Concert au Lyceum – Londres, juillet 1975
Parmi les concerts mythiques donnés par Bob Marley, il y a celui qui fera l’objet d’un enregistrement en live et de la sortie du premier album live de Bob Marley and The Wailers en décembre de la même année : les concerts des 17 et 18 juillet 1975 dans le théâtre londonien le Lyceum. Sur scène, au micro et à la guitare, Bob Marley. Il est entouré de Carlton Barrett à la batterie, d’Aston Barrett à la basse, de Tyrone Downie au clavier, d’Alvin Patterson aux percussions et d’Al Anderson à la guitare. La salle qui peut accueillir 2000 spectateurs est comble. Nombre de fans du roi du reggae, qui arrive d’une tournée américaine, n’ont pas pu obtenir de place. Parmi les chanceux, survoltés, qui ont pu obtenir un billet, on note 50% de Blancs, fait exceptionnel pour un chanteur métis longtemps dénigré. Bob Marley and The Wailers mettent le feu à la salle avec des chansons comme "Trenchtown Rock", "No Woman, No Cry", "I Shot The Sheriff", ou "Get Up, Stand Up", pour ne citer que ces exemples. Le live de la chanson "No Woman, No Cry", enregistré lors de ces concerts, va faire un carton sur les ondes et entrer dans le Top 40 britannique. Voilà un concert qui fera date dans la carrière de Bob Marley, entamée dix années plus tôt. C’est en effet ce concert qui marquera le début de la reconnaissance du chanteur hors des frontières de Jamaïque.
Smile Jamaica concert au National Heroes Park – Kingston (Jamaïque), décembre 1976
Ce concert de Bob Marley and The Wailers est historique à plus d’un titre. Déjà, son contexte : le 3 décembre 1976, deux jours avant ce concert, Bob Marley a été victime d’une tentative d’assassinat dans sa maison de Kinston. Attaqués par six hommes armés, lui et sa femme ont été légèrement blessés. Parmi les attaquants et les gardes du corps du chanteur, on déplore des morts. Mais il en faudrait plus pour empêcher celui que l’on surnomme "Jah" (Dieu dans la foi rastafari) de monter sur scène seulement 48 heures plus tard, sur l’invitation du président jamaïcain d’alors, Michael Manley. Ce dernier a en effet organisé un concert gratuit dans le but d’apaiser les esprits, tandis que les tensions politiques, la violence, les rivalités entre gangs déchirent son pays. Mieux : alors que Bob Marley and The Wailers n’étaient censés monter sur la scène du National Heroes Park que pour l’interprétation d’une seule et unique chanson, ils vont enchaîner les titres pendant plus d’une heure trente. Un concert historique, pour lequel on parle de la résurrection du roi du reggae, au cours duquel le public a pu écouter ses plus grands succès comme "Smile Jamaica", "Keep on Moving", "Jah" ou encore "Rebel Music" entre autres.
One Love Peace Concert au stade national de Kingston – Jamaïque, avril 1978
En 1978, la guerre civile fait rage en Jamaïque et les tensions politiques sont extrêmes. Dix ans plus tôt jour pour jour, le président éthiopien Haïlé Sélassié Ier, emblème du mouvement rastafari, qui prône la fin de l’esclavage et de la suprématie blanche sur les Noirs, s’est rendu en Jamaïque. Aussi, en hommage à cette visite, et dans le but d’œuvrer pour la paix, un concert appelé "One Love Peace Concert" est donné à Kingston le 22 avril 1978, auquel participent Bob Marley and The Wailers, mais aussi d’autres chanteurs de reggae comme Dennis Brown, Dillinger, Peter Tosh ou Ras Michael and The Sons of Negus. Bob Marley s’était tenu depuis deux ans à l’écart de la scène et opère son retour avec un concert hautement symbolique. On se souvient du geste marquant de ce concert lorsque Bob Marley décide de faire se serrer la main à deux ennemis jurés, Michael Manley (premier ministre, PNP) et Edward Seaga (leader du Jamaica Labour Party), opposants politiques. Cela ne suffira hélas pas à rendre le calme en Jamaïque qui connaîtra juste après des élections sanglantes. Un concert au cours duquel Bob Marley chante une dizaine de chansons, dont "Lion of Judah", "Trenchtown Rock", "Natty Dread", "Positive Vibration" ou le titre devenu culte "One Love".
