La soul perd l’un de ses plus grands inspirateurs. La famille de Syl Johnson a annoncé dimanche la disparition du chanteur à l’âge de 85 ans. Le musicien de talent, qui a imprimé de sa marque la soul, le rhythm and blues et le funk, s’est éteint quelques jours après la disparition de son frère musicien Jimmy. "C'est avec une extrême tristesse que notre famille annonce le décès de la légende du Soul & Blues Hall of Fame, Syl Johnson. Papa, frère, grand-père, arrière-grand-père, oncle, ami et artiste, il a vécu sa vie en tant que chanteur, musicien et entrepreneur qui aimait la musique noire", a déclaré sa famille dans un communiqué.
"Plus soul que Marvin, plus funk que James"
Né un 1er juillet 1936 dans la petite ville de Holly Springs, dans l’Etat du Mississipi, Syl Johnson va éprouver durement la pauvreté et la ségrégation qui sévit dans les états du sud des Etats-Unis. Il en fera l’un des thèmes de ses chansons et notamment du titre Is it because I’m Black, l’un de ses plus grands succès, qui se classera 11ème des charts R&B outre-Atlantique en 1969, et accompagnera la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis.
Guitariste de blues, il joue dans les années 1950 avec des musiciens influents, comme Magic Sam, avant de lancer sa carrière solo et signer notamment avec le label de Chicago Twinight Records, dont il devient la figure de proue. Musicien "touche-à-tout. Plus soul que Marvin (Gaye), plus funk que James (Brown)", comme il se décrivait lui-même non sans une certaine présomption, Syl Johnson a marqué de son emprunte mélodique et profonde la musique soul et constitue parmi les plus grandes références du genre.
Source d’inspiration des rappeurs
Si son plus grand succès sera sa reprise de Take Me To the River, de son compagnon de label Al Green, en 1975, les albums Dresses Too Short et Is It Because I’m Black, sortis respectivement en 1968 et 1969, sont des bijoux de composition et de sensibilité, à l’image des titres Together Forever, Concrete Reservation, Soul Drippin’, Come on Sock It to Me auxquels se mêlent une approche du funk percutante, comme dans le titre Right On.
Preuve de l’influence de son œuvre, plusieurs de ses morceaux, parmi lesquels Different Strokes et I Hate I Walked Away, sorti en 1973, seront multi-samplés par des figures du rap comme le Wu-Tang Clan, Kanye West et Jay-Z, de De La Soul, I Am ou encore Public Enemy. Des reprises de ses titres qui ont conduit le chanteur devant les tribunaux pour faire valoir ses droits, notamment contre le groupe Cypress Hill.