunaux. Les AlgĂ©riens sont les indigĂšnes d’un territoire dont ils ne possĂšdent rien. On leur apprend MoliĂšre, mais on leur interdit leur langue. Le tourisme devient l’expression ultime du mĂ©pris : on visite les « indigĂšnes » comme des curiositĂ©s exotiques.1914-1918. Des dizaines de milliers d’AlgĂ©riens meurent pour une RĂ©publique qui ne les reconnaĂźt pas. En 1919, une idĂ©e nationale commence Ă  germer. Avec Messali Hadj, l’Association des OulĂ©mas ou l’Étoile nord-africaine, se construit un discours autonome, islamique ou laĂŻc, anticolonial, national. Mais les espoirs du centenaire sont Ă©crasĂ©s par le mĂ©pris, les promesses trahies, les rĂ©formes refusĂ©es. Les annĂ©es 1930 sont celles de l’impasse : une sociĂ©tĂ© cloisonnĂ©e, racialisĂ©e, incapable de dialogue.Puis vient le choc. 1945 : SĂ©tif, Guelma, Kherrata. Le drame, la censure, le silence. Le nationalisme algĂ©rien s’enflamme. En 1954, la guerre Ă©clate. La Toussaint sanglante ouvre une dĂ©cennie de violence, d’aveuglement, d’horreur partagĂ©e. Attentats, torture, regroupements, exĂ©cutions sommaires, propagande, contre-insurrection. Les femmes y prennent part, les artistes y trouvent un cri, les diplomates y cherchent une issue. Mais la RĂ©publique française s’effondre, minĂ©e par ses contradictions. En 1962, l’indĂ©pendance est proclamĂ©e, mais rien n’est rĂ©solu.Le chaos commence. D’un rĂȘve d’unitĂ© surgit la lutte pour le pouvoir. Le FLN triomphant n’a pas de programme, les accords d’Évian divisent, les harkis sont abandonnĂ©s, les Pieds-noirs fuient, les coopĂ©rants arrivent. Le peuple algĂ©rien, Ă©puisĂ© par 132 ans de domination, doit se rĂ©inventer dans l’urgence. L’autogestion, le socialisme, l’islam, la francophonie, l’arabisation : tout est mis sur la table. Mais rien ne prend racine. Entre les coups d’État militaires, les espoirs rĂ©volutionnaires, la guerre des Sables contre le Maroc, l’AlgĂ©rie indĂ©pendante cherche encore son visage.C’est cette pĂ©riode, de la dĂ©possession Ă  l’indĂ©pendance, que nous allons dĂ©crypter, toujours en compagnie de l'historien Michel Pierre, sans manichĂ©isme.Il s'agira de revenir sur les diffĂ©rentes complexitĂ©s si souvent caricaturĂ©es. C’est un demi-siĂšcle de convulsions, de rĂȘves brisĂ©s et d’horizons ouverts que nous allons explorer ensemble.

Le martyre de Georges Mandel - Antoine Mordacq

mardi 24 juin - 46 min

De son arrestation en 1940 Ă  sa mort en 1944, Georges Mandel, ancien ministre des Colonies puis de l'IntĂ©rieur, a Ă©tĂ© internĂ© par Vichy, enlevĂ© par les SS avant d'ĂȘtre dĂ©portĂ© en Allemagne puis ramenĂ© de force en France pour ĂȘtre livrĂ© Ă  la Milice et assassinĂ© en forĂȘt de Fontainebleau.La persĂ©cution dont il a Ă©tĂ© l'objet doit autant Ă  son refus de l'armistice en juin 1940 qu'au fait d'ĂȘtre juif : Mandel est rapidement devenu une cible prioritaire du rĂ©gime de PĂ©tain puis du pouvoir nazi.Au cours de ces quatre annĂ©es tragiques, l'ancien chef du cabinet civil de Clemenceau (1917-1919) au courage hĂ©roĂŻque ne s'est jamais fait d'illusion sur la fin qui l'attendait, comme le montrent ses archives personnelles.Ce sont ces annĂ©es que raconte Antoine Mordacq dans son ouvrage "Le martyre de Georges Mandel", Ă  partir d'archives considĂ©rables, notamment des lettres quasi-quotidiennes que Mandel, sa femme et sa fille s'Ă©crivent.Ce rĂ©cit brillant et haletant donne ainsi un nouvel Ă©clairage sur l'action d'un homme en rĂ©sistance face au nazisme et Ă  Vichy.Son auteur, Antoine Mordacq, est notre invitĂ© en studio

