Une voiture futuriste vole au milieu d’un paysage urbain. Cette authentique scène de science-fiction aurait pu ouvrir n’importe quel film d’anticipation mais il n’en n’est rien. C’est en effet ainsi que débute l’œuvre multi oscarisée de Barry Levinson, "Rain Man", qui, si elle plonge Tom Cruise, alias Charlie Babbitt, dans un monde inconnu n’en n’est pas moins des plus réels.
Ce road movie mettant en scène deux frères qui ne se connaissent pas et dont l’ainé, Raymond, autiste, est atteint du syndrome du savant, a rencontré un formidable succès à sa sortie en 1988, remportant tous les honneurs, parmi lesquels les Oscars du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario et du meilleur acteur pour Dustin Hoffman.
De Bill Sackter à Kim Peek
Il faut dire que la performance de ce dernier est remarquable tant il incarne l’histoire du scénariste Barry Morrow, celle d’une rencontre, entre deux personnages bien sûr, mais également d’un syndrome méconnu et de la manière dont la société l’aborde. Le succès du film mettra ainsi un coup de projecteur considérable sur la situation des personnes autistes.
Mais pour Barry Morrow, "Rain man" est surtout l’occasion de porter à l’écran son expérience personnelle. Un vécu qu’il a déjà mis en scène par deux fois à la télévision, dont "Bill" en 1981. Ce téléfilm conte l’histoire de Bill Sackter, un homme considéré comme déficient mental et placé, à peine adulte, dans une institution spécialisée. Il y restera 44 ans. Quatre décennies durant lesquelles il sera coupé de sa famille, jusqu’à ce qu’il fasse la connaissance et se lie d’amitié avec Barry Morrow qui, devenant son tuteur légal, lui permit de retrouver une existence normale. Bill Sackter deviendra ainsi le propriétaire d’un café prisé, installé sur le campus de l’université de l’Iowa, où Morrow était en poste. Barry Morrow "kidnappera" même Bill afin de lui éviter de retourner en institution, rappelant le scénario de "Rain Man".
C’est sur la base de cette histoire et de la rencontre, un peu plus tard avec une autre personnalité remarquable, Kim Peek, que Barry Morrow construit son personnage de Raymond Babbitt et l’histoire qui l’accompagne. Laurence Kim Peek était un Américain atteint de malformations congénitales au cerveau mais dont les capacités intellectuelles, et notamment de mémorisation, étaient hors-norme. Capable de lire deux pages d’un livre simultanément à une vitesse fulgurante, Kim Peek se souvenait d’environ 12.000 livres. Source d’inspiration pour le personnage de "Rain Man", il a ainsi rencontré Dustin Hoffman lors de la préparation du film.
L’acteur, oscarisé huit ans plus tôt pour "Kramer contre Kramer", a d’ailleurs mené d’importantes recherches et rencontré de nombreuses personnes présentant ce type de symptômes, ainsi que du domaine médical et de la recherche pour incarner au mieux le rôle mémorable de Raymond Babbitt.