Le rock'n'roll, un vent de liberté
Nous sommes aux États-Unis au début des années 1950. La ségrégation raciale bat encore son plein : d'un côté, les Noirs, avec leur musique blues ; de l'autre, les Blancs, avec le folk et la country. Le rock est en train de naître et réunit ces deux mondes en mélangeant les instruments du jazz, la rythmique du blues, le tempo de la country et les ballades langoureuses de la folk. Le chant se fait plus puissant, plus claquant. On s'éloigne peu à peu des lentes mélopées du blues pour accéder à des rythmes plus fougueux et saccadés. Les musiciens et chanteurs de rock de l'époque viennent principalement du sud des États-Unis et sont d'origine sociale modeste. Ils sont blancs et noirs, la musique les regroupant sans barrière raciale. Le rock permet à tout un peuple de se retrouver, au-delà du racisme de l'époque. C'est un chant de liberté à tous les niveaux. On voit des Blancs chanter sur des rythmes noirs, parmi les premiers les grands Bill Haley, Elvis Presley et Jerry Lee Lewis. Dans les années 1960, la France ne reste pas insensible à ce nouveau courant, et les classiques anglo-saxons sont traduits et adaptés pour le public français.
Le psychédélisme, un nuage de légèreté
Le milieu des années 1960 arrive. Le rock évolue en même temps que les mœurs. Les campus se soulèvent, le peuple crie sa révolte contre les guerres et les gouvernements, les féministes se font entendre, la sexualité se débride. C'est le moment où le courant psyché débarque avec quelques groupes mythiques. Le rock psyché est une exploration du rock avec une écriture libre teintée de substances hallucinogènes. On parle alors de contre-culture, en opposition à la culture des bourgeois, la culture acceptable. Le psychédélisme implique d'explorer ses limites par tous les moyens. C'est un mouvement qui rejoint celui des hippies. Parmi les précurseurs, on retrouve les mythiques Beatles qui ont exploré et défriché le monde de la pop-rock. Entre les textes de John Lennon, les mélodies de Paul McCartney et les voyages en Inde de George Harrison, tous les ingrédients du psyché sont au rendez-vous. Mais les deux plus grands groupes psyché de tous les temps restent The Doors et les Pink Floyd. Ces deux groupes sont connus pour leur usage de psychotropes et leurs voyages initiatiques. Ils sont au top du courant à la fin des années 1960. The Doors incarnent particulièrement bien le rock psyché avec des titres tels que "The End", "The Crystal Ship" ou "Break on Through (to the Other Side)" où Jim Morrison se fait shaman et subjugue les foules. Du côté des Pink Floyd, les voyages psychotropes seront fatals pour Syd Barrett, mais le groupe est encore l'une des figures majeures de ce courant. Ils soignent ensemble une esthétique psyché allant des paroles à la musique en passant par les vidéos et les affiches. Rien n'échappe au courant : "The Wall" et les divagations hallucinogènes, les symphonies expérimentales de "Atom Heart Mother", ou l'apogée magistrale de "Dark Side of the Moon".
Hard rock et heavy metal, un rock qui déménage
À la fin des années 1960, le bon vieux temps du rock'n'roll a bien changé. Toutes les expérimentations sont possibles. Les guitares prennent un son plus métallique, les basses claquent les cordes, les batteries sont plus présentes. Et les chanteurs poussent leurs capacités vocales au maximum. Black Sabbath est le premier grand groupe de heavy metal. Il est suivi du grand Motörhead, avec son chanteur bassiste charismatique Lemmy Kilmister. Le hard rock est également un courant du rock plus mordant et parallèle au heavy metal. Il apparaît avec des groupes tels que Led Zeppelin et Deep Purple. Le public est prêt à ces nouveaux sons plus agressifs, et les groupes deviennent mythiques. Led Zeppelin est un vivier d'influences où l'on peut retrouver du blues et de la world music avec un titre comme "Kashmir". "Stairway to Heaven" est emblématique de ce courant, tout comme "Smoke on the Water" de Deep Purple. Dans les années et décennies suivantes, de nombreux groupes de hard rock se feront un nom : Aerosmith, Status Quo, AC/DC ou encore Scorpions. Ces groupes sont également connus pour leurs ballades d'amour qui ont fait danser tant de slows langoureux.