Histoire de l'Algérie #2 - 4/5

lundi 23 juin - 11 min

Cette Ă©mission - comme la prĂ©cĂ©dente - est dĂ©diĂ©e Ă  Boualem Sansal, toujours emprisonnĂ© par un Ă©tat barbare et inculte. Timeline, Ă  son petit niveau, luttera toujours contre la bĂȘtise, l'inculture, la barbarie, et l'injustice.Richard Fremder1830 ... L’Europe industrielle dĂ©barque Ă  Sidi Ferruch sous les plis du drapeau tricolore. DerriĂšre les canons, les promesses : pacifier, civiliser, moderniser. Mais dĂšs les premiĂšres heures, la conquĂȘte se mue en guerre totale, en rĂ©pression massive, en anĂ©antissement systĂ©matique des rĂ©sistances, Ă  commencer par celle d’Abdelkader. Ce n’est pas une colonie qui naĂźt, c’est une sociĂ©tĂ© fracturĂ©e, hiĂ©rarchisĂ©e, dominĂ©e.De 1830 Ă  1870, la violence fonde le droit. L’AlgĂ©rie est conquise « par le glaive et la charrue » : les troupes massacrent, les colons dĂ©frichent, les tribus sont dĂ©placĂ©es, affamĂ©es, regroupĂ©es. Les textes se succĂšdent, les RĂ©publiques changent, NapolĂ©on III parle d’un « royaume arabe », mais la logique reste : dominer, soumettre, exploiter. DerriĂšre les mots de progrĂšs, une tempĂȘte dĂ©mographique, un pillage organisĂ©, une rĂ©sistance enfouie.Puis vient le temps des certitudes. 1871 : la derniĂšre grande insurrection kabyle est matĂ©e. Le dĂ©cret CrĂ©mieux octroie la citoyennetĂ© aux Juifs mais la refuse aux musulmans. On parle d’« AlgĂ©rie française », mais il s’agit d’une colonie peuplĂ©e de citoyens et de sujets. Les EuropĂ©ens contrĂŽlent les terres, les banques, les tribunaux. Les AlgĂ©riens sont les indigĂšnes d’un territoire dont ils ne possĂšdent rien. On leur apprend MoliĂšre, mais on leur interdit leur langue. Le tourisme devient l’expression ultime du mĂ©pris : on visite les « indigĂšnes » comme des curiositĂ©s exotiques.1914-1918. Des dizaines de milliers d’AlgĂ©riens meurent pour une RĂ©publique qui ne les reconnaĂźt pas. En 1919, une idĂ©e nationale commence Ă  germer. Avec Messali Hadj, l’Association des OulĂ©mas ou l’Étoile nord-africaine, se construit un discours autonome, islamique ou laĂŻc, anticolonial, national. Mais les espoirs du centenaire sont Ă©crasĂ©s par le mĂ©pris, les promesses trahies, les rĂ©formes refusĂ©es. Les annĂ©es 1930 sont celles de l’impasse : une sociĂ©tĂ© cloisonnĂ©e, racialisĂ©e, incapable de dialogue.Puis vient le choc. 1945 : SĂ©tif, Guelma, Kherrata. Le drame, la censure, le silence. Le nationalisme algĂ©rien s’enflamme. En 1954, la guerre Ă©clate. La Toussaint sanglante ouvre une dĂ©cennie de violence, d’aveuglement, d’horreur partagĂ©e. Attentats, torture, regroupements, exĂ©cutions sommaires, propagande, contre-insurrection. Les femmes y prennent part, les artistes y trouvent un cri, les diplomates y cherchent une issue. Mais la RĂ©publique française s’effondre, minĂ©e par ses contradictions. En 1962, l’indĂ©pendance est proclamĂ©e, mais rien n’est rĂ©solu.Le chaos commence. D’un rĂȘve d’unitĂ© surgit la lutte pour le pouvoir. Le FLN triomphant n’a pas de programme, les accords d’Évian divisent, les harkis sont abandonnĂ©s, les Pieds-noirs fuient, les coopĂ©rants arrivent. Le peuple algĂ©rien, Ă©puisĂ© par 132 ans de domination, doit se rĂ©inventer dans l’urgence. L’autogestion, le socialisme, l’islam, la francophonie, l’arabisation : tout est mis sur la table. Mais rien ne prend racine. Entre les coups d’État militaires, les espoirs rĂ©volutionnaires, la guerre des Sables contre le Maroc, l’AlgĂ©rie indĂ©pendante cherche encore son visage.C’est cette pĂ©riode, de la dĂ©possession Ă  l’indĂ©pendance, que nous allons dĂ©crypter, toujours en compagnie de l'historien Michel Pierre, sans manichĂ©isme.Il s'agira de revenir sur les diffĂ©rentes complexitĂ©s si souvent caricaturĂ©es. C’est un demi-siĂšcle de convulsions, de rĂȘves brisĂ©s et d’horizons ouverts que nous allons explorer ensemble.

