Les années folles
Dès 1920, l’Europe et les Etats-Unis connaissent une période faste, celle des années folles. Les populations, alors désireuses de divertissements, assistent à un bouillonnement culturel et à une formidable créativité. Dans les années 1930, le Jazz et le charleston partent des Etats-Unis à la conquête de l’Europe et contribue à la naissance des music-halls à Paris.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale et durant une vingtaine d’années, de grandes vedettes contribuent à la renommée du music-hall en France, parmi lesquels Joséphine Baker et sa ceinture de bananes, le chanteur et acteur Maurice Chevalier, ou plus tard Line Renaud. Une liberté et un renouveau musical incarné par des salles parisiennes, devenues désormais mythiques.
Une salle légendaire
Dans les années 1930, Paris est l’une des villes phares de la musique, notamment grâce à ces lieux emblématiques de la chanson française et internationale.
Dès 1930, l’Alhambra est l’un des plus grands music-halls parisiens.
Ancien Théâtre du château d’eau, le lieu est racheté par l’entrepreneur Thomas Barrasfords, qui le transforme en music hall.
Dans un style très anglais, l’Alhambra devient un lieu atypique, aussi prestigieux que le deviendra l’Olympia ou Les Folies Bergères.
Ravagée par un incendie en 1925, la salle est rasée deux plus tard et reconstruite en 1931. Dirigé alors par Albert Adams, l’Alhambra devient un haut lieu de cinéma et de musique et innove par son architecture luxueuse qui lui vaut le nom de « temple doré ».
C’est Maurice Chevalier, dandy au costume et au célèbre canotier, qui en 1956 en fait une salle incontournable, en plein âge d’or du music hall.
Mais le bâtiment est détruit en 1967, due à des problèmes financiers. Néanmoins, une nouvelle salle à une centaine de mètres du lieu originel est construite. Baptisée l’Alhambra, cette salle de concerts rend hommage par son nom au célèbre théâtre.
Le couple Coquatrix
L’Olympia, c’est la salle au rideau et aux fauteuils rouges. Fermé en 1914, le lieu retrouve dès 1918 une programmation prestigieuse, grâce à l’impulsion du comédien et mime Paul Franck. Sont désormais proposés des talents tels que : la chanteuse Fréhel, et les interprètes Georgius et Félix Mayol.
L’Olympia suit le même parcours que l’Alhambra puisque aussi ancien théâtre, il devient un cinéma en 1929.
En 1952, Bruno Coquatrix, qui rénove à l'époque la Comédie Caumartin, devient directeur de la salle et décide d’y importer des opérettes, des vedettes mais aussi des débutants.
C’est le 5 février 1954, que l'Olympia réouvre ses portes, avec en vedette Lucienne Delyle et « Son amant de Saint-Jean » et, en première partie, un débutant… du nom de Gilbert Bécaud, qui arbore déjà sa cravate à pois blancs. Le chanteur sera suite à ce concert surnommé « Monsieur 100.000 volts », le public électrisé finissant par casser les fauteuils du célèbre music-hall.
Bruno Coquatrix et sa femme, Paulette, possèdent alors un sens stratégique extraordinaire, en engageant le prometteur Georges Brassens dès le second spectacle, et le chanteur Charles Trenet deux mois plus tard. Désormais, on ne vient plus à l’Olympia mais chez le couple Coquatrix.
En cinquante ans, la salle du boulevard des Capucines voit défiler environ trois milliards de spectateurs, soit 600.000 par an, et accompagne toute la scène musicale française et internationale.
Des concerts du clarinettiste prodige Sidney Bechet, aux débuts triomphants de Johnny Hallyday, en passant par les dernières de Jacques Brel et d’Edith Piaf, qui lors de son ultime concert s’écroule sur la scène.
L’Olympia est toujours l’une des salles parisiennes majeures. Malgré des problèmes financiers, et fermée notamment durant six mois, la célèbre salle de spectacle rouvre ses portes le 14 novembre 1997, reconstruite « à l’identique ». En effet car, si Bruno Coquatrix a disparu en 1979, son neveu Jean-Michel Boris poursuit toujours son œuvre.
Des lieux incontournables
Autre lieu légendaire, autrefois guinguette, Bobino.
Ancien café-concert, où se produisent chansonniers débutants dans les années 1880, la salle devient dès le début des années folles, un lieu majeur du music hall. Un endroit où le public peut applaudir les vedettes de l'époque comme Lucienne Boyer avec « Parlez moi d’amour », la chanteuse de minuit Barbara, ou encore découvrir le charismatique Fernandel.
