Masterpiece. Dans cette année particulière de 1982, qui verra naitre des monuments de la pop culture comme "Thriller" de Michael Jackson ou "E.T" au cinéma, sort, au mois de juin, un petit bijou de composition et de production : "Eye in the Sky".
Aux manettes de cet album soft rock, deux artistes qui se complètent idéalement. Eric Woolfson et Alan Parsons se sont rencontrés en 1974 dans les mythiques studios londoniens d’Abbey Road. Le premier est un auteur-compositeur talentueux, le second, un ingénieur du son dont la renommée n’est plus à faire depuis ses participations aux albums "Let it Be" des Beatles et "The Dark Side on The Moon" des Pink Floyd, considéré comme le graal de la production musicale.
L’influence "Big Brother"
Quand le duo se met au travail, fin 1981, pour créer son sixième album, l’idée est de sortir du schéma du concept-album jusque-là adopté par le groupe. La direction musicale pour sa part reste la même, soft-rock, mélodique et particulièrement soignée. Marqué par les caméras de surveillance installées dans les casinos que fréquente assidûment Woolfson, l’auteur écrit une chanson teintée de l’influence du best-Seller de George Orwell "1984", qu’il nomme "Eye in the Sky", conformément à l’expression désignant communément ces outils de contrôle.
A l’intérieur de la célèbre pochette verte flanquée d’un œil égyptien, le sixième opus de Alan Parsons Project découvre une remarquable inspiration en termes de composition et de production. En 6min30, l’enchaînement de l’instrumentale "Sirius" et de "Eye in the Sky" donne le ton. Léchée, puissante, cinématographique, l’intro de l’album est une réussite. L’équipe star du basket US, les Chicago Bulls de Michael Jordan, ne s’y trompe pas en adoptant "Sirius" comme hymne. La fusion entre le décor du Chicago Stadium, l’équipe de Jordan et le morceau d’Alan Parsons Project, qui électrise les fans, est telle que le morceau est désormais plus connu comme thème des Bulls que comme introduction de la chanson "Eye in the Sky".
Un Grammy, 36 ans plus tard
Et la suite de l’album n’est pas en reste. Les ballades atmosphériques ("Old and Wise", "Gemini") alternent avec les chansons orchestrales, à l’image de "Silence and I". Pas de fausses notes non plus lorsque le duo produit des instrumentales avant-gardistes à l’image de l’entrainante "Mammagamma".
Nommé lors de la 25eme édition des Grammy Awards en 1983, dans la catégorie "Meilleure production d’album", Alan Parsons Project s’incline face à Toto et son opus "IV". Mais le travail du groupe sera consacré 36 ans plus tard, lors de la même cérémonie, à l’occasion de la réédition anniversaire de "Eye in the Sky" en version surround. Le sixième album remporte ainsi le prix "Best Immersive Audio Album" couronnant un peu plus le travail d’orfèvre de ses auteurs.