" Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées, mon paletot aussi devenait idéal [...], oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées ! "... Ce sont là les premiers vers du sonnet d'Arthur Rimbaud, " La bohème ", qui colle également aux " semelles de vent " de Bob Dylan .
Inspiré par le poète, cette figure folk revendicatrice a, elle aussi, tentée de fuir le milieu étouffant d'une société jugée trop conformiste. A l'instar d' Arthur Rimbaud, les errances du chanteur ont donné vie à des textes, mis en musique pourBob Dylan , et repris par toute une génération.
Robert Allen Zimmerman, qui n'est pas encore Bob Dylan (un pseudonyme inspiré par le poète gallois Dylan Thomas), a à peine dix ans lorsqu'il fuit Hibbing, une cité minière à la frontière américano-cAnadienne, pour gagner Chicago. C'est semble t-il dans la capitale du blues qu'il fait la connaissance du bluesman, Big Joe WillIAMs, qui lui offre une vieille guitare dont il fait rimer les accords avec son harmonica.
Après des études littérAIRes dans le Minnesota, il rencontre à New-York son idole Woody Guthrie avant d'enregistrer quelques morceaux avec la chanteuse, Carolyn Hester.
Fort de cette première expérience, le chanteur, qui s'oriente vers une musique folk / blues, sort son premier album " Bob Dylan " en 1961.
Il faut attendre son second disque " The freewheeling' Bob Dylan " pour que le personnage se dévoile. Le chanteur se mute en parolier. Ses revendications flirtent avec la poésie d'Arthur Rimbaud et de John Keats.
Rencontre avec Joan Baez
Au milieu des années 60, il marie ses textes à sa guitare électrique et donne naissance aux albums " Bringing it all back home " et " Highway 61 revisited ".
La notoriété de Bob Dylan devient alors grandissante. Il se produit régulièrement aux côtés deJoan Baez , dont il partage plus que des idéaux...
Il rompt avec la culture folk blues en 1965, l'année de sortie de " Like a rolling stones ", qui se veut plus rock.
L'année suivante, alors que " Mr Tambourine man " est un succès mondial, le chanteur est victime d'un grave accident de moto qui l'oblige à vivre reclus chez lui à Woodstock sans pour autant oublier la musique puisqu'il s'adjuge les compétences du groupe, " The Band ", qui ne tarde pas à l'accompagner dans ses tournées.
Du folk à la country
C'est à cette période qu'après le folk, le blues et le rock, il se tourne un temps vers la country avec des titres tels que " John Wesley Harding " (1967), " Nas hville skyline " (1969). " Lay Lady lay " devient également un classique.
Les tournées s'enchaînent en 1973 ; l'une d'elle fait d'ailleurs l'objet d'un double album " Before the flood ".
Deux ans plus tard, il revient avec " Blood on the tracks ", dont sont extraits " Simple twist of fate " ou encore " Lily ".
Le titre " RosemAry and the Jack of hearts " sera, lui, repris par Joan Baez avec qui il sillonne les Etats-Unis, aux côtés de Joni Mitchell et de Roger Mc Guinn des Byrds, pour la tournée "Rolling thunder revue".
Chanteur engagé
Dans une Amérique conservatrice, Bob Dylan , interpellé par le parcours du boxer noir américain, Rubin Carter, alors emprisonné, écrit la chanson " Hurricane ".
Après trois opus fortement influencés par le religieux, jusqu'à " Infidels " en 1983, les années 80 ne sont pas propices à Bob Dylan dont les albums sont boudés par le public.
En 1990, le chanteur revient sous le nom de Lucky Wilbury, aux côtés de George Harrisson et deRoy Orbison , à la faveur des deuxième et troisième albums des Traveling Wilburys.
C'est en 1990 également qu'il sort " Oh mercy " et " Under the red sky " sur lequel il invite, George Harrison, Jimmie et Stevie Ray Vaughan, Elton John et David Crosby.
" Modern time "
Décidément toujours très productif, le chanteur sort " The bootlegseries ", trois CD d'inédits qui contiennent notamment la première version de " Like a rolling stones " qui était une valse.
L'album " Time out of mind " lui vaut trois Grammy Awards en 1997.
Quatre ans plus tard, c'est "Love and theft" qui paraît. Un album qui résonne comme une rétrospective de son oeuvre.
Figure emblématique, Bob Dylan se voit honoré par Martin Scorsese qui consacre un documentAIRe à ses débuts, " No direction home " en 2005.