L’établissement de la Gaîté Paris devient une salle de théâtre et de spectacle jouant le rôle de tremplin pour les jeunes artistes.
Un âge d'or pour ce lieu, en partie sous l’impulsion de son directeur, Félix Vitry. Dès lors, les années qui suivent sa disparition, en 1973, sont moins fastes et la programmation plus aléatoire. Pendant les années 1980, seuls Renaud et les humoristes Coluche ou Thierry Le Luron y font un succès. Au point que les portes de Bobino se ferment en 1983.
Le lieu est néanmoins rouvert au public dès 1991, sous le nom de Studio Bobin’o. C’est à présent une salle de concerts mais également de théâtre.
Et enfin, une autre salle emblématique des soirées parisiennes, les Folies Bergères, et cela depuis 1880. C’est ces fameuses revues qui vont faire la réputation mondiale de l’endroit à partir de 1886. En parallèle de nombreux spectacles, les Folies Bergères accueillent de grandes vedettes du music-hall, comme Maurice Chevalier, ou Mistinguett, « la gosse des faubourgs ».
En 1918, l’établissement racheté par le comédien et producteur Paul Derval, acquiert une célébrité internationale. Il impose une nouvelle atmosphère, avec des spectacles réunissant des acrobates, des chanteurs et des danseuses recouvertes de paillettes et de plumes d’autruche.
Quant aux Folies Bergères, elles aspirent toujours à rester le plus célèbre music-hall du monde. Depuis dix ans, des représentations musicales moins passéistes y sont données, dans la lignée des spectacles des années 1960.
Des music-halls aux idoles
L’époque du music-hall connaît ses artistes phares. Se succèdent, dans ces lieux, les grands noms de la chanson française tels que Georges Brassens et sa guitare, l’incontournable Charles Trenet ou « la môme » Edith Piaf.
Cette effervescence musicale marque aussi la naissance de nouveaux genres musicaux, comme le rock n’ roll.
A la manière d’Elvis Presley qui faisait de ses apparitions un véritable show, les scénographies évoluent et les artistes deviennent des idoles.
Le phénomène « des yéyés » arrive en France, avec les tenues garçonnes de Sylvie Vartan, Eddie Mitchell et ses « chaussettes noires », et l’idole des jeunes, Johnny Hallyday.
On peut désormais voir des foules d’adolescents, attendre des heures devant l’Olympia, dans l’espoir d’apercevoir leur chanteur fétiche.
Les artistes internationaux se produisent également en France et les salles parisiennes voient l’âge d’or des Beatles, qui jouent à l’Olympia en 1964, ainsi que les Rolling Stones qui s’y produisent à plusieurs reprises. Mais également le Jazzman Louis Armstrong, la sulfureuse Tina Turner, désormais sans Ike, ou la légendaire Dalida.
Ce renouveau musical s’accompagne d’une créativité télévisuelle et cinématographique. L’émission « Salut les Copains », créée en 1959 par Lucien Morisse et animée par Daniel Filipiacchi et Frank Ténot connaît un immense succès parmi la jeunesse parisienne.
Au cinéma, la nouvelle vague prend également place, incarné par Jean-Luc Godard, François Truffaut ou Louis Malle.
L’héritage du music-hall
L’héritage du music-hall est considérable. Les petites salles sont désormais remplacées par des Bercy ou des Zéniths qui peuvent accueillir jusqu’à 18.000 personnes. Mais l’esprit et l’atmosphère de ces lieux mythiques demeurent.
Car il est vrai que ces salles offraient une réelle intimité, une véritable complicité entre l’artiste et le public. En comparaison des stades et grandes salles construites dans les années 1990, les lieux des années folles et trente glorieuses étaient à taille humaine. De l’Olympia pouvant contenir près de 2.000 spectateurs, aux 1.10 0 places de Bobino, en passant par l’Alhambra et ses 2.500 personnes.
Reste une salle contemporaine, celle du Palais des Congrès de Paris, rappelant cette atmosphère intimiste. Inauguré en 1974, c'est Serge Lama qui est le premier à s'y produire. Lle Palais des Congrès a par la suite notamment accueillie les spectacles musicaux « Starmania » en 1979 et « Notre-dame de Paris » en 1998.
Chaque année s’y rendent 600.000 spectateurs et s’y sont illustrés de prestigieux artistes comme Ray Charles, Nina Simone ou encore Charles Aznavour, qui habitué des music-halls a adopté le Palais des Congrès de la capitale pour sa cette salle, plus cosy.