Histoire de l'Algérie #2 - 3/5

dimanche 22 juin - 13 min

Cette Ă©mission - comme la prĂ©cĂ©dente - est dĂ©diĂ©e Ă  Boualem Sansal, toujours emprisonnĂ© par un Ă©tat barbare et inculte. Timeline, Ă  son petit niveau, luttera toujours contre la bĂȘtise, l'inculture, la barbarie, et l'injustice.Richard Fremder1830 ... L’Europe industrielle dĂ©barque Ă  Sidi Ferruch sous les plis du drapeau tricolore. DerriĂšre les canons, les promesses : pacifier, civiliser, moderniser. Mais dĂšs les premiĂšres heures, la conquĂȘte se mue en guerre totale, en rĂ©pression massive, en anĂ©antissement systĂ©matique des rĂ©sistances, Ă  commencer par celle d’Abdelkader. Ce n’est pas une colonie qui naĂźt, c’est une sociĂ©tĂ© fracturĂ©e, hiĂ©rarchisĂ©e, dominĂ©e.De 1830 Ă  1870, la violence fonde le droit. L’AlgĂ©rie est conquise « par le glaive et la charrue » : les troupes massacrent, les colons dĂ©frichent, les tribus sont dĂ©placĂ©es, affamĂ©es, regroupĂ©es. Les textes se succĂšdent, les RĂ©publiques changent, NapolĂ©on III parle d’un « royaume arabe », mais la logique reste : dominer, soumettre, exploiter. DerriĂšre les mots de progrĂšs, une tempĂȘte dĂ©mographique, un pillage organisĂ©, une rĂ©sistance enfouie.Puis vient le temps des certitudes. 1871 : la derniĂšre grande insurrection kabyle est matĂ©e. Le dĂ©cret CrĂ©mieux octroie la citoyennetĂ© aux Juifs mais la refuse aux musulmans. On parle d’« AlgĂ©rie française », mais il s’agit d’une colonie peuplĂ©e de citoyens et de sujets. Les EuropĂ©ens contrĂŽlent les terres, les banques, les tribunaux. Les AlgĂ©riens sont les indigĂšnes d’un territoire dont ils ne possĂšdent rien. On leur apprend MoliĂšre, mais on leur interdit leur langue. Le tourisme devient l’expression ultime du mĂ©pris : on visite les « indigĂšnes » comme des curiositĂ©s exotiques.1914-1918. Des dizaines de milliers d’AlgĂ©riens meurent pour une RĂ©publique qui ne les reconnaĂźt pas. En 1919, une idĂ©e nationale commence Ă  germer. Avec Messali Hadj, l’Association des OulĂ©mas ou l’Étoile nord-africaine, se construit un discours autonome, islamique ou laĂŻc, anticolonial, national. Mais les espoirs du centenaire sont Ă©crasĂ©s par le mĂ©pris, les promesses trahies, les rĂ©formes refusĂ©es. Les annĂ©es 1930 sont celles de l’impasse : une sociĂ©tĂ© cloisonnĂ©e, racialisĂ©e, incapable de dialogue.Puis vient le choc. 1945 : SĂ©tif, Guelma, Kherrata. Le drame, la censure, le silence. Le nationalisme algĂ©rien s’enflamme. En 1954, la guerre Ă©clate. La Toussaint sanglante ouvre une dĂ©cennie de violence, d’aveuglement, d’horreur partagĂ©e. Attentats, torture, regroupements, exĂ©cutions sommaires, propagande, contre-insurrection. Les femmes y prennent part, les artistes y trouvent un cri, les diplomates y cherchent une issue. Mais la RĂ©publique française s’effondre, minĂ©e par ses contradictions. En 1962, l’indĂ©pendance est proclamĂ©e, mais rien n’est rĂ©solu.Le chaos commence. D’un rĂȘve d’unitĂ© surgit la lutte pour le pouvoir. Le FLN triomphant n’a pas de programme, les accords d’Évian divisent, les harkis sont abandonnĂ©s, les Pieds-noirs fuient, les coopĂ©rants arrivent. Le peuple algĂ©rien, Ă©puisĂ© par 132 ans de domination, doit se rĂ©inventer dans l’urgence. L’autogestion, le socialisme, l’islam, la francophonie, l’arabisation : tout est mis sur la table. Mais rien ne prend racine. Entre les coups d’État militaires, les espoirs rĂ©volutionnaires, la guerre des Sables contre le Maroc, l’AlgĂ©rie indĂ©pendante cherche encore son visage.C’est cette pĂ©riode, de la dĂ©possession Ă  l’indĂ©pendance, que nous allons dĂ©crypter, toujours en compagnie de l'historien Michel Pierre, sans manichĂ©isme.Il s'agira de revenir sur les diffĂ©rentes complexitĂ©s si souvent caricaturĂ©es. C’est un demi-siĂšcle de convulsions, de rĂȘves brisĂ©s et d’horizons ouverts que nous allons explorer ensemble.

