Roger Waters, fondateur de Pink Floyd
Il est impossible de dissocier Roger Waters de Pink Floyd. Le groupe est fondé en 1964 avec Syd Barrett et Nick Mason qu'il a rencontrés au lycée, après avoir participé à plusieurs groupes qui ne percent pas. À l'origine, Roger Waters est guitariste, mais c'est finalement à la basse qu'il composera ses plus grands titres. Le groupe Pink Floyd repousse les limites du rock, se permettant des expérimentations audacieuses, parfois considérées comme intellectuelles. Le groupe connaît un immense succès mondial, soignant son image de bout en bout, cultivant une imagerie psychédélique, des mélodies symphoniques et la voix de velours de David Gilmour. En vingt ans de carrière, Pink Floyd a connu un succès immense qui s'est popularisé avec la bande-son du film "More". En 1973, c'est la consécration pour les Pink Floyd avec leur album "The Dark Side of The Moon". Le groupe connaît des tensions. L'album est signé en grande partie par Roger Waters, paroles et musiques. Roger Waters préfère également jouer de tous les instruments lors des enregistrements, évinçant ainsi les autres membres du groupe et signant des désaccords qui ne s'arrangeront pas avec le temps. Pour "The Wall", inspiré des vies de Syd Barrett et du père de Roger Waters, la même histoire se reproduit : il veut tout contrôler, y compris le film et la direction artistique de la tournée. Sur la pochette de "The Final Cut" en 1983, l'ultime album des Pink Floyd avec Roger Waters, on peut lire qu'il en est le créateur et le groupe les interprètes. Roger Waters signe définitivement la mort du groupe tel qu'il était.
Les premiers pas en solo
Roger Waters a finalement entamé des années avant une carrière solo, même alors qu'il était l'un des Pink Floyd. Il écrivait tout de A à Z, ne laissait que peu d'espace de liberté aux autres membres du groupe, et signait les compositions. Mais à partir de 1984, Roger Waters publie ses nouveaux albums sous son propre nom qui est bien connu du grand public. Son premier album solo est "The Pros and Cons of Hitch Hiking". À l'époque, Roger Waters n'a pas encore quitté Pink Floyd. Cet album aurait pu être joué par le groupe, qui lui a préféré "The Wall". Il s'agit encore d'un album concept autour des rêves d'un homme. On peut ainsi se plonger dans le parcours de cet homme. Roger Waters y parle de l'amour et de ses désillusions, de la folie, de la passion jusqu'à la destruction, des thèmes également abordés dans "The Wall".
"Radio K.A.O.S."
Trois années après "The Pros and Cons of Hitch Hiking", et après la bande-son du film "When The Wind Blows" sort de nouveau un album concept, cette fois autour de l'histoire d'un jeune handicapé très intelligent qui entend la voix d'une radio dans sa tête. Cette voix lui fait comprendre qu'en fait, le capitalisme n'est pas la bonne voie à suivre, mais qu'il faut savoir aimer ses proches. Un livret explicatif accompagne le disque, car finalement, les textes des chansons ne sont pas aussi explicites que Roger Waters le pensait. Le musicien prend une fois de plus position contre le pouvoir, ses excès, ses désillusions.
Le retour de "The Wall"
Alors que "The Wall" est sorti depuis une quinzaine d'années, la réalité dépasse la fiction quand le mur de Berlin est abattu en 1990. Roger Waters et de nombreux artistes rejoignent alors l'Allemagne pour donner un concert exceptionnel devant 300 000 personnes venues assister à cet événement historique. On retrouve à ses côtés Sinéad O'Connor, Van Morrison, Scorpions, Cyndi Lauper, Marianne Faithfull, entre autres. C'est un succès planétaire pour ces titres précurseurs de Roger Waters.
