Grande pointure de l'univers reggae et figure emblématique de la
spiritualité Rasta, l'artiste jamaïcain Peter Tosh a
commencé son aventure musicale dans les chapelles des quartiers chauds
de Kingston.
Lançant sa carrière avec le groupe The Wailers
co-créé avec le roi du reggae Bob Marley, le
guitariste-chanteur, organiste et auteur-compositeur s'envolera en solo
dans les années 1970.
Artiste engagé profondément attaché au respect de la vraie justice et
des droits de l'homme, il mourra assassiné à 42 ans, le 11 septembre
1987 dans sa maison de Kingston.
Jeune talent d'un ghetto de Kingston
Winston Hubert McIntosh de son vrai patronyme, Peter
Tosh naît à Church Lincoln, Jamaïque le 19 octobre 1944.
Enfant, il vit chez une tante dans une ville côtière de son île natale
où il apprend le piano et la guitare auprès des fermiers.
Jeune rude boy assoiffé d'aventures, il quitte la campagne vers l'âge
de quinze ans pour s'établir dans un ghetto de Kingston où il côtoie la
misère et la violence. Partageant son temps entre l'école, les petits
business de la rue et les séances de guitare à la chapelle du quartier,
il trouve son moyen d'expression favori dans la musique.
Pour se lancer dans cette voie, Peter Tosh
fréquente la chorale de sa paroisse avant de se retrouver dans la rue
et échanger ses prestations contre quelques shillings. Au moment où le
ska a fit son entrée dans le ghetto, le jeune surdoué s'est inspiré de
ce style de musique pour créer des fusions de genres non moins
étonnantes et se faire remarquer un peu plus.
Joe Higgs, un artiste fort connu dans son fameux
ghetto le repère et le présente en 1962 à Bob Marley
et Bunny Livingstone alias Bunny Wailer
qui cherchaient eux aussi leur voie.
Il va alors rejoindre ces deux musiciens et former avec eux le groupe The
Wailing Rudeboys qui devient The Wailing Wailers
avant de finir The Wailers en 1963.
Avec les Wailers
Après la formation de leur groupe et sous la direction de Joe
Higgs, Peter Tosh et ses amis rencontrent le premier succès
en 1964 avec leur morceau de ska à la Bob Marley « Simmer
down ».
Suite à cette révélation, le chanteur commence à partager le micro avec
le roi du reggae et assure la voix principale de quelques chansons dont
quelques tracks de rocksteady. Toutefois, leur premier opus « The
Wailin' Wailers » de 1966 ne comportera que des
interprétations de Bob Marley.
En tout cas, à l'émergence du reggae en 1968, Peter Tosh
offrira ses prestations vocales à la réalisation de « Give me
a ticket » et « The world is changing »
des Wailers. Une performance qu'il renouvelle deux
ans plus tard à travers quatre titres de leur album « The best
of the Wailers » de 1971, dont « Soon come
».
Après la signature de leur contrat de production avec la firme
britannique Island vers la fin de 1972, l'auteur-compositeur co-écrit
le fameux titre « Get up stand up » qu'il chante en
duo avec Bob Marley.
Il interprète également les morceaux « Stop the train
», « 400 years » et « One foundation »
des albums « Burnin' » et « Catch a fire
» sortis au Royaume-Uni. Mais après le départ de Bunny Wailers
en 1973 et à la suite d'un conflit financier avec Island et Bob
Marley, il fait ses adieux aux Wailers.
L'aventure en solo d'un artiste engagé
Après les Wailers, Peter Tosh
crée sa marque Intel-Diplo HIM et offre quelques 45 tours
protestataires du genre « Babylon queendom ».
En 1976, son premier opus solo « Legalize it » est
dans les bacs. Pour la pochette de cet album à la glorification du
chanvre, l'artiste n'hésite pas à poser dans un champ de ganja.
Toujours aussi rebelle mais profondément engagé, l'enfant terrible des
droits de l'homme enchaîne avec l'album au message fort « Equal
rights » en 1977. Des paroles débordantes de colère qu'il
redira avec insolence aux politiciens de son pays lors du grand concert
de la réconciliation et de la paix d'avril 1978 à Kingston.
La même année, après une mésaventure avec la police jamaïcaine qui lui
a presque coûté la vie, le chanteur lance son troisième opus solo « Bush
doctor ». Réalisé avec Sly & Robbie et
Mick Jagger, l'opus comporte entre autres le gros
carton mondial « (You gotta walk and) don't look back
».
D'autres recueils moins bruyants mais toujours aussi engagés comme « Mystic
man » et « Mama Africa » viennent
compléter ses précédentes réalisations.
Un dernier cri intitulé « No nuclear war » vient
couronner son parcours plein de révoltes avant son décès en 1987.