La jeunesse David Bowie
Né à Londres en 1947, David Bowie est un auteur, compositeur, interprète et acteur anglais. À l’âge de 8 ans, il entre à la Burnt Ash Primary School. Alors qu’il souhaite rejoindre la chorale de l’école, sa voix est jugée passable et il joue mieux de la flûte à bec que la moyenne de ses camarades, il est donc accepté. L’année suivante, il se distingue lors de cours de danse en faisant preuve de beaucoup d’imagination et de créativité. Son père, grand amateur de musique, collectionne les 45 tours. Très jeune, David Bowie découvre les Platters, Fats Domino, Elvis Presley ou encore Little Richard. La découverte de ces classiques de la musique américaine lui donne envie de jouer d’un instrument. Il se met ainsi au ukulélé et commence à apprendre le piano. Il s’inscrit ensuite au lycée technique de Bromley pour suivre des cours sur la musique, l’art et le design. À cette époque, son demi-frère lui fait découvrir Charles Mingus et John Coltrane. Voyant son fils enthousiasmé par ce jazz moderne, sa mère décide de lui offrir son premier saxophone. En 1962, David Bowie, réputé pour un être un élève doué mais bagarreur, a une altercation avec un de ses amis, George Underwood qui lui donne un coup de poing dans l’œil gauche. Malgré différentes interventions, les médecins ne parviennent pas à le guérir complètement. David Bowie conserve de cet épisode une pupille constamment dilatée. Cette différence de couleur entre les deux yeux, que beaucoup pensent, à tort, liée à une hétérochromie, est un des traits les plus distinctifs du chanteur. Celui-ci n’en tiendra d’ailleurs pas rigueur à George Underwood avec qui il collabora pour la conception de la pochette de certains de ses albums.
Les débuts d’un artiste unique
David Bowie monte son premier groupe, The Konrads en 1962, avec lequel il joue dans des bals ou des fêtes de mariage. Au bout de quelques mois, déçu par le manque d’ambition de ses acolytes, il rejoint une autre formation, The King Bees. Il décide d’envoyer à John Bloom, un homme d’affaires anglais ayant fait fortune dans les machines à laver, un courrier lui demandant d’être leur manager. Le businessman ne lui répond pas directement mais transmet sa demande à Leslie Conn, un imprésario qui lui permet d’enregistrer son premier disque "Liza Jane". Le disque ne rencontre pas le succès escompté. David Bowie sort deux autres titres pendant qu’il est sous contrat avec Leslie Conn mais ils connaissent le même sort et sont en deçà des attentes des deux hommes. David Bowie met donc fin à cette collaboration et se tourne vers un nouvel agent Ralph Horton, puis vers Ken Pitt. Toutes les chansons de cette époque ne connaissent qu’un succès d’estime. Son premier album éponyme ne rencontre toujours pas son public, au grand dam du chanteur anglais qui s’inscrit alors dans les cours de danse de Lindsay Kemp au London Dance Centre. Il y découvre le mime, le théâtre avant-gardiste et développe pendant cette période un goût certain pour le maquillage et le fait de se transformer en un personnage extravagant quand il est sur scène. En 1968, il rencontre une jeune danseuse, Hermione Farthingale, qui devient sa petite amie. En compagnie de cette dernière et du guitariste John Hutchinson, il commence à se produire sur scène dans un spectacle associant musique, mime et poésie. Après sa séparation d’avec celle qui partageait sa vie, David Bowie entre dans une période assez difficile où il doit enchaîner des petites apparitions dans des spots publicitaires pour pouvoir payer ses factures. En novembre 1969, il parvient néanmoins à enregistrer un deuxième album après avoir signé un contrat avec Philips. Contenant le titre "Space Oddity", le disque baptisé à l’occasion de sa sortie américaine "Man of Words, Man of Music", connaît également des ventes décevantes. Il en sera de même pour ses deux albums suivants. Il faudra attendre le début des années 70 pour que la carrière de David Bowie décolle enfin grâce à la création d’un personnage devenu mythique.