Histoire de l'Algérie #2 - 2/5

samedi 21 juin - 10 min

Cette Ă©mission - comme la prĂ©cĂ©dente - est dĂ©diĂ©e Ă  Boualem Sansal, toujours emprisonnĂ© par un Ă©tat barbare et inculte. Timeline, Ă  son petit niveau, luttera toujours contre la bĂȘtise, l'inculture, la barbarie, et l'injustice.Richard Fremder1830 ... L’Europe industrielle dĂ©barque Ă  Sidi Ferruch sous les plis du drapeau tricolore. DerriĂšre les canons, les promesses : pacifier, civiliser, moderniser. Mais dĂšs les premiĂšres heures, la conquĂȘte se mue en guerre totale, en rĂ©pression massive, en anĂ©antissement systĂ©matique des rĂ©sistances, Ă  commencer par celle d’Abdelkader. Ce n’est pas une colonie qui naĂźt, c’est une sociĂ©tĂ© fracturĂ©e, hiĂ©rarchisĂ©e, dominĂ©e.De 1830 Ă  1870, la violence fonde le droit. L’AlgĂ©rie est conquise « par le glaive et la charrue » : les troupes massacrent, les colons dĂ©frichent, les tribus sont dĂ©placĂ©es, affamĂ©es, regroupĂ©es. Les textes se succĂšdent, les RĂ©publiques changent, NapolĂ©on III parle d’un « royaume arabe », mais la logique reste : dominer, soumettre, exploiter. DerriĂšre les mots de progrĂšs, une tempĂȘte dĂ©mographique, un pillage organisĂ©, une rĂ©sistance enfouie.Puis vient le temps des certitudes. 1871 : la derniĂšre grande insurrection kabyle est matĂ©e. Le dĂ©cret CrĂ©mieux octroie la citoyennetĂ© aux Juifs mais la refuse aux musulmans. On parle d’« AlgĂ©rie française », mais il s’agit d’une colonie peuplĂ©e de citoyens et de sujets. Les EuropĂ©ens contrĂŽlent les terres, les banques, les tribunaux. Les AlgĂ©riens sont les indigĂšnes d’un territoire dont ils ne possĂšdent rien. On leur apprend MoliĂšre, mais on leur interdit leur langue. Le tourisme devient l’expression ultime du mĂ©pris : on visite les « indigĂšnes » comme des curiositĂ©s exotiques.1914-1918. Des dizaines de milliers d’AlgĂ©riens meurent pour une RĂ©publique qui ne les reconnaĂźt pas. En 1919, une idĂ©e nationale commence Ă  germer. Avec Messali Hadj, l’Association des OulĂ©mas ou l’Étoile nord-africaine, se construit un discours autonome, islamique ou laĂŻc, anticolonial, national. Mais les espoirs du centenaire sont Ă©crasĂ©s par le mĂ©pris, les promesses trahies, les rĂ©formes refusĂ©es. Les annĂ©es 1930 sont celles de l’impasse : une sociĂ©tĂ© cloisonnĂ©e, racialisĂ©e, incapable de dialogue.Puis vient le choc. 1945 : SĂ©tif, Guelma, Kherrata. Le drame, la censure, le silence. Le nationalisme algĂ©rien s’enflamme. En 1954, la guerre Ă©clate. La Toussaint sanglante ouvre une dĂ©cennie de violence, d’aveuglement, d’horreur partagĂ©e. Attentats, torture, regroupements, exĂ©cutions sommaires, propagande, contre-insurrection. Les femmes y prennent part, les artistes y trouvent un cri, les diplomates y cherchent une issue. Mais la RĂ©publique française s’effondre, minĂ©e par ses contradictions. En 1962, l’indĂ©pendance est proclamĂ©e, mais rien n’est rĂ©solu.Le chaos commence. D’un rĂȘve d’unitĂ© surgit la lutte pour le pouvoir. Le FLN triomphant n’a pas de programme, les accords d’Évian divisent, les harkis sont abandonnĂ©s, les Pieds-noirs fuient, les coopĂ©rants arrivent. Le peuple algĂ©rien, Ă©puisĂ© par 132 ans de domination, doit se rĂ©inventer dans l’urgence. L’autogestion, le socialisme, l’islam, la francophonie, l’arabisation : tout est mis sur la table. Mais rien ne prend racine. Entre les coups d’État militaires, les espoirs rĂ©volutionnaires, la guerre des Sables contre le Maroc, l’AlgĂ©rie indĂ©pendante cherche encore son visage.C’est cette pĂ©riode, de la dĂ©possession Ă  l’indĂ©pendance, que nous allons dĂ©crypter, toujours en compagnie de l'historien Michel Pierre, sans manichĂ©isme.Il s'agira de revenir sur les diffĂ©rentes complexitĂ©s si souvent caricaturĂ©es. C’est un demi-siĂšcle de convulsions, de rĂȘves brisĂ©s et d’horizons ouverts que nous allons explorer ensemble.

