Pour comprendre l’importance des cinq séjours que firent les Beatles dans la cité hanséatique, il suffit de citer John Lennon lui-même qui, quelques années plus tard, déclara : « J’ai grandi à Hambourg, pas à Liverpool ». Engagés au club Indra , les jeunes anglais passeront ensuite au Kaiserkeller et ne rentreront en Angleterre qu’en décembre. Ils jouent pour des cachets de misère, sont logés dans un taudis et font des concerts marathon. On est loin du confort du fameux studio d’Abbey Road qui deviendra leur pépinière, et où naîtront l’essentiel de leurs albums dont le célèbre Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band ou leur double opus blanc.
Un membre ne rentrera jamais d’Hambourg. Stuart y rencontra l’amour avec Astrid Kirchherr, qui prend les premiers clichés du groupe, et y mourra en 1962 d’une hémorragie cérébrale. Sutcliffe n’avait que 21 ans. Cette mort marquera fortement son ami John Lennon qui y fera référence dans « In My Life », la seule chanson ou il considère « parler consciemment de sa vie », avec cette phrase : « Some are dead and some are living/In my life, I've loved them all ».
Pendant ces séjours en Allemagne le groupe va progresser et acquérir une maturité qui lui manquait jusque-là. Ce que ne manquera pas de remarquer Brian Epstein lors d’un concert au Cavern Club de Liverpool. Il va devenir leur manager et d’après Paul MacCartney « le véritable cinquième Beatles ». C’est son acharnement qui va ouvrir au groupe les portes d’une audition avec le producteur George Martin. Enthousiaste, il décèle le potentiel des Beatles mais souhaite que le groupe se sépare de Pete Best avant d’enregistrer leur premier single « Love Me Do ». Incapable de le faire eux-mêmes, ils demandent à leur manager Brian Epstein de lui annoncer la nouvelle. C’est Ringo Starr qui le remplacera et apportera un sens de la rythmique incomparable.