Nous sommes en 1853 c'est la ruée vers l'or. Mais c'est une pépite d'une toute autre matière que va découvrir Oscar Lévi Strauss. Emigrant allemand, fraîchement débarqué à San Francisco, il compte dans sa boîte plus d'une malice, notamment de la toile de tente et des bâches de chariot. Constatant que les conquérants de l'Ouest ont besoin de pantalons solides, le colporteur a l'idée ingénieuse d'en tailler un dans sa toile de tente... Et le jeans fut...
A un peu moins d'un dollar cinquante la pièce, le succès est quasi immédiat. Forcément la toile de tente vient à manquer. Et c'est là que la toile de Nîmes intervient. Apparût dès le XVIème siècle, elle va palier la pénurie de toile de tente. Avec la toile de Nîmes, robuste et de couleur bleue, le jeans devient le blue jeans.
Une pépite à l'état pur
Mais voilà tout ce qui brille n'est d'or. Chaque pépite troue un plus les poches des chercheurs d'or. Au début des années 1870, Jacobs Davis, couturier de son état, a la formule vraiment nouvelle : les rivets de cuivre. Associé à son fournisseur, Levi Strauss, il fait breveter l'idée.
A cette innovation s'ajoute dans la foulée, ou presque, un dessin en forme d'arc double (certains y voient d'ailleurs l'aigle des Rocheuses) sur les poches. Ces surpiqûres, oranges, à défaut d'être cousues de fil blanc, s'harmonisent avec les rivets.
Durant l'entre deux guerres, le jeans, jusqu'alors considéré comme une tenue de travail réservée aux hommes se démocratise. Il devient idéal pour les loisirs ou encore l'équitation. Les femmes commencent également à le convoiter.
Avec la deuxième guerre mondiale et la venue des GI's en France, le jeans s'internationalise. Il arrive partout en Europe .
Jeans power
A l'orée des années 50, le jeans prend des couleurs. Au bleu vient s'ajouter le noir.
De l'apparat de travailleur à ses débuts, le jeans devient avec les années 60 le symbole de l'indépendance ou encore de la liberté. Il est également une forme de contestation contre les standards de la société, notamment avec l'avènement de la période hippie et du flower power.
A l'instar des voitures aujourd'hui, le jeans se customise. Brodé, peint ou perlé, le jeans devient une véritable oeuvre d'art.
Des exemplaires, délavés ou à pattes d'eph, inondent également le marché. Levi's va même jusqu'à organiser un concours en 1974.
Dans les années 80, l'arrivée du lycra apporte un confort supplémentaire au jeans...
Le jean est en pleine fleur de l'âge.
150 ans et tous ses rivets... Le jeans est passé par l'enfance et l'adolescence. Aujourd'hui adulte, il atteint sa pleine maturité... La légende continue. Elle est encore perpétrée par David Bowie qui met le jeans en vedette avec sa chanson " Blue Jean ".
Bruce Springsteen, lui, choisit le Levi's 501 pour illustrer la pochette de son disque " Born in USA ".
Caroline LEBENBOJM