Cécilia Delporte
Dès 1920, l’Europe et les Etats-Unis connaissent une période faste, celle des années folles. Les populations, alors désireuses de divertissements, assistent à un bouillonnement culturel et à une formidable créativité. Dans les années 1930, le Jazz et le charleston partent des Etats-Unis à la conquête de l’Europe et contribue à la naissance des music-halls à Paris.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale et durant une vingtaine d’années, de grandes vedettes contribuent à la renommée du music-hall en France, parmi lesquels Joséphine Baker et sa ceinture de bananes, le chanteur et acteur Maurice Chevalier, ou plus tard Line Renaud. Une liberté et un renouveau musical incarné par des salles parisiennes, devenues désormais mythiques.
Une salle légendaire
Dans les années 1930, Paris est l’une des villes phares de la musique, notamment grâce à ces lieux emblématiques de la chanson française et internationale.
Dès 1930, l’Alhambra est l’un des plus grands music-halls parisiens.
Ancien Théâtre du château d’eau, le lieu est racheté par l’entrepreneur Thomas Barrasfords, qui le transforme en music hall.
Dans un style très anglais, l’Alhambra devient un lieu atypique, aussi prestigieux que le deviendra l’Olympia ou Les Folies Bergères.
Ravagée par un incendie en 1925, la salle est rasée deux plus tard et reconstruite en 1931. Dirigé alors par Albert Adams, l’Alhambra devient un haut lieu de cinéma et de musique et innove par son architecture luxueuse qui lui vaut le nom de « temple doré ».
C’est Maurice Chevalier, dandy au costume et au célèbre canotier, qui en 1956 en fait une salle incontournable, en plein âge d’or du music hall.
Mais le bâtiment est détruit en 1967, due à des problèmes financiers. Néanmoins, une nouvelle salle à une centaine de mètres du lieu originel est construite. Baptisée l’Alhambra, cette salle de concerts rend hommage par son nom au célèbre théâtre.
Le couple Coquatrix
L’Olympia, c’est la salle au rideau et aux fauteuils rouges. Fermé en 1914, le lieu retrouve dès 1918 une programmation prestigieuse, grâce à l’impulsion du comédien et mime Paul Franck. Sont désormais proposés des talents tels que : la chanteuse Fréhel, et les interprètes Georgius et Félix Mayol.
L’Olympia suit le même parcours que l’Alhambra puisque aussi ancien théâtre, il devient un cinéma en 1929.
En 1952, Bruno Coquatrix, qui rénove à l'époque la Comédie Caumartin, devient directeur de la salle et décide d’y importer des opérettes, des vedettes mais aussi des débutants.
C’est le 5 février 1954, que l'Olympia réouvre ses portes, avec en vedette Lucienne Delyle et « Son amant de Saint-Jean » et, en première partie, un débutant… du nom de Gilbert Bécaud, qui arbore déjà sa cravate à pois blancs. Le chanteur sera suite à ce concert surnommé « Monsieur 100.000 volts », le public électrisé finissant par casser les fauteuils du célèbre music-hall.
Bruno Coquatrix et sa femme, Paulette, possèdent alors un sens stratégique extraordinaire, en engageant le prometteur Georges Brassens dès le second spectacle, et le chanteur Charles Trenet deux mois plus tard. Désormais, on ne vient plus à l’Olympia mais chez le couple Coquatrix.
En cinquante ans, la salle du boulevard des Capucines voit défiler environ trois milliards de spectateurs, soit 600.000 par an, et accompagne toute la scène musicale française et internationale.
Des concerts du clarinettiste prodige Sidney Bechet, aux débuts triomphants de Johnny Hallyday, en passant par les dernières de Jacques Brel et d’Edith Piaf, qui lors de son ultime concert s’écroule sur la scène.
L’Olympia est toujours l’une des salles parisiennes majeures. Malgré des problèmes financiers, et fermée notamment durant six mois, la célèbre salle de spectacle rouvre ses portes le 14 novembre 1997, reconstruite « à l’identique ». En effet car, si Bruno Coquatrix a disparu en 1979, son neveu Jean-Michel Boris poursuit toujours son œuvre.
Des lieux incontournables
Autre lieu légendaire, autrefois guinguette, Bobino.
Ancien café-concert, où se produisent chansonniers débutants dans les années 1880, la salle devient dès le début des années folles, un lieu majeur du music hall. Un endroit où le public peut applaudir les vedettes de l'époque comme Lucienne Boyer avec « Parlez moi d’amour », la chanteuse de minuit Barbara, ou encore découvrir le charismatique Fernandel.