Un an plus tard, le chanteur met la touche finale à sa trilogie entamée en 1997 avec son quarante-quatrième album, " Modern time ". Un disque influencé par le blues, le jazz et la country, qui s'appuie sur une voix désormais plus grave qui, à la manière des " Temps modernes " de Charlie Chaplin, s'interroge sur la finalité de notre époque.
Retour sur scène
En 2007, Bob Dylan entreprend une tournée qui passe en avril par le Palais Omnisport de Paris-Bercy.
En 2007, Bob Dylan entreprend une tournée qui passe en avril par le Palais Omnisport de Paris-Bercy. Il édite le CD «Dylan», qui est disque d’or aux Etats-Unis.
Le 7 avril 2008, Dylan obtient un prix Pulitzer «spécial». Cette citation est rare et n’a été accordée qu’à trente-neuf reprises depuis 1917.
Le huitième volume «Bootleg Series», «Tell Tale Signs: Rare and Unreleased 1989-2006», sort en octobre 2008.
2009 – 2010: Tournée sans fin, album inédit et chants de Noël
Le chanteur reprend la route pour une tournée en 2009 qui le mène en Europe et en France.
L’album «Together Through Life» sort le 28 avril 2009, avec en couverture une photo du photographe Bruce Davidson. L’idée du disque lui est venue à la suite d’une discussion avec le réalisateur français Olivier Dahan, qui lui a demandé une chanson pour son road movie «My Own Love Song»; il prévoit d’abord une seule chanson, «Life Is Hard», puis l’inspiration suit. Neuf des dix chansons ont été écrites avec son vieux partenaire, Robert Hunter, qui a aussi notamment travaillé pour le Grateful Dead. Ce 33e album studio fait un carton. Il est N°1 dans plusieurs pays, dont les Etats-Unis, le Canada, l’Argentine et la Grande-Bretagne. N°9 en France. Il est aussi N°1 des albums sur Internet. Il est nommé deux fois aux Grammy Awards, mais repart sans récompense.
En octobre, Dylan cède à la tradition américaine en publiant un album de Noël, «Christmas in the Head », dont les bénéfices sont reversés à des associations humanitaires contre la faim. Ces chansons sont pour lui des chansons folk qui font partie de sa vie et il n’a pas souhaité en donner une interprétation personnelle.
2010: Asie et Bootleg Series
Japon, Chine, Taïwan, Pékin, Shanghai, Hong-Kong, Corée du Sud: Dylan parcourt l’Asie en mars et avril 2010.
Le 18 octobre 2010, Dylan publie le volume 9 de ses «Bootleg Series, The Witmark Demos». La même semaine, Sony Legacy distribue «Bob Dylan: The Original Mono Recordings», un coffret qui présente pour la première fois les huit premiers albums dans leur version originale mono. Le livret est signé du fameux critique musical Greil Marcus.
2011-2014 Les disques et les tournées continuent
2011 est riche en événements pour Bob Dylan, qui fête cette année-là son 70e anniversaire.
Le 12 avril 2011, Legacy Recordings publie le disque «Bob Dylan en concert à Brandeis», enregistré à l’université de Brandeis en mai 1963, juste deux semaines savant la sortie de «The Freewheelin' Bob Dylan». La bande a été découverte dans les archives d’un critique musical. C’est la dernière prestation de Bob Dylan avant qu’il ne devienne une star.
Pour célébrer son 70e anniversaire, trois universités (Bristol, Vienne et Mayence) organisent, le 24 mai 2011, des symposiums qui mettent en valeur les études qui sont faites et éditées sur son travail musical.
Le 4 octobre 2011, sa maison de disque, Egyptian Records, fait sortir un disque de chansons de l’artiste Hank Williams, qu’il n’avait pas eu le temps de terminer avant sa mort en 1953. Bob Dylan est partie prenante de l’organisation de cet hommage et participe aussi, aux côtés d’autres artistes, notamment son fils Jakob Dylan, Levon Helm, Norah Jones, Jack White.
Une tournée européenne a lieu fin 2011 en double affiche, en compagnie de Mark Knopfler, avec qui il a enregistré «Slow Train Coming» en 1979.
2012: «Tempest» et médaillé par Obama
En mars 2012, le musicien et chanteur David Hidalgo, du groupe de rock mexicain Los Lobos (qui a déjà travaillé sur «Together Through Life» et «Christmas in the Heart»), annonce que Bob Dylan travaille sur un nouvel album studio aux consonances mexicaines.
