La rencontre de deux « chouettes » rêveurs
Les mots sont de Goscinny et les images de Sempé. Les deux hommes se rencontrent dans les années 1950 alors que Jean-Jacques Sempé débarque à Paris. De l’imagination des complices naît les traits d’un enfant, celui du Petit Nicolas.
Son prénom émerge dans l’esprit de Sempé devant une publicité pour les vins Nicolas, prénom qu’il utilise dans un premier temps pour designer le garçon de ses dessins humoristiques avant de se lancer avec le scénariste.
Les aventures du héros pensif naissent du vécu des deux hommes. C’est en évoquant ses souvenirs d’enfance avec Jean-Jacques Sempé que René Goscinny puise son inspiration. Lorsqu’il rentre à son appartement dans le 16e arrondissement de Paris, le scénariste fait les cent pas à la recherche d’une idée.
Il s’installe alors devant sa machine à écrire, et une fois le texte achevé, Goscinny l’envoie par la poste à Sempé qui illustre l’histoire. Un rituel qui fonctionne et qui durera près de vingt ans…
Les aventures du petit Nicolas sont venues tout naturellement à René Goscinny « Je n’ai jamais été Gaulois ni cow-boy, j’ai été enfant, et Sempé aussi, naturellement. Les histoires sont nées de ses souvenirs qu’il me racontait et de mes propres souvenirs ».
Et les images d’enfances sont nombreuses : « L’odeur du petit pain au chocolat à la sortie de l’école, l’ambiance d’une récréation, tout ce grouillement de l’enfance que Sempé, pour sa part, a si bien senti.»
Pas d’âge pour cet écolier, « entre six et dix ans » précise Renée Goscinny, qui a comme terrain de jeu la cour de récré. Avec une gouaille qui n’appartient qu’à lui, « c’est drôlement chouette ! », le Petit Nicolas s’apprête à faire ses premiers pas dans le monde des adultes…
Le Petit Nicolas fait ses premiers pas…
C’est le 29 mars 1959 que paraît dans Sud Ouest dimanche la toute première histoire du petit Nicolas.
Initialement destiné à un seul épisode, le bambin prendra enfin de compte ses marques.
Les aventures du garçon emballent le courrier des lecteurs et le petit Nicolas fait ses premiers pas en octobre 1959 dans le magazine Pilote.
La bande dessinée ne séduit que timidement le public et la route ne tourne que suite à l’émission « Lecture pour tous », où les deux créateurs présents sur leur plateau défendent leur petit protégé.
L’année suivante, sort le premier livre de ce héros tendre, « le petit Nicolas ». Dorénavant, les livres de l’écolier se multiplient. Ce genre sans repères chronologiques, aux lieux juste esquissés à l’encre de chine, séduit toutes les générations.
Au fil des années 1970, les personnages restent mais les histoires évoluent. Dans les années 1970, les deux hommes envisagent d’ailleurs un temps de rendre l’école du petit Nicolas mixte, mais le projet est abandonné.
De Clotaire à Alceste : des séries de portraits attendrissantes
Le Petit Nicolas c’est comme le dit Sempé surtout « un groupe d’enfant », des personnages, aussi bien amusant que surprenant. Ces archétypes de la cour de recrée, évoluent dans des lieux, des endroits que leur lecteur s’approprient.
Celui de l’école, avec la maîtresse « presque aussi jolie que maman », et le directeur, si souvent surnommé Le Bouillon, que même lui finit par adopter le surnom!
Mais également la cour de recrée et les camarades de Nicolas : Clotaire le dernier de la classe, Rufus et Eudes les bagarreurs, Geoffroy l’enfant gâté, Maiwent qui se salit tout le temps, Agnan le chouchou de la maîtresse ou Alceste le meilleur ami gourmand de Nicolas qui a toujours un sifflet à roulette dans sa poche.
Le lecteur s’immerge dans la famille du bambin avec mémé, toujours coiffée de son chignon, maman toujours plongée dans la cuisine, et Papa affairé dans le fauteuil chaussé de pantoufles et plongé dans son journal.
Des anniversaires, aux dîners en famille, en passant par le mariage de la cousine, le lecteur se plonge dans un univers anecdotique.
Tous ces personnages, ces récits sont également pour les deux hommes une source d’inspiration pour leurs prochains personnages. C’est ainsi que dans " Les vacances du petit Nicolas" naissent les traits d’Iznogoud.
Dans une des pages, un moniteur du camp conte l’histoire suivante aux enfants: "Il y avait une fois, dans un très lointain pays, un calife qui était très bon, mais qui avait un très méchant vizir."
