Deux hommes qui se ressemblaient
Nés tous deux pendant l’entre-deux-guerres, et à seulement quelques mois d’écart, Georges Brassens et Boby Lapointe jouent leurs premiers spectacles dans les années 1950 alors qu’ils ont la trentaine. Les deux hommes se croisent notamment au Cheval d’Or, un cabaret parisien lancé en mars 1955 qui restera dans le futur l’une des scènes fétiches de Boby Lapointe. Peu à l’aise sur scène à ses débuts après avoir connu une jeunesse tumultueuse, Georges Brassens tombe sous le charme de l’aisance de Boby Lapointe... et de ses bons mots. À la fin des années 1950, Georges Brassens s’installe dans sa nouvelle demeure, le Moulin de la Bonde, où il invite souvent ses amis du monde du spectacle. Parmi eux, Boby Lapointe tient une place particulière dans le cœur de Georges Brassens, qui se trouve de nombreux points communs avec cet autre poète héraultais, aussi drôle que sensible.
Quand Georges Brassens a épongé les dettes de Boby Lapointe
Mais alors que la carrière de Georges Brassens bat son plein dans les années 1960, celle de Boby Lapointe rencontre un coup d’arrêt. Moins sollicité par les radios, le chanteur facétieux ouvre un café-concert nommé Le Cadran Bleu, mais le lieu fait rapidement faillite. Alors que Boby Lapointe se retrouve en grande difficulté, c’est Georges Brassens qui lui vient en aide financièrement. L’interprète de la chanson "Les copains d’abord" (qui fait partie de vos 5 chansons préférées de Georges Brassens) trouve aussi du travail à son ami, et l’invite à se produire en première partie de ses spectacles, notamment lors de son triomphe à Bobino en 1964. Au fil de ces tournées qui durent pendant quasiment toute la décennie 1960, les deux amis se rapprochent logiquement encore un peu plus.
Une amitié seulement brisée par la mort
Cette belle amitié sera interrompue de manière précoce par le décès à l’âge de 50 ans de Boby Lapointe, qui mourra chez lui, à Pézenas, d'un cancer du pancréas à l'été 1972. Le début des années 1970 avait été synonyme de projet cinématographique pour les deux compères. Reconnu enfin comme un comédien à part entière, Boby Lapointe a tourné de nombreux films, dont "Max et les ferrailleurs" de Claude Sautet et "La Veuve Couderc" réalisé par Pierre Granier-Deferre, son dernier film. De son côté, Georges Brassens a participé à la composition de la musique des films "Heureux qui comme Ulysse" (avec Fernandel) et "Le drapeau noir flotte sur la marmite" (de Michel Audiard). Très affecté par la mort de Boby Lapointe, Georges Brassens dira de lui ceci : "Les soirs où son amitié et sa bonhomie me manquent un peu, je fais comme si de rien n'était, j'écoute ses chansons pour qu'il continue à vivre, le bougre, et il continue. Mon vieux Boby […], fais croire à qui tu veux que tu es mort ; avec nous, les copains, ça ne prend pas." Georges Brassens s'éteindra presque dix ans plus tard, lui aussi dans son Hérault natal.