Histoire de l'Algérie #2 - 1/5

vendredi 20 juin - 10 min

Cette Ă©mission - comme la prĂ©cĂ©dente - est dĂ©diĂ©e Ă  Boualem Sansal, toujours emprisonnĂ© par un Ă©tat barbare et inculte. Timeline, Ă  son petit niveau, luttera toujours contre la bĂȘtise, l'inculture, la barbarie, et l'injustice.Richard Fremder1830 ... L’Europe industrielle dĂ©barque Ă  Sidi Ferruch sous les plis du drapeau tricolore. DerriĂšre les canons, les promesses : pacifier, civiliser, moderniser. Mais dĂšs les premiĂšres heures, la conquĂȘte se mue en guerre totale, en rĂ©pression massive, en anĂ©antissement systĂ©matique des rĂ©sistances, Ă  commencer par celle d’Abdelkader. Ce n’est pas une colonie qui naĂźt, c’est une sociĂ©tĂ© fracturĂ©e, hiĂ©rarchisĂ©e, dominĂ©e.De 1830 Ă  1870, la violence fonde le droit. L’AlgĂ©rie est conquise « par le glaive et la charrue » : les troupes massacrent, les colons dĂ©frichent, les tribus sont dĂ©placĂ©es, affamĂ©es, regroupĂ©es. Les textes se succĂšdent, les RĂ©publiques changent, NapolĂ©on III parle d’un « royaume arabe », mais la logique reste : dominer, soumettre, exploiter. DerriĂšre les mots de progrĂšs, une tempĂȘte dĂ©mographique, un pillage organisĂ©, une rĂ©sistance enfouie.Puis vient le temps des certitudes. 1871 : la derniĂšre grande insurrection kabyle est matĂ©e. Le dĂ©cret CrĂ©mieux octroie la citoyennetĂ© aux Juifs mais la refuse aux musulmans. On parle d’« AlgĂ©rie française », mais il s’agit d’une colonie peuplĂ©e de citoyens et de sujets. Les EuropĂ©ens contrĂŽlent les terres, les banques, les tribunaux. Les AlgĂ©riens sont les indigĂšnes d’un territoire dont ils ne possĂšdent rien. On leur apprend MoliĂšre, mais on leur interdit leur langue. Le tourisme devient l’expression ultime du mĂ©pris : on visite les « indigĂšnes » comme des curiositĂ©s exotiques.1914-1918. Des dizaines de milliers d’AlgĂ©riens meurent pour une RĂ©publique qui ne les reconnaĂźt pas. En 1919, une idĂ©e nationale commence