Si Babas est un synonyme familier de Hippies, les Beatniks ont largement inspirés les Hippies. Dès les années 50, les Beatniks vont prendre le contre-pied d'une société matérialiste, en s'appuyant sur des intellectuels, notamment des écrivains et poètes de la Beat génération comme Allen Ginsberg, Jack Kerouac ou encore William Burroughs, avides de voyages initiatiques.
Ainsi, guidés par les Beatniks, les Hippies vont, eux, aller encore plus loin, en particulier en terme de spiritualité, d'engagement politique et de libération des moeurs.
Le pouvoir dans un climat de paix et d'amour Soucieux de provoquer, avec pour objectif la remise en cause de l'ordre établi par la génération de leurs parents, les Hippies, vont faire du " Peace and love " (" paix et amour ") leur cheval de paix... et du " Flower Power " (" Pouvoir des fleurs ") leur fidèle destrier.
Pour exprimer ces valeurs ils vont puiser dans la philosophie orientale, dénuée de toutes valeurs matérialistes, et recourir aux drogues, qui vont leur permettre d'atteindre une douce torpeur... Le tout, pratiqué dans un esprit communautaire avec un retour à la nature.
Un voyage initiatique
Dans une volonté d'émancipation et d'ouverture sur le monde, nombreux vont être les Hippies candidats au voyage.
La culture orientale (notamment avec la méditation comme le tao ou encore le bouddhisme zen) va être celle qui va opérer la plus grande attraction auprès des Hippies.
Loin du conformisme et de la société de consommation occidentale, beaucoup de Hippies vont donc faire le choix de s'exiler au Maroc et plus loin encore, en Asie, en Inde, au Népal, ou encore au Pakistan.
Certains, moins aventuriers, feront le choix de la Hollande, notamment d'Amsterdam, précurseur en matière de liberté des moeurs et de politique environnementale.
Bouillon de culture
Pour les hippies, la musique, en particulier anglophone et américaine, est essentielle et fédératrice de leur culture et de leur expression.
S'ils ont adulé, au début des années soixante, des groupes et des chanteurs de rock, de blues ou d'influence indienne aux paroles alors peu engagées, comme les Beatles, les Rolling Stones, the Byrds, Joe Cocker ou encore Donovan, vers la fin de la décennie, ce sont vers des artistes plus engagés, aux origines souvent blues, country ou psychédélique, que vont aller leur préférence.
Ainsi, Frank Zappa, Bob Dylan, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Ravi Shankar, joueur de sitar indien, The Mamas and the Papas, Grateful Dead, Pink Floyd, The Doors, Crosby, Stills, Nash & Young et Santana vont-ils devenir les portes drapeaux de cette génération Hippie.
Ces chanteurs, pour beaucoup, se produiront dans des rassemblements hippies, aujourd'hui légendaires : le Festival de l'île de Wight au sud de l'Angleterre en 1970, de Woodstock à White Lake (le plus fameux puisqu'il compta près de 700.000 participants) en 1969, ainsi que celui de Monterey, en Californie, en 1967.
" Faîtes l'amour pas la guerre "
Des manifestations pour le moins musicale évidemment mais également aussi bigarrées que colorées et fleuries.
Dans des effluves de patchouli et d'encens, pantalons "pat' d'éléph", djellabas indiennes, gilets afghans, sandales, petites lunettes, longs colliers et badges fantaisistes, vont devenir un mode d'appartenance.
Des attributs qui gommeront volontiers le clivage hommes/femmes, bannissant ainsi tout forme de sexisme.
Adepte d'un monde emprunt d'engagement, les Hippies, vont également puiser leur inspiration dans la littérature américaine dans laquelle se sont illustrés des écrivains américains de la Beat generation comme : Gary Snyder, Allan Watts, initiateur de la pensée orientale à San Fransisco, Allen Ginsberg, Walt Whitman, Jack Kerouac.
Adeptes de la non violence, la " nouvelle " génération de hippie va militer pour la paix. Nombre de Hippies vont s'identifier à Martin Luther King dans sa lutte pacifiste contre le racisme et à Gandhi, pour sa philosophie de résistance passive.
La fleur au fusil
Fer de lance de cette idéologie : l'action des Hippies contre la guerre Vietnam. Ils vont n'avoir de cesse de convaincre les hommes politiques et les militaires américains de l'aspect vain de ce conflit, dans lequel les Etats-Unis vont s'embourber durant près de dix années, de 1964 à 1975.
Les prémices du pacifisme justement, de l'écologie, de la libération sexuelle ou encore du féminisme... Ce sont eux, les Hippies, qui ont fomenté cette révolution culturelle et politique.
Une idéologie, aujourd'hui encore, profondément ancrée dans la société occidentale.
Caroline LEBENBOJM