Nom de code "Q". Le jeune Quincy Delight Jones Jr connait un début de vie difficile du côté Chicago, où il nait le 14 mars 1933. Il connait la pauvreté et se confronte aux troubles mentaux de sa mère. Après plusieurs déménagements, Quincy Jones s'établit à Seattle avec son père. Dans la ville du nord de la côte ouest américaine, il découvre ce qui guidera toute sa vie : la musique.
C'est là également qu'il fait à 14 ans la connaissance d'un certain Ray Charles, de deux ans son aîné, qui deviendra plus qu'un ami, un véritable modèle. Leur amitié sera fondamentale pour Quincy Jones entant qu'homme et musicien, comme il le racontera plus tard dans son autobiographie "Quincy par Quincy Jones", sortie en 2001.
Se lançant d'abord dans l'apprentissage du piano, il s'exerce rapidement à la trompette et développe peu à peu une très grande connaissance de la musique qu'il mettra à profit dans sa carrière, successivement dans ses rôles d'arrangeurs, de directeur musical et de producteur.
Elève brillant, Quincy Jones décroche une bourse d'études pour rejoindre le Schillinger House de Boston. Mais il quitte rapidement l'établissement pour partir faire ses classes dans l'orchestre de Lionel Hampton, puis celui de Dizzy Gillespie à partir de 1956.
En 1957, le jeune américain s'installe à Paris où il étudie auprès de la célèbre pianiste Nadia Boulanger. Une formation qui aura, là encore, une grande influence dans sa carrière. Il travaille également pour le label d'Eddie Barclay et intervient sur des arrangements pour Henri Salvador, Charles Aznavour et de nombreux autres artistes.
Il forme ensuite son propre big band de jazz, The Jones Boys, qui malgré la qualité de sa production rencontre des difficultés financières.
De retour aux Etats-Unis, Quincy Jones prend la tête de la direction musicale du label Mercury. Il travaille alors avec les stars du music-hall : Tony Bennett et Franck Sinatra.
Sur le plan personnel, il s'investit dans la cause des droits civiques aux Etats-Unis et soutient les figures du mouvement, telles que le révérend Jesse Jackson ou Martin Luther King.
Durant la décennie 70, Quincy Jones poursuit la production de disques et l'écriture de musiques de film. Sur le tournage du film musical "The Wiz", signé Sidney Lumet, "Q" fait la connaissance de Michael Jackson qui est en recherche d'un producteur. Les deux artistes s'entendent et concrétisent leur collaboration à travers l'album "Off the wall" qui sort en 1979. Le succès est au rendez-vous et en annonce un bien plus grand, trois ans plus tard, avec la master piece "Thriller", l'album de tous les records, qui scelle la complicité artistique des deux génies.
Le succès hors-normes de "Thriller" sonne comme l'ultime consécration d'un artiste dont la renommée n'est plus à faire. Il sera également l'artisan du troisième album solo du roi de la pop, "Bad", sorti en 1987.
Deux ans plus tôt, il est embarqué dans l'aventure "We are the World", chanson caritative au profit de la lutte contre la famine en Ethiopie, qu'il produit.
A partir du milieu des années 1980, Quincy Jones s'investit dans de nombreux projets. Il coproduit notamment le film de Steven Spielberg "La Couleur pourpre" et lance sa société de production "QDE" qui intervient à la foi dans le domaine de la musique, du théâtre, du cinéma et de la télévision. QDE produit notamment le sitcom à succès "Le Prince de Bel-Air".
Quincy Jones se mariera à trois reprises et aura sept enfants. Parmi eux, sa fille, Rashida Jones, lui a consacré un documentaire qui retrace son parcours hors norme. Intitulé simplement "Quincy", il est sorti en 2018.
Quincy Jones est décédé, ce dimanche 3 novembre, à l'âge de 91 ans.