Une belle histoire qui remonte au secondaire
Rares sont les groupes dont les membres peuvent se targuer de s’être connus dès la jeune adolescence. U2 a la chance d’être de ceux-là. Sous l’impulsion de Larry Mullen Jr qui joue de la batterie depuis ses 9 ans, cinq élèves de la Mount Temple Comprehensive School de Dublin forment en 1976 The Larry Mullen Band. En plus de Larry Mullen (alors âgé de 14 ans), on y trouve Adam Clayton (bassiste de 16 ans), deux frères de 15 et 19 ans (David Evans qui deviendra ensuite "The Edge", et Dik Evans qui restera moins de deux années dans le groupe), mais aussi Paul Hewson. Âgé de 16 ans, Paul Hewson ne joue pas encore d’instruments de musique, mais il se fait déjà surnommer "Bono", ou plutôt "Bono Vox" du nom de prothèses auditives vendues par un magasin existant toujours sur O'Connell Street. Déjà à cette époque, Paul Hewson n’arrête pas de parler, ce qui amène ce passionné de théâtre à prendre les positions de chanteur et de parolier du groupe, puis de leader. Répétant notamment chez les parents de Larry Mullen et chez Adam Clayton, le groupe se renomme Feed-back et joue pour la première fois devant un public à l’automne 1977 lors d’un concours organisé par l’école. S’ils ne remportent pas le premier prix, les quatre garçons sont déterminés à réussir dans la musique. Après une première télévision effectuée en 1978 sous le nom de The Hype pendant une émission du service public irlandais, Dik Evans quitte la bande, qui décide de se rebaptiser en U2.
Paul McGuinness, une rencontre déterminante
D’abord refusé par Bono, le nom de U2 – qui fait notamment référence à un avion espion américain abattu par l’URSS en pleine guerre froide – est totalement adopté par le groupe lorsque les quatre membres restants rencontrent Paul McGuinness. Technicien de cinéma manageant déjà un groupe de folk-rock, cet Anglo-Irlandais découvre U2 grâce à Bill Graham, journaliste du magazine musical "Hot Press", lors d’un concert donné en mai 1978, et accepte dès lors de devenir son manager. Obligeant Bono, The Edge, Larry Mullen Jr et Adam Clayton à travailler durement pour s’améliorer, Paul McGuinness exige également que les premiers gains du groupe servent à acheter un meilleur matériel. Il aide les quatre copains à trouver un studio pour enregistrer leurs premiers morceaux, tournés plutôt vers le punk, mais aussi à trouver un label, la filiale irlandaise de CBS éditant le premier EP du groupe "Three" en 1979. L’année d’après, Paul McGuinness organise une mini-tournée qui s’achève au National Boxing Stadium de Dublin. Présent sur cette dernière date, Bill Stewart du label Island Records (qui continue aujourd’hui à éditer les disques de U2) fait signer au groupe un contrat international sur quatre ans incluant la prise en charge de quatre albums et de plusieurs tournées. L’association U2-McGuinness durera pendant 35 ans, leur séparation officielle étant annoncée le 13 novembre 2013.
La reconnaissance internationale avec le mythique "War"
Premier album studio du groupe sorti fin 1980, "Boy" est acclamé par la critique, mais n’est pas un grand succès commercial. Celui-ci arrive avec le troisième album du groupe, "War", qui provoque un cataclysme en 1983. Beaucoup plus rock que ses prédécesseurs, cet opus est très engagé politiquement. Les deux chansons les plus emblématiques de l’album sont d’ailleurs les titres les plus vindicatifs, "Sunday Bloody Sunday" qui est un hommage aux 27 Nord-Irlandais tués par l'armée britannique le 30 janvier 1972 à Derry, et "New Year's Day", ballade écrite par Bono pour sa femme et transformée en rock violent inspiré par le combat du mouvement Solidarnosc en Pologne. "War" se vend à plus de 600 000 exemplaires au Royaume-Uni comme en France, et à plus de 4 millions d’exemplaires aux États-Unis. U2 peut alors démarrer une carrière internationale qui n’a jamais pris fin.
Une succession de succès
Adulé à chaque concert grâce à l’incroyable énergie déployée sur scène par Bono depuis les débuts du groupe, U2 enregistre après "War" pas moins de 11 albums studio, dont les énormes succès planétaires "The Joshua Tree" sorti en 1987 ("Where the Streets Have No Name", "I Still Haven't Found What I'm Looking For" et "With or Without You"), "Achtung Baby" sorti en 1991 ("One") ou encore "All That You Can't Leave Behind" sorti en 2000 ("Beautiful Day", "Elevation"). Ayant marqué musicalement chaque décennie depuis les années 1980, U2 aura continué à occuper le top des charts internationaux avec ses quatre derniers albums ("How to Dismantle an Atomic Bomb", "No Line on the Horizon", "Songs of Innocence" et "Songs of Experience"). Premier opus sorti depuis la séparation d'avec Paul McGuinness, "Songs of Innocence" permet à U2 de renouer avec le punk de ses débuts. Quant à l’opus "Songs of Experience", il s'insurge contre le Brexit et l'élection de Donald Trump, événements tous deux survenus en 2016. Entre ces deux albums, U2 a donné 51 concerts pour fêter le 30e anniversaire de la sortie de "The Joshua Tree". Avec 2,7 millions de spectateurs dans les plus grands stades du monde et près de 317 millions de dollars de revenus générés sur cette tournée, U2 a prouvé, s’il le fallait, qu’il restait encore aujourd’hui un groupe de légende. Un groupe qui n’aura d’ailleurs jamais cessé de reverser ses revenus à des œuvres caritatives tout au long de sa carrière.