"Des millions d'yeux se sont soudainement tournés vers nous, créant une image que je n'oublierai jamais pour le reste de ma vie." C’est ainsi que Paul McCartney introduit son livre de photographies intitulé "1964: Eyes Of The Storm", qui témoigne de la folie collective qui s’est emparée des fans des Beatles au début de ce que l’on a appelé la Beatlemania.
Après avoir fait leurs armes entre Liverpool, leur ville natale, et Hambourg, où ils sont programmés dans des clubs de la cité portuaire allemande, les rockeurs anglais travaillent sur leur premier 45 tours qui comporte le single "Love Me Do" et constitue un succès satisfaisant pour le groupe à la fin de l’année 1962.
Il faudra toutefois attendre le début de 1963 et la sortie du titre "Please Please Me" pour que les quatre garçons de Liverpool, John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr, fraichement intégré au groupe, se hisse à la première place des charts.
"Beatlemania !" titre la presse anglaise
La suite de l’année 1963 est marquée par la tournée du groupe en Angleterre et la sortie d’un nouveau hit intitulé "She Loves You". L’ascension irresistible des Fab Four se poursuit et leur passage remarqué dans l’émission télévisée “Sunday Night at the Palladium", le 13 octobre, lance définitivement la fièvre autour du groupe qu’on appellera bientôt "Beatlemania". Une prestation à peine audible, tant les fans hurlaient, et qui a retenu le groupe à l’intérieur du London Palladium. En dehors du théâtre, en effet, quelque 60 policiers ont toutes les peines du monde à retenir un millier de jeunes en furie, rapporte la presse présente.
Dans les jours suivants, les quatre superstars en devenir poursuivent leurs concerts devant une foule frénétique. La Beatlemania se répand comme une trainée de poudre. Celle-ci se traduit par un public hystérique et des numéros de téléphone écrits au rouge à lèvres aux dos des programmes lancés sur scène depuis la fosse, rapporte le Daily Mirror dans un article du 2 novembre titré : "Beatlemania !".
Douze jours plus tôt, un autre journal anglais, le Daily Mail avait déjà mentionné le terme sous la plume du journaliste Vincent Mulchrone, inaugurant sans doute pour la première fois le célèbre néologisme dans presse. Le phénomène est en train de conquérir l’Angleterre et il a désormais un nom.
Les Beatles à la conquête de l'Amérique
L’année 1964 va sceller cette adoration du public pour les Beatles de part et d’autre de l’Atlantique au cours d’une année totalement folle.
Pour les quatre garçons de Liverpool, percer en Angleterre était une chose mais faire succomber le public américain apparaît comme un rêve quasi inatteignable. Leurs premiers pas à l’aéroport JFK de New York, accueillis par une foule de fans, le 7 février 1964, va leur faire prendre conscience que le rêve est bel et bien devenu réalité.
Deux jours plus tard, le groupe est l’invité du Ed Sullivan Show s’offrant, par la même, une audience de plus de 70 millions de personnes. De quoi asseoir définitivement la notoriété des jeunes Anglais au pays des Beach Boys.
Au cours de cette première visite aux Etats-Unis, les Beatles se produiront notamment à deux reprises au célèbre Carnegie Hall de New York, devant près de 3.000 personnes venues voir le phénomène britannique et son irrésistible ascension.
Un peu plus de deux ans plus tard, le groupe rassemblera 55.000 spectateurs au Shea Stadium à New York. Une performance inégalée pour un groupe de rock à l’époque.