A qui dire qu'on est seul : une chanson pour France Gall
J'avais été contacté par Luigi Calabrese (directeur artistique) quand je travaillais sur les chansons de Florent Pagny et de Johnny Hallyday. On m'a demandé de faire des chansons pour France Gall mais elle avait décidé d'arrêter de chanter. Je trouvais ça bizarre, je me disais "Elle a décidé d'arrêter de chanter" Mais on me disait "non non, vas-y. Essaie de faire des chansons".
J'ai composé, ça m'a exité evidemment, Michel Berger est pour moi le plus grand compositeur français. Donc, j'ai travaillé, j'ai écrit beaucoup de chansons avec mon camarade Lionel Florent. Et je suis allé chez France, on a dîné, Raphaël (Le fils de France Gall et Michel Berger) était là et Luigi Calabrese aussi. Au dîner, j'étais sur le piano blanc de Michel, essayant de susciter un peu d'intérêt, c'était assez émouvant, j'ai chanté "sa raison d'être", "chanter" et puis une autre, je ne me rappelle plus laquelle et à la fin. France s'est approchée du piano et elle m'a dit "c'est Michel mais c'est pas Michel" ce qui voulait dire qu'elle avait décidé d'arrêter la musique mais j'avais quand même bien travaillé, donc c'était plutôt un compliment.
L'album ne s'est pas fait mais ces chansons existaient. A l'époque, j'étais très demandé en tant que compositeur et je les ai proposé à plein de personnes. Notamment, c'est "sa raison d'être" qui a sauvé le sidaction. Alors que c'était la première chanson qu'on pensait faire pour France.
En travaillant sur l'applicatin Obispo Access, j'ai cherché dans tout ce j'avais, toutes les chansons que j'avais composé depuis 30 ans. J'en ai pas mal... Il y a à peu près 2000 chansons et il y a des bouts à droite à gauche mais il y avait aussi des chansons que j'avais maquetté. C'est drôle, je suis d'abord tombé sur une chanson proposée pour les 10 commandements et quand je l'ai réécouté, j'ai vu que les premières versions se rapprochaient du travail de Michel Berger.
Comment on compose comme Michel Berger ? Est-ce qu'il y a une particularité ?
Le boulot d'un compositeur c'est pas de se mettre à la place mais de se mettre dans la peau d'un style de phrasé, d'un mouvement, d'une cadence, tout l'album est comme ça... Vous verrez dans l'album qui sortira le 29 octobre, il s'appelle "France"
Je suis un fan de Rock, j'ai commencé comme ça et je suis tombé dans la chanson française depuis 1992 et là je suis tombé amoureux vraiment profondément. Quand je travaille, je vais dans le détail, j'écoute tout de A jusqu'à Z. J'écoute aussi comment c'est fait, comment s'est fabriqué. Dans cet album, on a essayé de reproduire le plus, une possible une forme d'identité musicale.
Peut-être que si j'avais fait des chansons afro au autre chose, peut-être que France aurait aimé les chansons. J'étais tellement proche qu'elle m'a dit "c'est Michel mais c'est pas Michel" mais c'est très existant de composer pour France Gall. J'ai toujours regretté de ne pas avoir proposé les chansons dans leur version originelle. On a les versions comme elles ont été faites au début. On va me dire que ça ressemble à du Berger mais c'est exactement ce que j'avais fait et je me suis amusé à les faire comme ça.
C'est par fidélité à Michel Berger que France Gall vous a dit Non ?
Oui, c'est difficile perdre son homme et sa fille. Cette chanson nous est venue rapidement derrière... Après je commençais dans le métier, j'avais travaillé avec Zazie, la même année, on a écrit "Savoir Aimer", "Allumer le feu", "Chanter"...
Vous auriez pu tout arrêter à ce moment-là
Oui, mais j'ai un seul point commun avec Paul McCartney, j'adore la musique !