Jongleur de mots, "motsicien" comme il l'a dit parfois, bête de scène intarissable d'énergie, Claude Nougaro , qui maniait avec une délicatesse aujourd'hui encore inégalée l'art du verbe, nous retiendrons son amour pour le jazz et Toulouse, sa ville natale.
Deux passions servies par une voix qui n'a eu de cesse de faire danser les mots dans ses oeuvres de : "Le jazz et la java", "Armstrong ", "Cécile, ma fille", "Toulouse" en passant par "Nougayork".
Né d'un père chanteur lyrique et d'une mère pianiste, Claude Nougaro est bercé par l'opéra mais aussi le jazz qu'il découvre à la radio.
Débarquant à Paris dans les années 50, il rencontre le milieu artistique, écrit des textes pour les autres, avant de se lancer sur la scène du Lapin Agile.
La rencontre avec Michel Legrand
Il enregistre un premier album en 1959 sans pour autant se faire connaître de façon notoire.
En 1962, il rencontre Michel Legrand, lui aussi un amoureux du jazz, il enregistre alors un neuf titres qui comprend "Une petite fille", son premier succès et "Le jazz et la java".
L'année suivante, nouveau succès avec une Chanson sur une petite fille, la sienne cette fois, qu'il évoque dans "Cécile ma fille ".
En 1965, il travaille avec les musiciens Eddy Louiss et Maurice Vander qu'il retrouvera tout au long de sa carrière. C'est l'année de "Armstrong " et de "Sing Sing Song ". Deux ans plus tard, il célèbre sa ville natale dans "Toulouse", ode à la ville rose.
Influence brésilienne
Les années 70 sont marquées par le voyage.
L'Afrique et le Brésil marquent leur influence sur les nombreux albums de cette période.
Claude Nougaro est prolifique et sort six albums durant cette période (sans compter les enregistrements live) : "Soeur Ame " (71), "Locomotive d'Or " (73) sur lequel on retrouve "Dansez sur moi ", "Récération" (74), "Femmes et Famines" (76), "Plume d'Ange" (77) et "Tu verras" (78), un de ses grands tubes adaptés d'un succès brésilien de Chico Buarque .
Au début des années 80, Claude Nougaro s'entoure de nouveaux musiciens, dont Richard Galliano, accordéoniste.
Il sort encore trois albums chez Barclay, "Chanson s nettes" (81), "Ami Chemin" (83) et "Bleu Blanc Blues " (85) mais la maison de disques se sépare de lui, considérant les ventes trop faibles.
Claude Nougaro part alors se ressourcer aux Etats-Unis.
Il en revient en 1987 avec l'album "Nougayork" qui fait un carton, notamment avec la Chanson -titre ainsi qu'avec l'extrait "Il faut tourner la page ".
Il enchaîne en 1988 avec un autre album intitulé "Pacifique".
Les mots pour le chanter
En 1991, il retrouve son complice Vander pour un album intimiste "Une voix dix doigts" avant de se replonger dans un certain exotisme avec "Chanson gs" ("Vie violence ") en 1993.
Des petits problèmes de santé l'obligent à lâcher la pression mais il revient en 97 avec "L'enfant phare".
Bien que diminué par la maladie il habille également la scène du Casino de Paris de sa verve sur un rythme de jazzy.
En 2000, il sort un album intitulé "Embarquement immédiat", symbole de son amour pour les voyages. Jongleur de mots, "motsicien" comme il dit parfois, bête de scène intarissable d'énergie, Claude Nougaro retrouve son public en juin 2001 pour quelques dates parisiennes.
L'année suivante, le loup se mue en agneau et propose " Les fables de ma fontaine " ; un spectacle " parlé " dans lequel il reprend ses textes. Un souvenir immortalisé sur un DVD enregistré aux Bouffes du Nord.
Hospitalisé à Paris début 2004,Claude Nougaro demande à regagner Toulouse où il s'éteint le 4 mars 2004.
A l' occasion de ce qui aurait du être les 80 ans du chanteur, de nombreux évènement, aussi bien musicaux que littéraires sont organisés à travers la France.