Jimmy Cliff, l’autre Bob Marley
De son véritable nom James Chambers, Jimmy Cliff naît le 1er avril 1948 en Jamaïque, dans le Somerton District. Élevé par son géniteur dans des conditions de vie précaires, Jimmy Cliff décide à 13 ans de mettre un terme à sa scolarité pour se consacrer à la musique. Trouvant le moyen de rejoindre la capitale du pays, Kingston, le Jamaïcain multiplie les rencontres qui vont lui permettre de faire ses premiers pas dans la musique.
Au début des années 1960, Jimmy Cliff enregistre le titre "Dearest Beverley" qui rencontre un certain succès sur le Vieux Continent. Dans la foulée, le spécialiste du ska s’envole pour une première tournée sur le sol américain, et enchaîne les enregistrements. Au fil de sa carrière, Jimmy Cliff produit de nombreux albums et titres, parmi lesquels les incontournables "Wild World" (une reprise de la chanson de Cat Stevens) ou "You Can Get It If You Really Want". Pour son talent musical, pour sa personnalité, pour sa notoriété sur la scène internationale, Jimmy Cliff est souvent comparé aux quatre coins du monde à son compatriote Bob Marley.
Une pause musicale avant "Reggae Night"
Présent sur la scène musicale depuis le début des années 1960, Jimmy Cliff aborde la fin des années 70 avec la volonté de s’accorder une pause. Après avoir enregistré plusieurs albums successifs, le Jamaïcain s’autorise un interlude personnel durant lequel il voyage en Afrique et se convertit à l’islam. Au début des années 80, Jimmy Cliff renoue avec sa passion pour la musique. Après une collaboration avec le groupe Kool & the Gang, il renoue progressivement avec sa frénésie d’albums et diversifie son genre musical : reggae, ska ou encore rock. En 1983 sort l’album "The Power and the Glory" sur lequel apparaît la chanson "Reggae Night".
La sortie d’une chanson incontournable du genre reggae
S’il fallait lister les titres reggae les plus incontournables de ces dernières décennies, nul doute que "Reggae Night" de Jimmy Cliff y aurait sa place. Enregistrée en 1983, la chanson s’est en quelques mois imposée comme un succès international. D’abord proposé aux États-Unis, au Mexique, au Canada et en Europe, le titre a peu à peu conquis le monde pour faire danser des millions de personnes à travers la planète. En France, "Reggae Night" rencontre un tel succès que la chanson parvient à se hisser sur le podium des meilleurs singles (en 2e position), et à la 11e place sur l’ensemble de l’année 1984. Lors de concerts, ou lors de participations à de grands événements musicaux, Jimmy Cliff est encore aujourd’hui contraint d’entonner cette chanson s’il ne veut pas décevoir son public qui la connaît sur le bout des doigts.
Un titre signé La Toya Jackson
C’est une anecdote qui échappe la plupart du temps à toutes celles et tous ceux qui écoutent ou ont écouté la chanson "Reggae Night". Pour ce titre, Jimmy Cliff a pu compter sur un soutien de poids : La Toya Jackson. Vous l’aurez, peut-être, deviné à son patronyme, il s’agit bien en effet d’un membre de la famille Jackson. Née en 1956 aux États-Unis, La Toya Jackson est la sœur du "Roi de la Pop". En 1983, celle qui fait une apparition aux côtés de son frère dans le clip "The Way You Make Me Feel" co-écrit la chanson "Reggae Night". Un texte signé, en partie, d’un membre de la tribu Jackson, et le talent d’un interprète jamaïcain spécialiste de ska et de reggae : "Reggae Night" avait, avant même sa sortie, les principaux ingrédients d’un succès international.
De quoi parle la chanson Reggae Night ?
Le refrain est entêtant, et il suffit parfois d’invoquer le simple titre de la chanson pour que beaucoup se mettent assez facilement à l’entonner. Dans "Reggae Night", Jimmy Cliff nous parle de l’ambiance des soirées reggae dans lesquelles on se réunit pour faire la fête jusqu’à l’aube ("And we’ll be jammin’ ‘til the morning light").
