Auteur et compositeur prolifique pour les autres : Brigitte Bardot France Gall Juliette Gréco Françoise Hardy Jane Birkin Alain Chamfort, Jacques Dutronc ou encore Julien Clerc Serge Gainsbourg compte également des succès innombrables en qualité d'interprète : « Je t'aime moi non plus », « Je suis venu te dire que je m'en vais » ou également « Aux armes et caetera »… Le saviez-vous ?
« Je t'aime moi non plus »
« Je t'aime… moi non plus », qui devient également un film réalisé par Serge Gainsbourg en 1976 et notamment interprété par Jane Birkin, fait l'objet de deux versions.
La première pour une certaine…. Brigitte Bardot.
Nous sommes en 1967, Serge Gainsbourg et l'interprète de « Et dieu créa la femme » ( Roger Vadim – 1956) partagent une idylle aussi fugace qu'intense et ce, alors que Brigitte Bardot est mariée au photographe et playboy allemand, Gunther Sachs.
Erigée en véritable sex symbol, Brigitte Bardot demande à Serge Gainsbourg de lui offrir « la plus belle histoire d'amour qu'il puisse imaginer ».
Le premier (et seul ?) véritable duo érotique de la chanson française naît une nuit de fin 1967. C'est cette même nuit d'insomnie que l'auteur et compositeur crée également « Bonnie and Clyde ».
« Je t'aime moi non plus », une figure de style inspirée par des propos de Dali qui s'exprimant sur Picasso déclare : « Picasso est espagnol, moi aussi. Picasso est un génie, moi aussi. Picasso est communiste, moi non plus », est enregistré le 10 décembre.
Le titre n'est diffusé qu'une unique fois en radio. La cause, Gunther Sachs.
L'industriel allemand, qui dénonce un scandale, menace de représailles judiciaires.
Il n'y a pas de 45T proposé à la vente, du moins jusqu'en 1986, et la rupture entre les deux amants est consommée.
Deux ans plus tard, c'est un autre amour qui naît ; celui noué entre Serge Gainsbourg et Jane Birkin à la faveur de leur rencontre sur le tournage de « Slogan » (Pierre Grimblat - 1968).
Serge Gainsbourg, qui n'entend pas demeurer sur de « fausses notes », veut redonner (une deuxième) vie à « Je t'aime moi non plus ». Il propose à la jeune Anglaise de l'interpréter en duo ; une idée soufflée par Mireille Darc.
Le titre, enregistré entre Londres et Paris, sort en février 1969.
Les râles et les suffocations de « Je t'aime moi non plus », dont une première version va même jusqu'à sortir avec la mention « Interdit aux moins de 21 ans », provoque le scandale, le courroux et l'indignation, en particulier dans les pays où la religion est fortement ancrée.
Ainsi, en Italie, en Espagne ou encore en Suède, la chanson est-elle interdite de diffusion.
Un boycott et une censure qui servent largement le titre. « Je t'aime moi non plus » s'écoule à plus de 750.000 exemplaires.
« Je suis venu te dire que je m'en vais »
En 1973, Serge Gainsbourg est victime d'un premier infarctus qui n'est pas loin de lui être fatal. C'est cet épisode qui lui inspire, depuis son lit d'hôpital, « Je suis venu te dire que je m'en vais ».
La chanson, écrite et composée par Serge Gainsbourg et qui figure sur l'album « Vu de l'extérieur » (novembre 1973) est un également un hommage à Paul Verlaine.
En effet, Serge Gainsbourg emprunte des vers au très mélancolique « Chanson d'automne » (1866), extrait des œuvres de jeunesse de Paul Verlaine, « Poèmes saturniens ».
Un texte également rendu célèbre pour avoir été utilisé pour avertir le réseau de résistance, Ventriloquist, via Radio Londres, du débarquement imminent en Normandie (à compter du 6 juin 1944).
Pour « Je suis venu te dire que je m'en vais », Serge Gainsbourg fait appel à Jane Birkin, pour l'enregistrement des pleurs.
« Aux armes et caetera »
Serge Gainsbourg, auteur et compositeur sans pareil pour donner de la voix aux femmes, est également un provocateur, comme en témoigne précédemment « Je t'aime moi non plus », mais également un homme d'engagement à l'instar de « Aux armes et caetera », qui ne manque pas de choquer.
Mais revenons d'abord à la genèse de ce morceau.
Après une période faste, Serge Gainsbourg entre dans une phase un peu plus complexe.
Nous sommes en 1979, l'artiste parcourt son dictionnaire dans lequel il découvre que dans « La Marseillaise » il est mentionné « Aux armes, et cætera ».
La base de la chanson, au titre éponyme, est trouvée. Il lui associe un rythme reggae.
Le morceau est logiquement enregistré au berceau de la musique reggae, en Jamaïque à Kingston, en une semaine avec notamment les I threes, les choristes de Bob Marley
C'est de cette association que naît le scandale.
L'hymne national signé Rouget de Lisle, un chant patriotique-révolutionnaire est sali, bafoué.
Pour preuve, le brûlot du futur académicien, Michel Droit, dans le « Figaro » daté du 1er juin 1979.
Un papier auquel rétorque Serge Gainsbourg avec la verve que nous lui connaissons : « On n'a pas le con d'être aussi Droit » !
Autre incident, celui qui se produit lors du concert que Serge Gainsbourg donne à Strasbourg le 4 janvier 1980.
Des parachutistes, qui dénoncent cette version de « La Marseillaise », qui dénature selon eux l'originale, viennent perturber la représentation.
C'est un Serge Gainsbourg droit dans ses bottes, seul sur scène, le poing levé, qui entonne a cappella le premier couplet original de « La marseillaise ».
Les « paras » au garde à vous sont salués par un bras d'honneur de Serge Gainsbourg qui explique : « Je suis un insoumis qui a redonné à La Marseillaise son sens initial ».
En décembre 1981, Serge Gainsbourg persiste et signe en achetant une partie du manuscrit de Rouget de Lisle lors d'une vente aux enchères, un peu plus de 20.000€.
Et par la même « Aux armes et caetera », qui a contribué à introduire le reggae dans l'hexagone, est sacré disque de platine et l'album éponyme (mars 1979) est vendu à plus de 300.000 copies.
Caroline Lebenbojm
Le saviez-vous ? - Serge Gainsbourg
Le - modifié le
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