«Tempest», qui est une référence au naufrage du Titanic, sort le 11 septembre 2012. L’un des titres, «Roll On John», est un hommage à John Lennon.
Six des morceaux font désormais partie des setlists du «Never Ending Tour».
Le 29 mai, le Président Barack Obama récompense Bob Dylan de la médaille présidentielle de la liberté, à la Maison Blanche.
2013: La compile définitive (?) et des découvertes de 1960
Lors du «Never Ending Tour», Dylan se produit en 2013 en concert partout en Europe: Berlin, Genève, Padoue, Bruxelles et Paris.
Le 4 novembre, Columbia Records publie: «Bob Dylan: Complete Album Collection: Vol. One», un coffret qui contient les 35 albums studio de Dylan, six albums live, et une collection de singles, de musiques de film et de prises non publiées en album, sous le nom de «Sidetracks». Un livret très précis accompagne cette imposante édition.
Cerise sur le gâteau, Columbia publie à la même date une compilation, «The Very Best of Bob Dylan».
Une semaine plus tard, les 12,13, et 14 novembre 2013, l'artiste est à Paris pour des concerts au Grand Rex, où il avait chanté en 1990.
Une vingtaine de titres inédits du chanteur datant de 1960 sont repris pour «Lost On The River: The New Basement Tapes». Le producteur T. Bone Burnett a décidé de s’emparer de deux douzaines de chansons écrites par le chanteur et jamais encore éditées. Ces textes avaient été écrits en même temps que les chansons de son album «The Basement Tapes», au cours de l’été 1967, quand le chanteur avait été victime d’un accident de la route, et donc contraint au repos.
2014: Hommage au crooner Sinatra
La tournée sans fin l’emmène pour 92 concerts: elle commence à Tokyo puis se continue dans le reste de l’Asie (17 shows), en Europe (21 dates), en Océanie (19 concerts) et en Amérique du Nord (35 shows).
«The Bootleg Series Vol. 11: The Complete Basement Tapes» sort en août.
A la fin de l’année, en rappel de presque toutes ses dates américaines, Dylan reprend le standard de Frank Sinatra, «Stay With Me». Son goût pour le mythique crooner va apparaître pleinement en 2015.
2015 : Reprises de Frank Sinatra avec «Shadows in the Night»
Le 3 février 2015, sort «Shadows in the Night», qui réunit dix chansons écrites en 1923 et 1963, qui font partie du «Great American Songbook». Parmi les dix classiques, «Full Moon And Empty Arms», «Stay With Me», ou encore «I’m A Fool To Want You». Cela fait depuis 1978 que Bob Dylan projette de faire cet album, en fait, depuis celui de Willie Nelson, «Stardust». L’album se retrouve N°1 en Grande Bretagne la semaine de sa sortie.
Le 2 mars 2015, sort le clip du single «The Night We Called It a Day», réalisé par Nash Edgerton. Bob Dylan y interprète un gangster.
Le 20 mai 2015, à l’occasion de son ultime participation au célèbre «Late Show», David Letterman invite Bob Dylan. C’est sa première apparition depuis 1984, au sein de cette même émission.
Le magazine Rolling Stone le met à la première place des 100 Meilleurs Auteurs de Chansons de Tous les Temps et un immense mural, du street artiste Eduardo Kobra, à la gloire de Bob Dylan est inauguré à Minneapolis, la ville où il a fréquenté l’université pendant un an.
«The Bootleg Series Vol. 12: The Cutting Edge 1965-1966» sort en novembre.
Le «Never Ending Tour» reprend, et les setlists incluent au moins deux extraits de «Shadows in the Night» en milieu et fin de concert.
2016
Le 20 mai 2016, Dylan présente «Fallen Angels», qui est la poursuite de son travail engagé avec Sinatra. L’album contient douze chansons de Harold Arlen, Sammy Cahn et Johnny Mercer, dont onze avaient été enregistrées par Sinatra. L’album est très bien accueilli.
En octobre 2016, Bob Dylan est à Indio, pour le festival «Desert Trip». L’affiche extraordinaire réunit aussi les Rolling Stones, Paul McCartney, Neil Young, The Who et Roger Waters. Dylan avait exprimé auparavant le désir de faire un album avec les Stones et les Beatles, mais Mick Jagger et Paul McCartney avaient refusé.