La création de Ziggy Stardust
Le 10 février 1972, les spectateurs présents lors du concert d’ouverture de la nouvelle tournée du chanteur ont le privilège d’assister à un événement qui a marqué l’histoire du Rock : la première apparition sur scène de l’alter ego de David Bowie, Ziggy Stardust. Se présentant comme un extraterrestre venu sur Terre pour être une star du rock, il est vêtu d’un costume extravagant, a les cheveux teints en rouge et est entouré de ses musiciens, les "Spiders from Mars". Pendant plus de six mois, la tournée suivant la sortie de l’album "The Rise and The Fall of Ziggy Stardust and The Spiders From Mars" traverse le Royaume-Uni devant un public toujours plus nombreux. Avec des titres comme "The Man Who Sold The World" ou "Hunky Dory", le disque participe à la création du "Glam rock". Le premier single à être tiré de l’album est la chanson "Starman". Celle-ci se place rapidement parmi les meilleures ventes de disques en Angleterre de même que les autres chansons qui seront issues de cet opus devenu mythique. Après leur tournée européenne, David Bowie et ses musiciens traversent l’Atlantique pour se produire aux États-Unis. C’est à cette époque que l’artiste compose la majorité des titres qui constituent son futur album "Aladdin Sane".
La genèse d’"Aladdin Sane"
Lorsqu’il arrive aux États-Unis, David Bowie est auréolé de succès après sa tournée triomphale dans son Angleterre natale. Bien décidé à conquérir ce nouveau continent où personne ne le connaît encore, il arrive à New York le 17 septembre et se produit dès le 22 septembre dans une salle de Cleveland. Travaillant avec un nouveau manager, Tony Defries, le chanteur, voit grand pour cette tournée américaine et de nombreuses dates sont annoncées à travers tout le pays. Néanmoins, l’accueil qu’il reçoit est plus mitigé qu’au Royaume-Uni. En effet, les États du sud du pays, très conservateurs, ont du mal à accepter la bisexualité assumée de Ziggy Stardust. Après deux mois de tournée, David Bowie n’est pas encore la grande star qu’il ambitionnait d'être à son arrivée aux États-Unis, mais il a acquis une certaine notoriété. Cette expérience a surtout été pour lui l’occasion de découvrir un pays qui le faisait rêver depuis l’enfance. Il s’inspira de la traversée des différents États pour écrire quelques titres d’"Aladdin Sane". Pour chaque chanson, il fit figurer sur l’album la ville à l’origine de cette composition : New York pour le titre "Watch That Man" ou encore La Nouvelle-Orléans pour "Time". Il suffit de quatre mois à David Bowie pour écrire et enregistrer "Aladdin Sane". Il s’entoure une nouvelle fois des "Spiders From Mars" auxquels s’adjoignent quelques musiciens supplémentaires. Alors qu’il est en train de travailler à la production du premier album solo de Lou Reed "Transformer", David Bowie commence à New York l’enregistrement des nouvelles chansons. Il commence par "The Jean Genie" et, sentant le fort potentiel du titre, décide de le sortir dans la foulée. Il se classe directement à la quatrième place des meilleures ventes de disques en Angleterre. Le chanteur retourne en studio où il termine l’enregistrement des titres restants."Aladdin Sane" paraît le 13 avril 1973 et est aujourd’hui un album culte pour tous les fans de rock.
Un album entré dans la légende
Avec plus de 100 000 précommandes engrangées avant sa sortie, l’album est immédiatement certifié disque d’or. Il se classe à la première place des ventes de disques dès le début de mai et occupera cette place pendant cinq semaines consécutives. S’inscrivant dans la lignée glam rock de l’album précédent, "Aladdin Sane" offre néanmoins un son plus agressif mettant davantage en avant les guitares électriques de Mick Ronson. La pochette de l’album, signée par le photographe Brian Duffy, a également participé à faire de David Bowie une icône. Le représentant de face, torse nu, les yeux clos avec un maquillage rouge et bleu en forme d’éclair, cette photographie est devenue indissociable de l’artiste. Proposée lors de sa sortie en sept couleurs différentes, la pochette nécessitait d’être fabriquée par une usine spécialisée en Suisse, ce qui en fit la plus chère de l’époque, comme le souhaitait alors Tony Defries, le manager de David Bowie, conscient que cet album allait marquer son époque et les générations suivantes.