Ă  germer. Avec Messali Hadj, l’Association des OulĂ©mas ou l’Étoile nord-africaine, se construit un discours autonome, islamique ou laĂŻc, anticolonial, national. Mais les espoirs du centenaire sont Ă©crasĂ©s par le mĂ©pris, les promesses trahies, les rĂ©formes refusĂ©es. Les annĂ©es 1930 sont celles de l’impasse : une sociĂ©tĂ© cloisonnĂ©e, racialisĂ©e, incapable de dialogue.Puis vient le choc. 1945 : SĂ©tif, Guelma, Kherrata. Le drame, la censure, le silence. Le nationalisme algĂ©rien s’enflamme. En 1954, la guerre Ă©clate. La Toussaint sanglante ouvre une dĂ©cennie de violence, d’aveuglement, d’horreur partagĂ©e. Attentats, torture, regroupements, exĂ©cutions sommaires, propagande, contre-insurrection. Les femmes y prennent part, les artistes y trouvent un cri, les diplomates y cherchent une issue. Mais la RĂ©publique française s’effondre, minĂ©e par ses contradictions. En 1962, l’indĂ©pendance est proclamĂ©e, mais rien n’est rĂ©solu.Le chaos commence. D’un rĂȘve d’unitĂ© surgit la lutte pour le pouvoir. Le FLN triomphant n’a pas de programme, les accords d’Évian divisent, les harkis sont abandonnĂ©s, les Pieds-noirs fuient, les coopĂ©rants arrivent. Le peuple algĂ©rien, Ă©puisĂ© par 132 ans de domination, doit se rĂ©inventer dans l’urgence. L’autogestion, le socialisme, l’islam, la francophonie, l’arabisation : tout est mis sur la table. Mais rien ne prend racine. Entre les coups d’État militaires, les espoirs rĂ©volutionnaires, la guerre des Sables contre le Maroc, l’AlgĂ©rie indĂ©pendante cherche encore son visage.C’est cette pĂ©riode, de la dĂ©possession Ă  l’indĂ©pendance, que nous allons dĂ©crypter, toujours en compagnie de l'historien Michel Pierre, sans manichĂ©isme.Il s'agira de revenir sur les diffĂ©rentes complexitĂ©s si souvent caricaturĂ©es. C’est un demi-siĂšcle de convulsions, de rĂȘves brisĂ©s et d’horizons ouverts que nous allons explorer ensemble.

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