"Amused to Death"
C'est encore une fois au pouvoir que Roger Waters s'en prend dans son 3e album solo, "Amused to Death". Dans son album précédent, il accusait déjà les médias de manipuler le public et de l'éloigner des véritables valeurs. Là, c'est à la télévision que Roger Waters s'adresse dans cet album en quatorze titres qui sort en 1992 avec Jeff Beck à la guitare. Il trouve son titre dans le roman de Neil Postman, "Amusing Ourselves to Death". Roger Waters imagine le téléspectateur sous les traits d'un singe qui passe d'une chaîne à une autre, s'abreuvant d'informations au gré de son zapping. Il aborde de nombreux thèmes politiques tels que la guerre du Golfe ou la mondialisation avec des références au film de Stanley Kubrick "2001 Odyssée de l'espace". En 1998, Roger Waters écrit les paroles et interprète "The Legend of 1900" sur une musique d'Ennio Morricone pour la pièce "Lost Boys Calling".
Concerts et retrouvailles
En 1999, Roger Waters entame une tournée qui va durer trois années, "In the Flesh". Désormais, sa carrière musicale se trouve sur scène plus qu'en studio. Il peut enfin jouer "Amused to Death" en live, ce qu'il n'avait pas fait à la sortie de l'album. De cette tournée marathon sortiront un film et un double album enregistré à Portland, retraçant les meilleurs moments. En 2005, Roger Waters participe au "Live 8". Plusieurs artistes s'engagent pour manifester en musique en soutien au G8 et à l'action menée pour aider les pays les plus pauvres et effacer leurs dettes. D'autres stars immenses y participent : Madonna, Coldplay, Stevie Wonder, Florent Pagny, et bien d'autres encore. Roger Waters participe à l'édition de Londres à Hyde Park. Pour l'occasion, les fans des Pink Floyd sont ravis, puisque le groupe est reformé pour cette date exceptionnelle. Il écrit avec Étienne Roda-Gil un opéra sur la Révolution française, "Ça ira". En 2006, Roger Waters, toujours très engagé politiquement, refuse de jouer à Tel-Aviv en réponse à la barrière de séparation israélienne. Cette même année, Roger Waters remonte pour la scène un orchestre symphonique pour une tournée de vingt-deux concerts dans le monde entier autour de "The Dark Side of The Moon". Nick Mason, batteur originel et membre fondateur de Pink Floyd, le rejoint sur scène pour plusieurs dates de cette tournée événement. Roger Waters pense à tout pour cette tournée, et soigne comme toujours l'esthétique, jusqu'au cochon gonflable géant qui figurait sur la pochette de l'album "Animals" des Pink Floyd. En 2010, Roger Waters fait une annonce surprenante : il ne jouera plus sur scène. Il va prendre sa retraite après tant d'années à composer et concevoir des shows de grande ampleur. Pour sa tournée d'adieu, Roger Waters choisit de rejouer "The Wall". Cela fait trente ans que les chansons de l'album n'ont pas été jouées en intégralité sur scène. La tournée "The Wall Live" s'annonce donc très attendue du public et sûrement grandiose.
Comme à son habitude, Roger Waters fait une tournée internationale qui s'achève au Stade de France. "The Wall Live" rapporte à Roger Waters 459 millions de dollars, un record pour une tournée. Pour l'occasion, le musicien avait fait construire d'immenses murs pour recréer le décor de "The Wall" dont le plus long au Québec mesure 222 mètres. Il faut attendre 2017 pour découvrir un nouvel opus de Roger Waters. C'est son 4e album solo studio : "Is This The Life We Really Want?". Finalement, Roger Waters va remonter sur scène pour l'occasion d'une tournée "Us+Them". Il voit les choses en grand et organise pas moins de 750 dates. Son esprit de contestation est toujours au goût du jour. Roger Waters continue à faire passer ses messages contre l'oppression des peuples par les pouvoirs en place. Il s'insurge contre les divisions de plus en plus nombreuses dans le monde et les peuples qui s'affrontent en faveur des politiciens. Il dénonce, lors de ses concerts, les présidents en place dans les pays dans lesquels il joue.