Indochine, premier très gros succès new wave en France
Au début des années 80, la new wave n’a pas encore traversé La Manche. Extrêmement populaire en Grande-Bretagne où le terme est apparu vers 1977, ce style de musique post-punk se veut d’abord volontairement un peu terne à ses débuts, avant que cette "cold wave" ne laisse place à une synthpop aux rythmes plus enjoués. Figures de proue de ce nouveau rock qui emprunte à une musique électronique prenant de l’essor à cette époque, Depeche Mode est l’une des grandes sources d’inspiration pour les groupes français. Précurseur du genre dans l’Hexagone, Taxi Girl voit, au début des années 80, sa popularité naissante être rapidement dépassée par celle d’Indochine. Formé en 1981 par Nicola Sirkis, le groupe sort son deuxième single, "L’Aventurier" et son rock dynamité par les sonorités électroniques. Et c'est un énorme succès dès l'année d'après (plus de 500 000 exemplaires vendus en France).
Étienne Daho, grande figure de la new wave
Toujours en 1982, Indochine est invité à faire la première partie de concerts de Depeche Mode et Taxi Girl. Si le manager de Taxi Girl déprogramme la formation des frères Sirkis pour empêcher qu’elle ne fasse trop d’ombre à ses protégés, c’est bien Indochine qui porte désormais l’étendard de cette jeune new wave française. À leurs côtés apparaît un peu plus tard un musicien débarqué d’Algérie à Rennes en 1964, Étienne Daho. Connu pour faire partie de la grande scène rock rennaise du début des années 80, il sort en 1981 un premier album rock, "Mythomane", qui reste assez confidentiel, avant de rencontrer Arnold Turboust. Claviériste/programmateur (et aussi chanteur comme dans son duo "Adélaïde" avec Zabou Breitman), Arnold Turboust fait partie des pionniers français dans le domaine des sonorités synthétiques. Avec lui, Étienne Daho confectionne l'album "La notte, la notte" (1984) qui contient notamment l'inoubliable "Week-end à Rome", l’un des grands hymnes de la new wave française.
La new wave aux textes sombres de Gold
L’année d’après en 1985, le groupe Gold surfe sur cette vague new wave qui débarque en France avec un rock coloré et renouvelé. Née dans les années 60, la formation toulousaine a d’abord joué du rock et du yéyé avant de se professionnaliser en 1982, date qui marque également la prise définitive du nom du groupe. À cette époque, les synthétiseurs du claviériste Bernard Mazauric se font de plus en plus présents dans la musique du groupe, qui prend la couleur de la synthpop. En revanche, Gold se différencie de ses contemporains par ses paroles qui font souvent le récit d’histoires dramatiques. Ce style atypique et contrasté sera la marque fabrique du groupe, qui sortira "Plus près des étoiles" (1984), "Capitaine abandonné" (1985) ou encore "Ville de lumière" (1986), entre autres, parmi ses plus grands succès. Précurseurs d’un même genre, mais chacun à leur façon avec des productions musicales très différentes, Indochine, Gold et Étienne Daho auront tous participé à faire de la new wave l’un des styles de musique les plus populaires en France dans les années 80.