Le petit Nicolas souffle ses 50 bougies
Mort en 1977, à l'âge de 51 ans, René Goscinny avait laissé dans ses tiroirs près de quatre-vingt histoires inédites
Ces pépites sont retrouvées par sa fille Anne Goscinny, en 2004, qui les publient. Les deux tomes d’histoires inédites se vendent à près d’un million d’exemplaires et sont traduits dans une trentaine de langues.
A défaut d’être le maître de la récré, Nicolas est devenu le roi de la Bande dessinée. Les lecteurs devenus parents achètent les romans à leurs enfants et c’est tout naturellement que le "Petit Nicolas" s’est trouvé un deuxième public. Les plus jeunes s’y retrouvent, les inconditionnels se souviennent.
Cinquante ans après sa création, le jeune bambin n’a pas pris une ride. Les hommages sont rendus, d’autant plus importants que la popularité du petit Nicolas ne c’est jamais essoufflée.
Au niveau littéraire, de nouvelles épopées sont disponible sous le nom de « Le Ballon et d’autres histoires inédites » depuis le 5 mars 2009.
Une exposition à l'Hôtel de Ville de Paris du 6 mars au 7 mai 2009 a également été organisée. L’occasion de découvrir plus de cent soixante dessins originaux de Sempé, accompagnés des manuscrits de Goscinny.
Pour les amateurs du scénariste, sa fameuse machine à écrire, Royal Keystone, qui a vu naître le Petit Nicolas, Astérix et tant d’autres était également exposée.
De la BD à la télévision en passant par le cinéma
La télévision et le cinéma rendent également hommage au personnage.
Un dessin animé est diffusé sur la chaîne M6 à compter du 13 septembre 2009, racontant en cinquante deux épisodes et en 3D les aventures de cet écolier historique.
L’un des hommages les plus attendus est celui du film de Laurent Tirard, « Le Petit Nicolas ». Ce long-métrage (septembre 2009), avec Valérie Lemercier et Kad Merad, raconte l’histoire du petit Nicolas, surprenant une conversation entre ses parents lui laissant penser que sa mère est enceinte. Il se met alors à imaginer le pire. Et si son frère prenait sa place ?
Des clins d’oeils successifs à ce petit prince des temps modernes, qui s’adresse selon les mots de Sempé : « aux parents qui ont des enfants, et aux enfants qui ont des parents ».
Cécilia Delporte
Les mots sont de Goscinny et les images de Sempé. Les deux hommes se rencontrent dans les années 1950 alors que Jean-Jacques Sempé débarque à Paris. De l’imagination des complices naît les traits d’un enfant, celui du Petit Nicolas.
Son prénom émerge dans l’esprit de Sempé devant une publicité pour les vins Nicolas, prénom qu’il utilise dans un premier temps pour designer le garçon de ses dessins humoristiques avant de se lancer avec le scénariste.
Les aventures du héros pensif naissent du vécu des deux hommes. C’est en évoquant ses souvenirs d’enfance avec Jean-Jacques Sempé que René Goscinny puise son inspiration. Lorsqu’il rentre à son appartement dans le 16e arrondissement de Paris, le scénariste fait les cent pas à la recherche d’une idée.
Il s’installe alors devant sa machine à écrire, et une fois le texte achevé, Goscinny l’envoie par la poste à Sempé qui illustre l’histoire. Un rituel qui fonctionne et qui durera près de vingt ans…
Les aventures du petit Nicolas sont venues tout naturellement à René Goscinny « Je n’ai jamais été Gaulois ni cow-boy, j’ai été enfant, et Sempé aussi, naturellement. Les histoires sont nées de ses souvenirs qu’il me racontait et de mes propres souvenirs ».
Et les images d’enfances sont nombreuses : « L’odeur du petit pain au chocolat à la sortie de l’école, l’ambiance d’une récréation, tout ce grouillement de l’enfance que Sempé, pour sa part, a si bien senti.»
Pas d’âge pour cet écolier, « entre six et dix ans » précise Renée Goscinny, qui a comme terrain de jeu la cour de récré. Avec une gouaille qui n’appartient qu’à lui, « c’est drôlement chouette ! », le Petit Nicolas s’apprête à faire ses premiers pas dans le monde des adultes…
Le Petit Nicolas fait ses premiers pas…
C’est le 29 mars 1959 que paraît dans Sud Ouest dimanche la toute première histoire du petit Nicolas.
Initialement destiné à un seul épisode, le bambin prendra enfin de compte ses marques.
Les aventures du garçon emballent le courrier des lecteurs et le petit Nicolas fait ses premiers pas en octobre 1959 dans le magazine Pilote.