Car il s’agit bien avant tout de faire la fête avec des personnes en provenance des quatre coins du pays ("From the North and South and East and West") et en mettant tout en œuvre pour ne pas être en retard ("So you better not be late"). S’amuser ("Fun, fun"), partager de l’amour ("Love") et profiter un maximum de cette soirée reggae ("Reggae Night") s’affichent comme les trois principaux mots d’ordre de cette chanson. À noter que, dans "Reggae Night", Jimmy Cliff semble vouloir insister sur le côté exceptionnel de cette fête reggae ("You will find it happens only once a year, So don’t miss out ont this session here" / "Tu sais ça n’arrive qu’une fois par année, Alors il ne faut pas manquer cette rencontre-là").
Un clip tourné en voiture
Au volant d’une décapotable bleue, Jimmy Cliff nous invite dans le clip de "Reggae Night" à embarquer pour une fête. Dès les premières secondes de la vidéo, on devine que l’enjeu principal de la chanson est de convier des amis avec qui s’amuser. Jimmy Cliff doit d'ailleurs en partie sa notoriété à ce clip. Dans le clip de "Reggae Night", le chanteur jamaïcain n’hésite pas à se lever pour inviter ses passagers à danser, tout en assurant sa conduite. On devine toutefois rapidement qu’il s’agit là d’une mise en scène artistique (c'est en effet une intuition confirmée par un plan plus large de la scène). Tournée dans les années 1980, la vidéo de "Reggae Night" n’a évidemment pas grand-chose à voir avec les clips actuels enregistrés sous les tropiques. Reste que le message de "Reggae Night" se situe davantage dans les paroles que dans le visuel.
De nombreuses reprises de "Reggae Night"
C’est un peu la rançon du succès. Au fil des années, Jimmy Cliff a vu son titre "Reggae Night" réinterprété par de multiples artistes. À l’origine de cette chanson, La Toya Jackson s’est elle-même autorisée à une reprise de "Reggae Night" en 1991, à l’occasion de la sortie de son album "No Relations".L'artiste algérien Cheb Tarik a, lui, proposé une version raï de ce titre reggae, avec des paroles en arabe et en français. Du côté de l’Hexagone, ce sont les membres du Collectif Métissé qui se sont lancés en 2017 dans une reprise de "Reggae Night". À noter que cette version de "Reggae Night" par les Bordelais penche davantage vers le dancehall que vers le reggae.
Une suite de carrière marquée par d’autres succès
Il est parfois difficile pour certains artistes de s’émanciper d’une chanson ayant rencontré le succès sur la scène internationale. Jimmy Cliff, lui, a su poursuivre sa carrière après "Reggae Night" sans perdre une once de notoriété, et tout en faisant danser plusieurs générations. En 1985, le Jamaïcain commercialise par exemple l’album "Cliff Hanger" récompensé d’un Grammy Award dans la catégorie "Meilleur album reggae". Artiste engagé, Jimmy Cliff participe ensuite au projet "Artists United Against Apartheid" pour s’opposer à la politique sud-africaine d’apartheid.
Au fil de sa carrière, Jimmy Cliff prend également le temps d’entretenir des relations étroites avec le cinéma. On lui doit, avec Lebo M, l’un des titres phares de la bande originale du dessin animé "Le Roi Lion" ("Hakuna Matata"), ainsi qu’une reprise de la chanson "I Can See Clearly Now" de Johnny Nash pour la BO du film "Cool Runnings". Toujours actif sur la scène musicale passé ses 70 ans, Jimmy Cliff se fait plus discret ces dernières années. Cela ne l’empêche pas d’être régulièrement mentionné dans les classements des meilleurs artistes de tous les temps, grâce à de nombreux succès, et à des titres planétaires qui font encore de lui aujourd'hui une star internationale !