Le glam rock, entre glamour et rock
Les années 1970 profitent du vent de liberté et des expériences des années 1960. Les mœurs ont évolué vers une sexualité plus trouble, plus affichée. Le glam rock, appelé aussi glitter rock, incarne ces hommes et ces femmes qui refusent d'appartenir à une catégorie gentrifiée. Le grand porte-parole de ce mouvement est David Bowie. Dans le glam rock, le look est très important. On repère les artistes glam en un coup d'œil. Chaussures à talons compensés, costumes à paillettes très moulants, maquillages exubérants, postures androgynes : tout est là pour faire le show. Les premiers à se lancer dans ce courant sont les T. Rex et leur chanteur Marc Bolan. Le groupe est à la fois glam et rock, avec un son percutant et des costumes de travestis. Son album "Electric Warrior" est considéré comme l'un des 500 plus grands de tous les temps. Puis vient David Bowie, qui va donner ses lettres de noblesse au glam rock. En 1972, il invente son personnage mythique de Ziggy Stardust sur son album "The Rise and The Fall of Ziggy Stardust and The Spiders From Mars". Il se teint les cheveux en orange et se transforme en un extra-terrestre androgyne qui plaît autant aux femmes qu'aux hommes. C'est l'explosion pour David Bowie, qui devient une icône du rock et de la musique en général, ne redescendant jamais de son trône et s'adaptant aux époques qu'il traversera. Le glam rock ne survit pas aux années 1980, mais il aura marqué son époque et inspiré les futurs punks de la fin des années 1970.
Le punk rock, la révolte
Le glam rock avait déjà apporté un vent de contestation brisant certaines barrières de genre et de style. Les looks se sont petit à petit inspirés du film "Orange mécanique" de Stanley Kubrick avec un clin d'œil aux anciens dandys. La violence du film va également influencer les acteurs du mouvement punk. Celui-ci ne naît pas avec les Sex Pistols en Angleterre, mais avec des groupes américains tels que The New York Dolls qui entonnent des hymnes contestataires en tenues à paillettes et strass, ou les Ramones moins excentriques. À la fin des années 1970, un vent de révolte gronde. Les hippies ne sont plus en berne, et le pouvoir est trop présent pour les punks. L'anarchie n'est plus loin. La rigueur inflexible de Margaret Thatcher en agace plus d'un. Il est temps d'une nouvelle révolution musicale. Les punks fréquentent alors la boutique de Vivienne Westwood et Malcolm McLaren qui était le manager des New York Dolls. Finis les titres symphoniques de vingt minutes, finies les paillettes. Les jeans déchirés, les crêtes et les épingles à nourrice constituent le nouveau look à la mode, et les titres de deux minutes font leur apparition sur les platines. The Clash et les Sex Pistols sont les grands noms du punk rock britannique. En France, de nombreux petits groupes percent, mais Bérurier noir est le plus connu.
Le grunge, un rock underground
Après les envolées du rock psyché, les sons agressifs du heavy metal, les paillettes du glam et la révolte du punk, les années 1980 se déroulent, laissant place à un monde plus pop et électro. Le rock revient sur le devant de la scène avec Nirvana, le groupe grunge le plus emblématique de cette époque à la fin des années 1980. Seattle est la ville où les groupes naissent : Pearl Jam, Soundgarden, Alice in Chains, et bien d'autres. "Lithium", "In Bloom", "Smells Like Teen Spirit" sont des titres connus de tous. Le grunge reflète une génération blasée, sans peu de perspectives. Les drogues dures, la misère, la dépression ponctuent les textes et la musique de ces groupes. Kurt Cobain finira par se suicider, suivant la route de beaucoup de ses prédécesseurs, dont Jim Morrison qui avait prédit la mort du rock en 1969.