L’établissement de la Gaîté Paris devient une salle de théâtre et de spectacle jouant le rôle de tremplin pour les jeunes artistes.
Un âge d'or pour ce lieu, en partie sous l’impulsion de son directeur, Félix Vitry. Dès lors, les années qui suivent sa disparition, en 1973, sont moins fastes et la programmation plus aléatoire. Pendant les années 1980, seuls Renaud et les humoristes Coluche ou Thierry Le Luron y font un succès. Au point que les portes de Bobino se ferment en 1983.
Le lieu est néanmoins rouvert au public dès 1991, sous le nom de Studio Bobin’o. C’est à présent une salle de concerts mais également de théâtre.
Et enfin, une autre salle emblématique des soirées parisiennes, les Folies Bergères, et cela depuis 1880. C’est ces fameuses revues qui vont faire la réputation mondiale de l’endroit à partir de 1886. En parallèle de nombreux spectacles, les Folies Bergères accueillent de grandes vedettes du music-hall, comme Maurice Chevalier, ou Mistinguett, « la gosse des faubourgs ».
En 1918, l’établissement racheté par le comédien et producteur Paul Derval, acquiert une célébrité internationale. Il impose une nouvelle atmosphère, avec des spectacles réunissant des acrobates, des chanteurs et des danseuses recouvertes de paillettes et de plumes d’autruche.
Quant aux Folies Bergères, elles aspirent toujours à rester le plus célèbre music-hall du monde. Depuis dix ans, des représentations musicales moins passéistes y sont données, dans la lignée des spectacles des années 1960.
Des music-halls aux idoles
L’époque du music-hall connaît ses artistes phares. Se succèdent, dans ces lieux, les grands noms de la chanson française tels que Georges Brassens et sa guitare, l’incontournable Charles Trenet ou « la môme » Edith Piaf.
Cette effervescence musicale marque aussi la naissance de nouveaux genres musicaux, comme le rock n’ roll.
A la manière d’Elvis Presley qui faisait de ses apparitions un véritable show, les scénographies évoluent et les artistes deviennent des idoles.
Le phénomène « des yéyés » arrive en France, avec les tenues garçonnes de Sylvie Vartan, Eddie Mitchell et ses « chaussettes noires », et l’idole des jeunes, Johnny Hallyday.
On peut désormais voir des foules d’adolescents, attendre des heures devant l’Olympia, dans l’espoir d’apercevoir leur chanteur fétiche.
Les artistes internationaux se produisent également en France et les salles parisiennes voient l’âge d’or des Beatles, qui jouent à l’Olympia en 1964, ainsi que les Rolling Stones qui s’y produisent à plusieurs reprises. Mais également le Jazzman Louis Armstrong, la sulfureuse Tina Turner, désormais sans Ike, ou la légendaire Dalida.
Ce renouveau musical s’accompagne d’une créativité télévisuelle et cinématographique. L’émission « Salut les Copains », créée en 1959 par Lucien Morisse et animée par Daniel Filipiacchi et Frank Ténot connaît un immense succès parmi la jeunesse parisienne.
Au cinéma, la nouvelle vague prend également place, incarné par Jean-Luc Godard, François Truffaut ou Louis Malle.
L’héritage du music-hall
L’héritage du music-hall est considérable. Les petites salles sont désormais remplacées par des Bercy ou des Zéniths qui peuvent accueillir jusqu’à 18.000 personnes. Mais l’esprit et l’atmosphère de ces lieux mythiques demeurent.
Car il est vrai que ces salles offraient une réelle intimité, une véritable complicité entre l’artiste et le public. En comparaison des stades et grandes salles construites dans les années 1990, les lieux des années folles et trente glorieuses étaient à taille humaine. De l’Olympia pouvant contenir près de 2.000 spectateurs, aux 1.10 0 places de Bobino, en passant par l’Alhambra et ses 2.500 personnes.
Reste une salle contemporaine, celle du Palais des Congrès de Paris, rappelant cette atmosphère intimiste. Inauguré en 1974, c'est Serge Lama qui est le premier à s'y produire. Lle Palais des Congrès a par la suite notamment accueillie les spectacles musicaux « Starmania » en 1979 et « Notre-dame de Paris » en 1998.
Chaque année s’y rendent 600.000 spectateurs et s’y sont illustrés de prestigieux artistes comme Ray Charles, Nina Simone ou encore Charles Aznavour, qui habitué des music-halls a adopté le Palais des Congrès de la capitale pour sa cette salle, plus cosy.
Cécilia Delporte