Un esprit rebelle forgé par une enfance difficile
Né en 1958, Prince Nelson voit ses parents musiciens se séparer très tôt. Vivant ensuite tantôt chez sa mère remariée, chez sa tante ou chez son père, il se fait virer du domicile par ce dernier à l’âge de 12 ans. Trouvant refuge dans le sous-sol de son voisin, il vit alors une adolescence sous le signe de l’hédonisme pendant laquelle il enchaîne conquêtes féminines et répétitions avec ses premiers groupes. Pas malheureux, mais souvent sans le sou, Prince construit autour de la colère qu’il ressent un caractère marginal, et devient un artiste entier qui ne se laissera jamais dicter ses choix.
Une mainmise totale sur sa direction artistique
Artiste totalement à part dans ses compositions, ses looks et son attitude, Prince aura eu des relations tumultueuses avec les maisons de disques tout au long de sa carrière. Dès son premier contrat signé avec Warner Bros, le jeune homme de 18 ans et son agent Owen Husney exigent un engagement du label sur 3 albums avec une avance de 180 000 dollars, et la garantie de conserver une totale liberté en termes de composition, d’interprétation et de production. Contre l’avis de la Warner, l'artiste parvient également à sortir en 1984 le film musical "Purple Rain" devenu depuis mythique.
Son combat emblématique face à la Warner
Malgré le succès, les tensions entre Prince et son label atteignent leur paroxysme dans les années 1990 lorsque la Warner sort une compilation que Prince ne voulait pas, et n’assure dans le même temps qu’une promotion minimum pour certains autres albums. Alors qu’il engage une bataille juridique pour quitter la Warner, l’artiste arborera même pendant certains concerts le mot "slave" écrit sur une joue, se considérant comme un "esclave" de l’industrie musicale et de son label qui ne le libère pas de son contrat.
Un des premiers à investir Internet… et à le quitter
Dans les années 1990, Prince est également remonté contre ceux qui téléchargent illégalement ses chansons sur Internet, avant de se mettre à aimer cette plateforme synonyme de liberté artistique et de proximité avec les fans. En 1998, il est l’une des premières stars internationales à vendre les pistes numériques d’un album avec "Crystal Ball". Mais, fin 2014, Prince demande l’arrêt de la diffusion de toute sa musique sur plusieurs plateformes d'écoute digitale, mettant en avant des problèmes de rétribution.
Rebelle jusqu’à la fin
Ayant toujours essayé d’insuffler sa liberté d’esprit dans ses chansons, Prince aura fait tourner en bourrique l’industrie du disque jusqu’à sa mort, notamment tous ceux qu’il estimait être des profiteurs. Dans les années 2000, Prince distribuera ainsi gratuitement son album "Musicology" (2004) à l’entrée de ses concerts, puis l’opus "Planet Earth" (2007) dans un numéro spécial de l’hebdomadaire britannique conservateur "Mail on Sunday". Prévenant parfois ses fans avant sa maison de disques de la sortie d’un nouvel album, il aura également annoncé plusieurs de ses derniers concerts au dernier moment afin d’empêcher le business autour de la revente de billets.