Une véritable œuvre d’art en guise de pochette, un titre qui évoque les racines les plus mystiques du blues, "Voodoo Lounge" est l'un des albums les plus cultes des Rolling Stones. Dévoilé en 1994, l’album a su se faire une place dans la discographie des diamants d’Hackney, bien qu’il soit sorti plus de 20 ans après la série dorée de 1967 à 1973 qui a donné naissance à six chefs-d’œuvre.
Ce mois de juillet 2024 marque les 30 ans de cet album spécial. Pour l’occasion, les Stones proposent une réédition sous la forme de deux vinyles jaune et rouge. Une version limitée de l’offre propose également un troisième vinyle blanc comportant quatre titres bonus : "I’m Gonna Drive", "So Young", "Jump On Top Of Me" et "The Storm". Des morceaux sortis sur des CD singles, mais sur aucun album du groupe.
Un retour au source du rock brut
Les musiciens, à l’exception de Bill Wyman qui venait de rendre une démission peu appréciée par Keith Richards, se retrouvent en avril 1993 à la Barbade pour composer les titres de leur prochain opus. Keith Richards sauvera un chaton d’une tempête, ce qui l'inspira pour nommer l’album "Voodoo Lounge".
Fraichement signés chez Virgin pour un montant pharamineux, les Stones décident de faire appel à Don Was afin de produire le disque. Ce dernier se montre parfaitement à la hauteur du travail, notamment dans sa gestion relationnelle avec Mick Jagger et Keith Richards, des esprits réputés sacrément têtus. L’objectif premier de Don est de revenir aux racines du rock brut qui a fait le succès du groupe. Les 15 titres qui composeront la tracklist sont en effet fidèles à l’énergie première des Britanniques.
La déception de Mick Jagger
Mick Jagger, bien que satisfait, s’interroge néanmoins sur la quantité astronomique de morceaux laissée de côté par le producteur. Le leader du groupe reproche à Don Was d’avoir écarté de très bons titres aux influences africaines pour se concentrer uniquement sur le rock brut. Dans une interview donnée à Rolling Stone en 1995, le chanteur dira : "Il y a beaucoup de choses que nous avons écrite pour Voodoo Lounge dont Dan nous a écartés : des chansons groovys, des influences africaines et d’autres choses comme ça. Et il nous a vraiment écarté de tout ça. Et je pense que c’était une erreur". La rockstar avait même déjà eu des mots plus durs en déclarant que Don était "définitivement anti-groove". Un aspect qui l’a "profondément déçu".
Le producteur a tout de même nuancé sa volonté et la manière dont il abordait les choses : "Je ne suis certainement pas anti-groove, juste pour le groove qui n’a pas de substance, dans le contexte de l’album. Ils avaient beaucoup de grooves géniaux. Mais j’étais en mode : 'Ok, qu’est-ce qui vient sur ça ? Ou cela nous mène ?' J’ai juste senti que ce n’était pas ce que les gens attendaient des Stones".
Toujours est-il que l’album s’est placé numéro 1 des charts dans de très nombreux pays, le Royaume-Uni en tête, et qui s’est écoulé à 6 millions d’exemplaire. Si on rajoute à cela le Grammy remporté dans la catégorie "Meilleur Album de Rock" de l'année 1995, on peut facilement conclure que les choix de Don Was étaient pertinents, quoi qu’en pense Mick Jagger.