Avec plus de trente albums studios, trois films et des récompenses en pagaille, Prince a confirmé son statut de superstar mondiale. L’auteur du tube "Purple Rain", qui vient tout juste de fêter son quarantième anniversaire, a en effet plus d’un tour dans sa poche. Sa voix unique et ses capacités de multi-instrumentaliste ont fait de Prince une légende, au sommet de la pop aux côtés de Michael Jackson.
En 1994, Prince dévoile son opus "Come", et surtout, son "Black Album". Un disque de 1987, dont la sortie a été annulée au dernier moment. Sorte de compilation de morceaux épars qui a finalement été éditée sous une étiquette neutre, d’où son nom. Cette même année, un autre disque du guitariste aurait pu déferler sur les ondes et dans les bacs de disques, mais l’histoire en a voulu autrement.
Un film bizarre
Nous sommes un an auparavant et Prince souhaite réaliser un mini-film musical. Il s’entoure du réalisateur Parris Patton, des actrices Vanessa Marcil et Nona Gaye, et commence le tournage dans sa demeure de Paisley Park dans le Minnesota. Le film intitulé "The Undertaker" suit le personnage de Vanessa.
Après être entrée en détresse dans Paisley Park pour passer un coup de téléphone, la jeune femme finit par avaler un tube de comprimés qui altèrent ses sens et sa perception. Une vision troublée que vit également le spectateur, dont les yeux sont happés dans le montage indistinct de couleurs et de persepctives qui se chevauchent.
Le film suit essentiellement la déambulation du protagoniste qui finit par tomber sur une session de répétition de Prince. Le chanteur et sa guitare signature sont entourés d’une session rythmique dépouillée, mais diablement efficace, constituée du batteur Michael Bland et du bassiste Sonny Thompson.
Une bande-son hors du commun
La répétition commence avec le morceau "The Ride". Un étalage éloquent du talent de guitariste de Prince, qui appuie sa technique et sa créativité avec une myriade d’effets qui rendent le son aussi distordu et abstrait que le montage visuel. Les morceaux s’enchainent ensuite comme pour transposer l’état hallucinogène dans lequel l’actrice se trouve.
Entre funk, hard rock et improvisation psychédélique, la composition de chacun des titres est une ode à la liberté créative de son auteur, qui trouve son apogée dans le morceau "The Undertaker". Le musicien se fend même d’un clin d’œil aux Rolling Stones en reprenant le tube "Honky Tonk Woman", à la sauce Prince bien entendu.
Une prestation hors du commun rendue encore plus irréelle par le fait que la dizaine de morceaux a été enregistrée en une seule prise.
Le film et l’album finalement bloqués
Des copies du film sont éditées par la Warner Bros. mais la société de production décide finalement de bloquer la sortie. Les quelques copies DVD du film déjà produites sont recouvertes d’un film plastique les rendant illisibles. Prince décide alors de graver des CDs de la musique qui seront à leur tour bloqués et détruits.
Aujourd’hui, seules quelques cassettes VHS font état de cette session de répétition mythique. Les circonstances de la sortie des dites cassettes est floue et les avis divergent quant à l’histoire officielle. Toujours est-il que cette bande-son n’a pas eu la diffusion qu’elle aurait méritée tombant ainsi dans les méandres de la création musicale.