La bande dessinée ne séduit que timidement le public et la route ne tourne que suite à l’émission « Lecture pour tous », où les deux créateurs présents sur leur plateau défendent leur petit protégé.
L’année suivante, sort le premier livre de ce héros tendre, « le petit Nicolas ». Dorénavant, les livres de l’écolier se multiplient. Ce genre sans repères chronologiques, aux lieux juste esquissés à l’encre de chine, séduit toutes les générations.
Au fil des années 1970, les personnages restent mais les histoires évoluent. Dans les années 1970, les deux hommes envisagent d’ailleurs un temps de rendre l’école du petit Nicolas mixte, mais le projet est abandonné.
De Clotaire à Alceste : des séries de portraits attendrissantes
Le Petit Nicolas c’est comme le dit Sempé surtout « un groupe d’enfant », des personnages, aussi bien amusant que surprenant. Ces archétypes de la cour de recrée, évoluent dans des lieux, des endroits que leur lecteur s’approprient.
Celui de l’école, avec la maîtresse « presque aussi jolie que maman », et le directeur, si souvent surnommé Le Bouillon, que même lui finit par adopter le surnom!
Mais également la cour de recrée et les camarades de Nicolas : Clotaire le dernier de la classe, Rufus et Eudes les bagarreurs, Geoffroy l’enfant gâté, Maiwent qui se salit tout le temps, Agnan le chouchou de la maîtresse ou Alceste le meilleur ami gourmand de Nicolas qui a toujours un sifflet à roulette dans sa poche.
Le lecteur s’immerge dans la famille du bambin avec mémé, toujours coiffée de son chignon, maman toujours plongée dans la cuisine, et Papa affairé dans le fauteuil chaussé de pantoufles et plongé dans son journal.
Des anniversaires, aux dîners en famille, en passant par le mariage de la cousine, le lecteur se plonge dans un univers anecdotique.
Tous ces personnages, ces récits sont également pour les deux hommes une source d’inspiration pour leurs prochains personnages. C’est ainsi que dans " Les vacances du petit Nicolas" naissent les traits d’Iznogoud.
Dans une des pages, un moniteur du camp conte l’histoire suivante aux enfants: "Il y avait une fois, dans un très lointain pays, un calife qui était très bon, mais qui avait un très méchant vizir."
Le petit Nicolas souffle ses 50 bougies
Mort en 1977, à l'âge de 51 ans, René Goscinny avait laissé dans ses tiroirs près de quatre-vingt histoires inédites
Ces pépites sont retrouvées par sa fille Anne Goscinny, en 2004, qui les publient. Les deux tomes d’histoires inédites se vendent à près d’un million d’exemplaires et sont traduits dans une trentaine de langues.
A défaut d’être le maître de la récré, Nicolas est devenu le roi de la Bande dessinée. Les lecteurs devenus parents achètent les romans à leurs enfants et c’est tout naturellement que le "Petit Nicolas" s’est trouvé un deuxième public. Les plus jeunes s’y retrouvent, les inconditionnels se souviennent.
Cinquante ans après sa création, le jeune bambin n’a pas pris une ride. Les hommages sont rendus, d’autant plus importants que la popularité du petit Nicolas ne c’est jamais essoufflée.
Au niveau littéraire, de nouvelles épopées sont disponible sous le nom de « Le Ballon et d’autres histoires inédites » depuis le 5 mars 2009.
Une exposition à l'Hôtel de Ville de Paris du 6 mars au 7 mai 2009 a également été organisée. L’occasion de découvrir plus de cent soixante dessins originaux de Sempé, accompagnés des manuscrits de Goscinny.
Pour les amateurs du scénariste, sa fameuse machine à écrire, Royal Keystone, qui a vu naître le Petit Nicolas, Astérix et tant d’autres était également exposée.
De la BD à la télévision en passant par le cinéma
La télévision et le cinéma rendent également hommage au personnage.
Un dessin animé est diffusé sur la chaîne M6 à compter du 13 septembre 2009, racontant en cinquante deux épisodes et en 3D les aventures de cet écolier historique.
L’un des hommages les plus attendus est celui du film de Laurent Tirard, « Le Petit Nicolas ». Ce long-métrage (septembre 2009), avec Valérie Lemercier et Kad Merad, raconte l’histoire du petit Nicolas, surprenant une conversation entre ses parents lui laissant penser que sa mère est enceinte. Il se met alors à imaginer le pire. Et si son frère prenait sa place ?
Des clins d’oeils successifs à ce petit prince des temps modernes, qui s’adresse selon les mots de Sempé : « aux parents qui ont des enfants, et aux enfants qui ont des parents ».
Cécilia Delporte