« C'est notre plus grand message philosophique. Parce que, pour être très simple et sincère, il faut tout d'abord être simple... »… C’est en ces terme que Paul Mc Cartney évoque « Love me do ».
Un titre composé par ses soins. Il n’a alors que 16 ans et c’est sa conquête de l’époque, Iris Caldwell, qui lui inspire cette chanson.
Un morceau que Paul McCartney fait écouter à John Lennon , avec qui il joue déjà au sein des Quarrymen (ou Quarry men).
Les deux hommes retravaillent « Love me do ».
John Lennon, initie le riff d’harmonica. Et c’est cette version que les deux musiciens, accompagnés de George Harrison et de Pete Best, jouent lors de leur audition dans les studios d’Abbey road devant George Martin, lors de leur audition.
Séduit par « Love me do », le patron du label Parlophone décide de publier le titre. Et ce, alors qu’il souhaitait initialement faire interpréter au groupe, pour son premier 45T, un morceau qu’il n’aurait pas écrit.
Le single, sur lequel figure sur la face B « P.S. I love you », paraît le 5 octobre 1962.
A sa sortie, il se hisse à la 49éme place du classement britannique, pour finalement atteindre le 17éme rang, au meilleur des ventes.
Jamais 2 sans 3
Il existe trois versions de « Love me do » et à chacune son batteur… S’il vous plaît.
La première s’effectue le 6 juin 1962 avec Pete Best, ex Blackjacks. Avec John Lennon, Paul McCartney, George Harrison, qui chantent déjà ensemble au Star Club à Hambourg, ils sont réunis aux studios légendaires d'Abbey Road.
Ils auditionnent dans les locaux d’EMI par George Martin.
Quatre chansons sont interprétées : « Besame mucho » (1941) de Consuelo Velázquez (reprise notamment par Edith Piaf, Dalida , Charles Aznavour , ou encore Cesaria Evora ) et trois morceaux originaux de Paul McCartney et John Lennon, « P.S I love you », « Ask me why » ainsi que naturellement « Love me do ».
Au terme de cette session, le patron du label Parlophone, une filiale de la maison de disques, s’exclame : «« Je ne suis pas satisfait de votre batteur. Envisageriez-vous de le remplacer ? ».
Acte II
Lorsque The Beatles se présente le 4 septembre 1962, pour la seconde interprétation, c’est donc sans Pete Best, congédié à la mi-août, pas vraiment avec les formes comme le confirme plus tard George Harrison.
Le guitariste reconnait qu'ils (The Beatles) n'ont « pas été très brillants sur ce coup-là » préférant, en effet, laisser à leur manager, Brian Epstein, le soin d’annoncer la délicate nouvelle à Pete Best, qui les aura accompagné durant deux ans.
Et c’est Ringo Starr , l’ancien batteur des Rory storm and the hurricanes qui lui succède pour cet enregistrement qui figure sur le 45 T original de « Love me do ».
Acte III
Dernière version, celle avec Andy White.
George Martin, encore lui, qui est devenu producteur de The Beatles, n’a pas caché sa déception après la prestation de Ringo Starr lors de l’enregistrement du 4 septembre 1962.
Omniprésent dans l’œuvre la formation de Liverpool, à tel point qu’il est rapidement surnommé le cinquième Beatles, George Martin fait finalement appel à Andy White pour jouer sur « Love me do » mais également « P.S I love you » et « Love me do ».
C’est donc ce batteur de studio qui participe à l'enregistrement du 11 septembre 1962, toujours dans les studios d’Abbey road.
Cette interprétation est retenue pour figurer sur l’album, « Please please me ».
Cadeau de consolation ou ultime offense, Ringo Starr se voit proposer de jouer du tambourin sur « Love me do » et des maracas sur « P.S I love you ».
Le batteur, qui au final n’aura pas accompagné The Beatles sur trois morceaux au total (« Back in the U.S.S.R » en 1968, « Dear Prudence » en 1968 également et « Ballad of John and Yoko » en 1969), explique à posteriori : « Il s'est excusé à maintes reprises depuis cette journée du 11 septembre 1962, ce bon vieux George Martin, mais là, ça m'avait anéanti. Je l'ai haï, le salaud, pendant des années, et aujourd'hui encore, je ne le lâche pas avec ça ! ».
George Harrison se fait avoir comme un bleu
L’éviction de Pete Best au profit de Ringo Starr n’a pas fait l’unanimité… Pour preuve, cet épisode embarrassant du Cavern club de Liverpool.
The Beatles y jouent régulièrement à leurs débuts et c’est là d’ailleurs que les « quatre garçons dans le vent » sont découverts par Brian Epstein, venu les voir jouer un certain 9 novembre 1961.
Lorsque les spectateurs, habitués du lieu, apprennent que Pete Best ne jouera plus aux côtés John Lennon, Paul McCartney et George Harrison, les huées ne tardent pas.
Aux « Pete est le meilleur » succède les « Ringo jamais, Pete toujours ».
George Harrison qui n’est pas insensible aux quolibets, dirons-nous, défend l’honneur du nouveau venu et y allant, lui aussi, de ses « reproches ».
La sanction, plutôt violente, ne tarde pas, comme l’explique le musicien, lui-même :« Après un concert, on est sortis des loges, on est entrés dans un tunnel tout noir, et il y a quelqu'un qui m'a balancé un coup de poing dans le visage. Je me suis retrouvé avec un œil au beurre noir. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour Ringo ! ».
Effectivement, lors de la séance d’enregistrement du single de « Love me do », le 4 septembre, c’est un George Harrison à l’œil gauche sévèrement amoché qui se présente. Un cliché de Dezo Hoffmann, venu immortaliser cette journée, en atteste… Les risques du métier direz-vous !
Caroline LEBENBOJM