Le même mois, le 13, il se voit décerner le prix Nobel de littérature. L’artiste est tellement étonné qu’il reste deux semaines sans rien dire. Il finit par accepter le prix, mais ne participe pas à la cérémonie de remise des prix, en raison «d’autres engagements». Patti Smith le représente à l’événement qui a un retentissement planétaire. Elle lit un message de Dylan et interprète «It’s a Hard Rain That Gonna Fall».
2017: Tournée et «Triplicate»
L’année 2017 ramène Bob Dylan en Europe, dont la France et Paris pour deux concerts.
«Triplicate», un CD triple, paraît en mars. C’est le trente-huitième album studio de Bob Dylan et son troisième album de reprises de chansons américaines des années 1940 et 1950, après «Shadows in the Night» et «Fallen Angels». Elles ont toutes été interprétées par Frank Sinatra, sauf « Braggin'», de Tony Pastor & His Orchestra. Dylan y propose trente titres issus du répertoire de la chanson américaine ayant précédé l'émergence du rock'n'roll. Réalisé par lui-même sous le pseudonyme de Jack Frost, le triple album a été enregistré en direct avec son groupe de tournée.
Bob Dylan s’est rendu en Suède pour recevoir, lors d’une cérémonie privée, son Prix Nobel de littérature, le samedi 1er avril. Le 4 juin 2017, à Los Angeles, il enregistre, sur fond de piano, son discours d’acceptation du prix Nobel, qui est posté le jour suivant sur le site du prix Nobel.
Ce même mois, l’astéroïde de la ceinture principale 337044 Bobdylan est nommé en son honneur.
Fin septembre 2017, un nouveau film sur des concerts de Bob Dylan, intitulé «Trouble No More» est présenté en avant-première au New York Film Festival, au Lincoln Center. Réalisé par Jennifer Lebeau, ce film est fait à base de documents d’archives provenant des concerts de sa période dite «Born Again», à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Le film comporte aussi des passages parlés, écrits par l’écrivain et critique Luc Sante, et déclamés par l’acteur Michael Shannon.
Lors de cette diffusion, d’insistantes rumeurs associent le nom de Martin Scorsese à un futur documentaire sur le travail de Bob Dylan, où figureraient, entre autres, Joan Baez, Roger McGuinn, Sam Shepard, Allen Ginsberg, T. Bone Burnett, Ramblin’ Jack Eliot. Cela traiterait du «Rolling Thunder Revue».
L’historien Douglas Brinkley, qui prépare un livre sur Dylan, dit avoir eu accès à toutes les interviews que l’équipe de Scorsese aurait réalisées pendant des décennies. Notons que la guitare Martin D-28 acoustique de 1963, dont Bob Dylan s’est servie lors de ce «Rolling Thunder Revue » et au «Concert for Bangladesh», et qu’avait conservée son luthier, a été vendue pour une très grosse somme.
Bob Dylan lui-même a cédé à l’université américaine de Tulsa, dans l’Oklahoma, pas moins de 6.000 objets et enregistrements lui appartenant. Le Gilcrease Museum's Helmerich Center for American Research y présente une exposition permanente.
En octobre sort un gospel interprété par Bob Dylan et qui doit figurer sur le prochain «Bootleg», qui sort le 3 novembre. «The Bootleg Series Vol. 13 : 1973-1981» présente 8 CD, 1DVD de luxe et un livret de 120 pages. Il contient 100 enregistrements concert ou studio inédits, dont 14 chansons inédites. Le coffret prestige à l’exclusivité du long-métrage «Trouble No More: A Musical Film», diffusé au New York Film Festival, en septembre. L’ensemble paraît sous le titre «Bob Dylan, Trouble No More». Il est également disponible en formats 2 CD et 4 vinyles, qui réuniront l’équivalent des deux premiers disques du coffret prestige.
Durant l’été, une comédie musicale de Conor McPherson, «Girl from the North Country», avec des textes et musiques de Bob Dylan, se donne à guichets fermés à l’Old Vic à Londres. «Girl from the North Country», est une chanson de l’album de 1963, «The Freewheelin' Bob Dylan», qui reprend des thèmes et paroles de «Scarborough Fair». L’action de la pièce se déroule dans le Minnesota en 1934.
2018
En janvier 2018, la comédie musicale de Conor McPherson, «Girl from the North Country», est reprise dans un autre théâtre londonien pour un nombre limité de représentations jusqu’à la fin mars.
Quant à Bob Dylan, 2018 est l’occasion pour lui de continuer son Never Ending Tour.