Comme pour toutes les légendes de sa trempe, le parcours de Jimmy Page n'est pas de ceux qui tiennent en quelques mots.
Les uns se souviennent de lui, sous les traits d'un enfant paisible, solitaire.Beaucoup ne reconnaissent en Jimmy Page que le monstre sacré de son art, un gourou du rock dans toutes ses variantes.
Ce qui fut simplement James Patrick Page, dans cette banlieue londonienne d'Heston où il voit le jour, est aujourd'hui une personnalité que le monde entier porte en respect. Les cheveux longs de ses années de scène ont fait place à une coiffure plus sage.
Le visage du guitariste-producteur ne montre plus que la sérénité de celui qui a bien vécu.
De la banlieue d'Heston aux premières notes de musique
9 janvier 1944. La banlieue londonienne d'Heston accueille un nouvel habitant, lorsque le nom de James Patrick Page est porté au registre. L'enfant comble assurément de joie ses parents, mais personne ne doute encore que c'est une future légende qui vient de voir le jour. L'enfance du jeune Jimmy Page ne contribuera pas plus à indiquer que son destin sera d'exception.
À 8 ans, alors que la famille se déplace vers Epsom, le trait calme et effacé du petit ne le quitte pas. C'est en 1957 que tout bascule. À l'origine du déclic, un morceau du King « Baby, let's play house ». Jimmy Page venait d'avoir une illumination, il voulait faire de la musique et s'attache très vite à se donner tous les moyens pour y parvenir.
Grattant d'abord les cordes d'une vieille guitare espagnole, il se prend de passion pour toutes sortes d'instruments. Les cours de musique qu'il prend révèlent rapidement que le talent a toujours été en lui et valait, en tout cas, qu'il l'exprime sur des instruments de marque. La bonne situation de ses parents lui permettait d'essayer des Grazzioso et la perfection d'une Fender Stratocaster.
Le jeune guitariste montre un choix très assuré, quant à ses influences. Il distille sur son instrument les notes de Cliff Gallup et des deux rockabilly James Burton et Scotty Moore. C'est à l'époque que Jimmy Page lance les prémisses d'un style qui lui vaudra le respect de la planète entière. Une concession très pertinente entre jeux de doigts et médiator.
Sa rencontre d'avec Jeff Beck sera également déterminante. Leur passion partagée pour les oeuvres de Cliff Gallup les rapproche et soutient leur désir personnel de se mettre sur les traces du maître.
Une carrière débutée très tôt
Un passage à une émission pour jeunes talents programmée par la BBC, la décision de quitter l'école à 14 ans pour la musique. Les pièces du puzzle se mettent d'elles-mêmes en place et voilà Jimmy Page, totalement investi pour l'unique chose qui a de l'importance à ses yeux.
Son véritable début public se passe aux côtés des Crusaders. Le leader Neil Christian remarque le jeune homme à l'un de ses concerts à Epsom et lui propose de le suivre sur quelques tournées. Il enregistre avec le groupe et contribue à « The road to love », en 1962. Les feux de la rampe ne réussissent pourtant pas bien à Jimmy Page qui doit rentrer et renouer avec un mode de vie plus adapté à son âge.
Il met une grande parenthèse à la musique, pour s'intéresser à la peinture. Sans faire long feu, l'appel des notes étant le plus fort. On le voit, en 1963, dans le top des classements de tubes britanniques, en jouant les notes de « Diamonds ». Les années 60 consacrent Jimmy Page, en tant que guitariste pour de nombreux morceaux à succès.
En 1965, son talent est valorisé autrement, lorsqu'il devient le producteur des Rolling Stones. L'année est riche d'autres réalisations. Écriture, série de blues instrumentaux avec son grand ami Eric Clapton. Jusque tard dans les années 60, Jimmy Page ne rate aucune occasion de faire ses preuves, fréquentant des personnes comme Joe Cocker et Al Stewart.
Deux groupes phares pour un guitariste d'exception
Le parcours de Jimmy Page ne saurait surtout être envisagé à distance de deux collaborations marquantes. La première, chez les Yardbirds, à partir de 1965, où il prend la place d'un certain Eric Clapton. Tout se passa pour le mieux au début de son séjour, Jimmy Page étant perçu comme le pacificateur, au sein de cette formation qui traverse quelques zones de turbulences.
Mais après 1966, le groupe ne peut plus faire face et s'effrite petit à petit. Jimmy Page de son côté, s'éveille aux sensualités de la musique orientale. À partir de 1968, il trouve enfin l'occasion de distiller ces sonorités venues d'ailleurs, lorsqu'il essaie de reformer quelque chose, à partir de ce qui reste des Yardbirds. Led Zeppelin vient de naître.
Jimmy Page, à la guitare électrique ne cesse d'étonner par la précision de son style. En tant que producteur, il sait montrer la voie à ses coéquipiers, conduisant le groupe à un succès phénoménal, tout au long des années 70.
Entre la série de 4 albums simplement intitulés « Led Zeppelin » de 1969 à 1971 et l'ultime « How the west was won » en 2003, les sons gras et chauds, ultra-incisifs de Jimmy Page font vibrer tous les tympans des inconditionnels de hard-rock.
La guitare, Jimmy Page n'en est pas que passionné. Sa collection compte quelque 2000 pièces qui racontent mieux que quiconque ce que fut le rapport de l'homme à son art.