Concert pour l’indépendance du Zimbabwe au Rufaro Stadium de Salisbury – Zimbabwe, avril 1980
Le 17 avril 1980 célèbre un événement historique majeur : l’accession du Zimbabwe à l’indépendance, après quatorze années de conflits pour se libérer de la colonisation britannique. Pour célébrer cet accès à l’indépendance, un grand concert gratuit pour tous est donné devant trente-cinq mille personnes au Rufaro Stadium de Salisbury (capitale qui prendra le nom d’Harare). Est invité à ce concert Bob Marley, lequel accepte de participer, voyant là une occasion de chanter sur la terre africaine, mère du mouvement rastafari. Et l’occasion de défendre sa chanson écrite quelques mois plus tôt "Zimbabwe", pour défendre les combattants africains contre la suprématie britannique. En présence de Robert Mugabe (nouveau premier ministre du Zimbabwe) et du Prince Charles, le drapeau britannique cède la place à celui, rayé de rouge, vert, jaune, blanc et noir, du Zimbabwe. À minuit, Bob Marley fait son entrée sur scène et met le feu dans le public en liesse. Un concert perturbé par la foule maintenue à l’écart faute de place et qui décide de forcer les barricades, ce qui déclenche une bagarre et des ripostes de la police aux gaz lacrymogènes. Mais voilà qui n’est pas de nature à perturber Bob Marley qui continuera à chanter sur scène malgré le départ de ses musiciens, incommodés par les gaz irritants.
Concert de Bob Marley au Bourget – France, juillet 1980
Nous sommes le 3 juillet 1980 et Bob Marley and The Wailers font une halte en France, aux portes de Paris, pour un concert mythique au Bourget, devant 50 000 personnes assises sur l’herbe sous une météo capricieuse. Depuis les événements de mai 1968 qui avaient agité la France, on n’avait plus vu pareil rassemblement de jeunes. Le pape du reggae et véritable héros des communautés noires, porte-parole des personnes vivant dans les ghettos et des opprimés, a alors embarqué la foule dans ses chansons à la musique chaloupée et aux textes engagés. Sur scène, il chante les titres de son album "Uprising", huitième et dernier album studio de Bob Marley and The Wailers, puisque le chanteur apprendra peu de temps après être atteint d’un cancer généralisé.
Concert live au Madison Square Garden – New York, septembre 1980
Dans le cadre de la grande tournée mondiale de Bob Marley and The Wailers et du succès phénoménal rencontré par le pape du reggae aussi bien en Europe qu’en Afrique ou en Asie, il reste cependant un îlot de résistance aux charmes du reggae : les États-Unis, peu sensibles, y compris parmi la communauté afro-américaine, à la musique du chanteur jamaïcain. Bob Marley décide donc de faire découvrir son répertoire aux Américains lors de la première partie du concert des Commodores, sur la scène du Madison Square Garden de New York, le 20 septembre 1980. Les Commodores, groupe de soul et funk dont Lionel Richie fut longtemps le chanteur, sont alors très populaires aux États-Unis. Et pourtant, Bob Marley and The Wailers vont tellement embraser la scène lors du concert qu’ils vont parvenir à éclipser les Commodores dans les médias. Du concert au Madison Square Garden, la presse comme la radio ne retiennent que les performances exceptionnelles des Jamaïcains. Cette salle de concert reste un des lieux emblématiques de la carrière du pape du reggae et une belle revanche pour le chanteur dont l’enfance a été marquée par l’absence de ses parents et une extrême pauvreté. Ce sera aussi le dernier concert de Bob Marley, rattrapé le week-end suivant par un malaise, révélateur de la généralisation d’un cancer.
Près de quarante ans après sa mort, celui qui était une icône de son vivant est entré dans la légende, symbole de la lutte pour la paix et pour l’égalité entre les peuples.